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Gaston Renondeau (Autre)
EAN : 9782070370238
243 pages
Gallimard (21/04/1978)
3.85/5   223 notes
Résumé :
Shinji est un jeune pêcheur travaillant sur le bateau Tabei-Maru, appartenant à Jukichi. Un jour, il voit une jeune fille, nommé Hatsue, et tombe amoureux d'elle. Il apprend quelques temps plus tard que Hatsue est la fille du plus riche habitant de l'île. Un soir de tempête, la mère de Shinji demande à ce dernier d'aller chercher du bois à l'observatoire en haut de la montagne. C'est dans celle-ci qu'il revoit Hatsue. Après avoir reçu son salaire, Shinji rentre chez... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (36) Voir plus Ajouter une critique
3,85

sur 223 notes
Un grand plaisir de lecture avec ce roman de Mishima.

L'histoire est assez simple et classique. L'action se déroule essentiellement dans les superbes paysages côtiers du golfe d'Ise, au Japon bien sûr. Le jeune Shinji est marin-pêcheur comme son père défunt, fauché atrocement en plein travail à la fin de la seconde guerre mondiale. Il vit pauvrement avec sa mère, qui comme toutes les femmes du village plongent pour récolter des coquillages, et son frère cadet Hiroshi, qui partira en voyage scolaire à la découverte de Tokyo.
Un jour il aperçoit en bord de mer une belle jeune fille. Il en tombe immédiatement amoureux. La recroisant par hasard, l'attirance va vite s'avérer réciproque.
Mais la jolie Hatsue est la fille du plus puissant et riche notable du village, Terukichi, qui entend la marier avec un jeune homme un peu plus âgé mais prétentieux, Yasuo, qu'elle n'aime pas.
Quant à Shinji, la discrète et complexée Chiyoko, qui se trouve laide, l'aime en secret.
Les vents semblent décidément contraires, et les obstacles nombreux, face à toutes ces personnes qui ont intérêt à faire avorter cette prometteuse histoire naissante entre ces deux beaux adolescents.

Sans dévoiler la fin, on pourra regretter un petit manque d'originalité, et assurément un assez étonnant angélisme chez Mishima, surtout quand on a lu son autre roman à l'atmosphère marine, "Le marin rejeté par la mer", d'une noirceur glaçante et magistral par la maîtrise et le déroulé de son scénario implacable.

Mais c'est aussi pour cela que "Le tumulte des flots" m'a plu. Tout est comme purifié dans ce roman, comme si le couple amoureux avait le pouvoir de désarmer les ragots et les intentions initialement hostiles de leurs concurrents jaloux. Les coeurs et les âmes sont belles, les vaincus s'inclinent avec honneur, et l'amour embellit encore et donne confiance aux jeunes amants...qui d'ailleurs prennent soin de ne pas consommer.
On dirait que l'auteur a eu la volonté de mettre cette pureté, cette morale, cette justice en avant, et quelque part ça fait du bien de trouver ces belles valeurs au coeur de l'été dans l'ambiance actuelle.

Pour finir, comment ne pas louer Mishima pour la finesse de son écriture, notamment dans sa description des paysages et climats côtiers. Il maîtrise parfaitement cet environnement : le phare est un élément central, un point de ralliement. Le bateau de pêche lui-même est presque un héros. Les rochers, les vagues... Les poissons, les coquillages rapportés par Shinji...Les Dieux protecteurs des tourtereaux sont forcément ceux de la nature ! Mishima excelle aussi dans son évocation toujours précise et instructive de la vie humble de ces insulaires : le soleil, le vent chargé de sel qui cuisent les peaux de ces courageux travailleurs de la mer...

Ces paysages, ces visages, ces lumières, n'ont cessé de traverser mon esprit pendant cette lecture. Un délice.



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Avant d'écrire cette critique, je mes suis penché sur celles des autres membres. Beaucoup ont semble t-il été déçus par la banalité du thème choisi, n'y voyant qu'un énième roman d'apprentissage.

Certes le thème est usé jusqu'à la trame, l'amour entre deux jeunes gens qui triomphera de touts les difficultés, ça n'a rien d'inédit. Mais c'est oublier que c'est Mishima qui écrivit cette oeuvre, et Mishima Yukio n'est jamais banal. Il y donc quelques bonnes raisons de lire ce livre !

On peut le lire car ce livre est intéressant quand il est resitué dans la carrière de Mishima. C'est une oeuvre de jeunesse. On y retrouve clairement l'influence de l'école romantique japonaise par laquelle Mishima a fait ses premières armes. La nature omniprésente, la simplicité d'une intrigue qui privilégie l'exaltation de sentiments nobles, tout cela se rattache au romantisme. Toutefois, Mishima affirme déjà son style si particulier : contrairement à ses premiers écrits ( La forêt toute en fleur ... ), le style s'est simplifié et moins pompeux, acquiert ce raffinement classique et subtil que Mishima affinera par la suite.

L'autre aspect intéressant de ce livre, c'est qu'avec un thème maintes fois rebattu, Mishima est parvenu à m'intéresser quand même à son récit. La lecture en est très facile, et plutôt que de nous emmener dans un récit à rallonge sur les états d'âme de Hatsue et de Shinji, l'auteur eu le talent de créer des scènes fortes qui permettent de donner de l'intensité à la passion des personnages, tout en faisant avancer le récit de manière efficace.
Ce qui est aussi intéressant et fait la force de Mishima, c'est son habileté à créer des personnages à la psychologie fascinante, et à les insérer dans un cadre qui les renforce. Ce qui montre bien que Mishima est un faux romantique, c'est que Mishima fait de son héros Shinji un symbole de pureté : celui-ci, marin aux plaisirs simples, va gagner sans ruses mais par sa probité main d'Hatsue. le cadre de l'action, avec l'île Utajima, est au contraire une métaphore très subtile des passions de ce récit : le tumulte des flots, omniprésents, semble représenter les circonvolutions du coeur de Shinji le marin ( tempête dans les moments cruciaux de la passion). L'ile joue elle un rôle fondamental : son aspect isolé permet le hui clos de la passion, crée une atmosphère intimiste de par sa petitesse qui crée une communauté villageoise en vase clos, et permet de créer une opposition au monde extérieur qu'est le reste du Japon avec ses grandes villes, inconnu des habitants de l'île qui mènent une vie frugale. C'est aussi l'occasion pour Mishima d'affirmer son adhésion aux valeurs de respect et de travail omniprésentes sur lîle que son récit valorise.

Un livre intéressant sous un aspect banal,bien écrit. du plaisir à la lecture.
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Aujourd'hui, direction le Japon, mais dans les années 50…

Dans la petite île d'Utajima, Shinji, fils de pêcheur et orphelin, vit pauvrement avec sa mère et son frère ; il est marin-pêcheur et aide au mieux sa mère qui plonge pour récolter des coquillages. Un jour, il rencontre la belle Hatsue et tombe sous le charme de cette belle jeune fille. Ils finissent par se voir de temps en temps, mais Terukichi, père d'Hatsue, puissant et riche notable du village, compte marier sa fille à Yasuo. de son côté, Chiyoko, jeune fille complexée qui se trouve laide, va surprendre les amoureux et s'arranger pour éventer leur secret.

Et là, je vous entends râler, « ah ! Encore une histoire d'amour à l'eau de rose… pfff ».

Eh bien, non, pas tout à fait. Parce que si ce roman semble simple, ce n'est qu'une apparence. Il raconte de façon tout à fait poétique cette histoire d'amour, décrit les paysages avec un talent remarquable et bien sûr, il y a la morale, qui n'épargne ni Chiyoko ni Yasuo.

Alors, ce brave Shinji réussira-t-il a épouser Hatsue malgré le refus du père et tous les obstacles qu'il va devoir surmonter ? Suspense…

Bref, un beau conte poétique, avec de la romance, de la morale et des paysages comme si nous y étions ! Alors, beau voyage !

À lire en écoutant de la musique japonaise confortablement installé(e) sur un futon, en vous régalant d'une part de Kasutera avec un verre de Saké ou un thé maccha. Bonne lecture !

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Sur une petite île du Japon de 4km de circonférence, où 1400 habitants ne vivent que de la pêche, la moindre histoire d'amour naissante est bien vite ébruitée. Et quand des esprits jaloux répandent des rumeurs sur l'innocence même de la relation entre le jeune pêcheur Shinji et la belle plongeuse Hatsue, les difficultés commencent pour les deux jeunes amants.
Mishima décrit les tourments que vivent deux adolescents dans le Japon des années 1950, dans un roman de 240 pages qui heureusement n'en fait pas plus parce que mises à part les trois scènes intéressantes que j'ai notées (la rencontre un soir de tempête, les plongeuses entre elles et la scène de vérité du typhon) il ne s'y passe pas grand chose.
L'ensemble est convenu, un pauvre et une riche s'aiment, mais il y a trop peu de singularités de la culture japonaise pour accompagner l'ensemble.

Cependant, intrigué par de nombreuses critiques favorables sur l'oeuvre de Mishima, un rattrapage ne saurait tarder.
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La force de ce livre est que tout est un paysage, l'auteur prend son temps de nous l'étendre qu'on s'y plait comme si on se trouvait sous l'ombre d'un arbre, bénéficiant d'un bon coup d'oxygène sous un soleil accablant. L'île est un paysage, les personnages sont des paysages, des métiers sont des paysages, des bateaux sont des paysages et même l'amour est un paysage qu'on explore. C'est vrai que nous avons l'amour comme toile de fond dans Le tumulte des flots mais le grand plaisir on le sent quand on s'intègre comme habitant de cette petite ile de Utajima. J'ai apprécié la finesse de l'écriture, la façon dont l'auteur présente ce bout de terre avec ses habitants, leurs habitudes, leurs coutumes, leur caractère ni moins agressif, ni moins passif. Ils composent leur vie avec la mer, si les hommes sont des pécheurs, des femmes sont des plongeuses. tout le monde connait tout le monde de sorte qu'une information n'a qu'une seconde pour sillonner toute l'Ile.
Un livre vite lu, mais la saveur reste encore là!
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Non seulement c'étaient les seins d'une fille qui n'avait jamais connu d'homme, mais ils étaient comme des fleurs qui vont s'ouvrir et permettaient de deviner combien ils seraient beaux une fois épanouis. Entre deux monticules qui dressaient leurs boutons roses était une vallée qui, toute brunie qu'elle fût par le soleil, n'avait rien perdu de sa délicatesse, de son velouté et dont la peau veinée était fraîche, une vallée sur laquelle flottait le premier printemps. Se développant au même rythme que les membres, les seins n'étaient pas en retard sur le reste du corps. Cependant leur gonflement qui gardait encore la fermeté de l'enfance paraissait prêt à sortir du sommeil, à s'éveiller au moindre contact d'une plume, à la caresse de la brise la plus douce.
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A la faible lueur de l'aube, les pierres tombales apparaissaient comme les voiles blanches de nombreux bateaux à l'ancre dans un port encombré. C'étaient des voiles que le vent ne gonflerait plus, des voiles qui, inutilisées trop longtemps et se penchant lourdement, avaient été transformées en pierre là où elles étaient. Les ancres des bateaux s'étaient plantées si profondément dans la terre sombre qu'elles ne pourraient jamais plus être relevées.
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Le jeune homme avait mené jusque-là une vie paisible malgré sa pauvreté, mais de ce jour il fût torturé par l'anxiété et s'abima dans ses pensées. Il s'inquiétait de savoir s'il n'avait rien en lui qui pût toucher le cœur de Hatsue. Sa santé était telle qu'aucune maladie ne l'avait atteint, sauf la rougeole. Il était capable de faire cinq fois le tour de l'ile d'Utajima à la nage; il était certain que sa force physique lui permettait de ne craindre personne mais il ne pouvait croire qu'aucune de ces qualités fût de nature à émouvoir Hatsue.
P.49
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Shinji avait toujours eu du bon sens. Il jugeait que n'ayant pas dix-huit ans il n'avait pas à penser à une femme. Contrairement aux milieux bourrés de tant d'excitations dans lesquels vit la jeunesse des villes, à Utajima on ne trouvait pas un établissement avec billard mécanique, pas une seule buvette, une seule serveuse. Le seul rêve bien simple du garçon était seulement de posséder un jour un bateau à moteur et de faire du cabotage avec son jeune frère.
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Il avait aperçu une ligne noire en travers du devant de son sweater rouge. Hatsue suivit son regard et vit que le bord du parapet auquel s'était appuyée avait laissé une trace noire sur son sweater. Penchant la tête elle se mit à taper sa poitrine avec le plat de la main.
Deux légères éminences du sweater, que l'on aurait pu croire soutenues par de fermes supports, se mirent à danser légèrement.
Shinji regardait, rempli d'admiration. Les seins de Hatsue, qu'elle avait frappés du plat de la main, ressemblaient à de petits animaux joueurs. Shinji était impressionné par la douce élasticité de leurs mouvements ; la saleté de la ligne noire avait disparu.
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Videos de Yukio Mishima (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yukio Mishima
Yukio Mishima (1925-1970), le labyrinthe des masques (Toute une vie / France Culture). Diffusion sur France Culture le 20 février 2021. Un documentaire d'Alain Lewkowicz, réalisé par Marie-Laure Ciboulet. Prise de son, Philippe Mersher ; mixage, Éric Boisset. Archives INA, Sandra Escamez. Avec la collaboration d'Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France. 25 novembre 1970 : Yukio Mishima, écrivain iconoclaste japonais âgé de 45 ans, met en scène sa propre mort ; alors qu’il s’apprête à quitter le monde, il livre à son éditeur "La mer de la fertilité", véritable testament littéraire et spirituel de cet auteur tourmenté, fasciné par la mort rituelle. Cet homme nostalgique, avec son goût du vertige et de l'absolu, son amour des corps vierges et des âmes chevaleresques, sa quête effrénée des horizons perdus laisse une œuvre considérable qui raconte sans aucun doute la recherche d’une pureté illusoire et la laideur du monde. Lectures de textes (tous écrits par Mishima) : Barbara Carlotti - Textes lus (extraits) : "Patriotisme. Rites d’amour et de mort" (film de et avec Yukio Mishima, 1965. À partir de "Yūkoku", nouvelle parue en 1961) - "Confessions d’un masque" - "Le Lézard noir" - "La Mer de la fertilité". Archives INA : Ivan Morris et Tadao Takemoto - Flash info annonçant la mort de Mishima le 25 novembre 1970. Extraits de films : "Mishima" de Paul Schrader (1985) - "Le Lézard noir" de Kinji Kukasaku (1968) - Extrait du discours de Mishima juste avant son seppuku, le 25 novembre 1970.
Intervenants :
Pierre-François Souyri, professeur honoraire à l’université de Genève spécialiste de l’histoire du Japon Fausto Fasulo, rédacteur en chef des magazines "Mad Movies" et "ATOM" Tadao Takemoto, écrivain, spécialiste et traducteur de Malraux au Japon et vieil ami de Mishima Dominique Palmé, traductrice de Mishima chez Gallimard, spécialiste de littérature japonaise et de littérature comparée Julien Peltier, spécialiste des samouraïs, auteur de plusieurs articles parus sur Internet et dans la presse spécialisée, en particulier les magazines "Guerres & Histoire (Sciences & Vie)" et "Actualité de l'Histoire". Il anime également des conférences consacrées aux grands conflits de l'histoire du Japon Thomas Garcin, Maître de conférences à l’Université Paris 7 - Diderot, spécialiste de Mishima et de littérature japonaise Stéphane du Mesnildot, critique de cinéma, et spécialiste du cinéma japonais
Source : France Culture
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