Lancaster. le lecteur saura tout dès le début du meurtre de Carol par une de ses camarades de classe, Connie, ou plutôt, il croira tout savoir, parce que le roman inlassablement, reviendra sur la meurtrière, sur son complique, sur sa vie d'avant, sur sa vie d'après, sur ce qui l'a amené à commettre ce meurtre barbare.
Oui, mais voilà : j'ai eu l'impression que l'on en revenait sans arrêt aux mêmes faits, que l'on revoyait sans arrêt la scène du meurtre, les déclarations de Connie qui n'exprime aucun regret de ce qu'elle a fait, accablant la victime, responsable selon Connie de ce qui lui est arrivé. L'on reviendra aussi, souvent, sur ce que Connie a subi, avant même sa naissance, sur les nombreuses et insoutenables maltraitances qu'elle a endurées, de la part de sa mère, de la part des compagnons successifs de sa mère. C'est parfois insoutenable, et l'on peut se demander pourquoi personne n'est venue en aide à Connie.
Ce qui se passe dans la communauté Amish voisine, dont est issu Tarabont, le petit ami de Connie, n'est pas tellement plus reluisant. Tout se passe en vase clos. Ils refusent tout contact avec les « anglais », nom qu'ils donnent à tous ceux qui n'appartiennent pas à leur communauté ? Ils ne valent pas mieux, si ce n'est qu'ils le pensent, en sont persuadés, le mal ne veut venir que de l'extérieur. Si un membre de leur communauté finit par être victime de quelque chose, eh bien, c'est peut-être de sa faute – tout simplement. Il n'est pas vraiment de moments, dans ce récit, où je n'ai pas ressenti de la colère, face à l'inaction, à l'aveuglement, à l'hypocrisie qui sont constamment dénoncés.
Il est finalement quelqu'un que l'on voit peu, dont on parle peu, c'est Carol, la victime. Qui était-elle réellement avant de n'être que ce corps tragiquement ensanglanté ? J'ai l'impression que l'on ne le saura pas, même si l'on a bien pris de plein fouet la douleur de ses proches à l'annonce de son décès. de même, Tarabont, qui a été mis au ban de la communauté Amish, paraît presque comme une ombre, une silhouette, un complice presque malgré lui, dépassé par le cours des événements.
Si je retiens véritablement une chose de cette écoute, c'est le remarquable talent de
Stéphanie Cassignard, la lectrice de ce texte, qui parvient parfaitement à incarner chacun des personnages, à rendre vivant, émouvant, percutant ce récit. Sans sa lecture d'une expressivité constante, ce récit ne serait pas le même. Bravo à elle.
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