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Citations sur Du plus loin de l'oubli (16)

J’ai senti ses lèvres sur mon cou. Je lui ai caressé les cheveux. Ils n’étaient plus aussi longs qu’autrefois mais rien n’avait vraiment changé. Le temps s’était arrêté. Ou plutôt, il était revenu à l’heure que marquaient les aiguilles de l’horloge du café Dante, le soir où nous nous étions retrouvés là-bas, juste avant la fermeture.
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Nous ne connaissions Londres ni l'un ni l'autre. Au moment où le taxi s'engageait dans le Mall et que s'ouvrait devant moi cette avenue ombragée d'arbres, les vingt premières années de ma vie sont tombées en poussière, comme un poids, comme des menottes, ou un harnais dont je n'avais pas cru qu'un jour je pourrais me débarrasser. Eh bien voilà, il ne restait plus rien de toutes ces années. Et si le bonheur c'était l'ivresse passagère que j'éprouvais ce soir-là, alors, pour la première fois de mon existence, j'étais heureux.
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Il est onze heures du soir, en août, et le train a ralenti en traversant les premières gares de la banlieue. Des quais déserts sous la lumière mauve du néon, là où l'on rêvait de départs pour Majorque et de martingales autour du cinq neutre.
Brunoy. Montgeron. Athis-Mons. Jacqueline est née par ici.
Le bruit cadencé des wagons s'est tu et le train s'est arrêté un instant à Villeneuve-Saint-Georges, avant la gare de triage. Les façades de la rue de Paris, qui borde la voie ferrée, sont obscures et délabrées. Autrefois se succédaient, tout le long, des cafés, des cinémas, des garages dont on distingue encore les enseignes. L'une d'entre elles est allumée comme une veilleuse, pour rien.
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On avait oublié une clé dans la serrure de la petite porte grillagée. Je l'ai ouverte, nous avons pénétré dans le square et j'ai donné un tour de clé, de l'intérieur. Nous étions enfermés ici et personne ne pouvait plus venir. Une fraîcheur nous a saisis, comme si nous nous engagions sur un chemin forestier. Les feuillages des arbres étaient si touffus au-dessus de nous qu'ils laissaient à peine passer les rayons de lune. L'herbe n'avait pas été coupée depuis longtemps. Nous avons découvert un banc de bois autour duquel on avait semé du gravier. Nous nous sommes assis. Mes yeux s'habituaient à la pénombre et je distinguais, au milieu du square, un socle sur lequel se dressait la silhouette d'un animal abandonné là et dont je me demandais si c'était une lionne ou un jaguar, ou tout simplement un chien.
- On est bien ici, m'a dit Jacqueline.
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Moi aussi, j'avais le sentiment de bien la connaître, même si je ne l'avais pas revue depuis quinze ans et si je ne savais rien de sa vie. De toutes les personnes que javais croisées jusqu'à maintenant, c'était elle qui était restée la plus présente dans mon esprit. À mesure que nous marchions, son bras autour du mien, je finissais par me persuader que nous nous étions quittés la veille.
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Elle m'a fait non de la tête et les traits de son visage se sont crispés. Elle allait fondre en larmes. J'ai compris que, si elle voulait que nous partions tous les deux, c'était pour rompre avec une période de sa vie. Et moi aussi, je laissais derrière moi les années grisâtres et incertaines que j'avais vécues jusque là.
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Encore un nom sans visage qui flotte dans ma mémoire, mais dont les syllabes gardent une résonance comme tous les noms que l'on a entendus à vingt ans. (p.130).
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Nous inspirions confiance. Et nous n'en avions aucun mérite, sauf celui que la jeunesse accorde pour très peu de temps à n'importe qui, comme un vague serment qui ne sera jamais tenu. (pp.92-93).
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Paris était désert cette nuit-là comme une ville que je quittais pour toujours. (p.77).
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Peut-être voulait-il trouver un ton de blague et de complicité. Alors il le faisait maladroitement, comme ces gens plus âgés qui sont intimidés par la jeunesse. (p.44).
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