Le narrateur est un jeune homme apathique et dépressif : un peu écrasé par sa famille, un travail inintéressant au possible, sa routine consiste à en faire le moins possible, éviter tout le monde, et se réfugier dans la lecture. Il n'a finalement qu'un seul rêve : produire un jour une oeuvre aussi intéressante que les grands auteurs qu'il admire (Kafka,
Hemingway…). Seulement voilà : sa vie est morne et sans intérêt, et il désespère de pouvoir vivre quelque chose de grand, ou de dramatique, qui pourrait lui donner l'inspiration dont il a tant besoin.
Aussi, quand on lui diagnostique une leucémie, c'est presque la joie qui domine : la maladie lui donne déjà l'occasion de remettre à leur place famille et collègues, obligés de faire profil bas devant un grand malade ; et enfin, enfin ! Il va pouvoir puiser dans ses souffrances pour produire un texte littéraire de qualité.
Ses espoirs (si on ose les qualifier ainsi) sont cependant vite douchés, car la maladie n'a pas l'intention de jouer les faire-valoir artistiques. Plutôt que l'inspiration libératrice, ce qui s'installe, c'est la faiblesse, la dépendance envers les autres, la déshumanisation progressive en ne devenant qu'un corps à soigner dans les yeux d'autrui, qui savent très bien qu'un retour à une vie normale n'est de toute façon plus à l'ordre du jour.
Le livre n'est toutefois pas si sombre. Si la description de l'évolution de la maladie paraît terriblement réaliste, le roman est servi par un humour noir assez fin, et un goût pour l'absurde assez plaisant. Les références à Kafka comme auteur favori du narrateur, le K. dans le titre, prennent tout leur sens quand l'auteur décrit les aberrations bureaucratiques des grandes entreprises ou des services d'oncologie.
J'étais très loin de m'attendre à ce type de roman en m'aventurant dans la littérature saoudienne ! Très moderne, très frais : une vraie belle découverte !