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Citations sur La saga des émigrants, tome 2 : La traversée (20)

Mais, pour chaque pin abattu et transformé en mât, il en est une centaine qui restent sur place, à jamais condamné à la triste et pénible existence de leur lieu d'origine. Ils y passent cinquante ou soixante ans, puis sont abattus et taillés pour en faire du bois de charpente ou de construction qui prendra place dans une maison, une grange ou une étable. Ils restent dans cet état humiliant pendant un siècle ou plus, se couvrent de mousse ou de moisissure, tachés de brun par le fumier, troués presque de part en part par les punaises. Ils pourrissent lentement mais sûrement, sans pouvoir bouger, dans les parois des étables et des écuries. Et, une fois que ce vieux bâtiment a fini se servir et qu'on l'abat, ils se retrouvent à l'état de bois de chauffage, condamnés à brûler et à mourir sous la marmotte d'un paysan faisant cuire des patates pour ses cochons et à partir en fumée, ou plutôt se décomposer dans la cheminée sous forme de suie.
Tel est le sort des arbres qui restent au pays.
Alors que les autres ont la chance de porter des voiles sur les mers. Ils aident les hommes à aller de continent en continent, dans leur recherche de nouvelles terres et de nouveaux foyers. Leurs graciles sommets portent les ailes des navires, ce sont les talons ailés des bateaux à voiles. Ils risquent certes d'êtres brisées avant terme ou de couler et de périr dans des naufrages, sur leurs vieux jours, mais ils ne sont pas réduits en cendres et en suie, sous une marmotte de patates, comme à terre. Et, lorsque le navire qui les porte sombre corps et biens, ils le suivent au fond de la mer et reposent fièrement au fond de la plus grande et de la plus profonde de toutes les tombes au monde.
Tel est le sort des arbres qui prennent la mer.
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Le crépuscule commençait à tomber sur la mer. Autour d'eux, l'eau virait au noir, les nuages descendaient de plus en plus bas et commençaient à dissimuler voiles et manoeuvres, tandis que la brume gagnait lentement le pont. Le monde rétrécissait, on ne voyait plus aucun bateau à la ronde et le petit voilier était soudain seul et abandonné sur cette mer qui s'obscurcissait de plus en plus et d'où on ne voyait plus la côte.
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En général, ça s'éclaircit dans l'entrepont, au bout de quelques jours en mer.
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...ces yeux étaient la luxure même, ils brillaient de la lueur acqueuse et écoeurante du désir charnel.
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-Tu n'es que poussière et redeviendras poussière. Jésus-Christ te ressuscitera des morts le jour du Jugement dernier!
La vérité était lourde à porter, mais la prière donnait le réconfort.
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La veille de la Saint-Jean de l'an 1850, le brick la Charlotta, port d'attache Karlshamn, vint s'amarrer dans le port de New York, après exactement dix semaines de traversée. Incertains et mal assurés furent les premiers pas des immigrants sur la terre de l'Amérique.
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Les yeux de cet oiseau étaient insondables comme des énigmes. Il ne chantait jamais, n'avait pas de cri. Cet hôte qui s'était manifesté à eux de façon inexplicable, au milieu de l'Océan, était muet. Et bec d'où ne sortait aucun son fut une énigme de plus pour eux. Ils avaient entendu parler d'oiseaux à la langue coupée, ne pouvant chanter ; serait-ce l'un d'eux ?
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Un petit oiseau pénétra dans l'existence des émigrants et transforma leur existence en pensée et en rêve. Il apportait à ces gens de la terre temporairement en mer un message leur parlant du sol, des fleurs, des arbres de la forêt et des blés dans les champs. Ses ailes étaient vertes comme les feuilles de bouleau venant d'éclore, son cou blanc comme la linaigrette des près, les couleurs de ses plumes étaient celles de la terre et de ce qui poussait dessus.
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Une certitude s'enracinait de plus en plus profondément dans leur esprit : Quoi que le nouveau continent puisse leur réserver, quoi qui puisse les attendre dans ce nouveau pays, objet de leur quête -ils ne pouvaient imaginer revenir un jour chez eux. Le voyage qu'ils accomplissaient en ce moment, ils le faisaient une fois pour toutes : jamais ils ne parcourraient dans l'autre sens ce chemin interminable, jamais ils ne se lanceraient à nouveau sur cette mer éternellement recommencée, jamais ils ne traverseraient une seconde fois l'Océan.
Un tel voyage, on ne le faisait qu'une fois.
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Cette fois, c'était l'adieu définitif : cette terre était la dernière qu'ils verraient dans l'Ancien Monde et bien des jours s'écouleraient avant qu'une autre n'apparaisse. Maintenant s'ouvrait devant eux l'espace de la haute mer, il ne restait plus devant eux que l'Océan.
La prochaine fois qu'ils verraient une terre sortir de la mer, ce serait dans le Nouveau Monde.
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