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EAN : 9782253262190
352 pages
Le Livre de Poche (28/06/2023)
3.55/5   42 notes
Résumé :
Dans le village d'Awafi, à Oman, vivent trois soeurs, toutes à marier. Maya, la couturière minutieuse, épouse Abdallah qui s'éprend d'elle au premier regard. La sage Asma se marie à Khaled par sens du devoir. Quant à Khawla, l'insoumise qui lit des romans d'amour, elle décline les demandes de tous ses soupirants, espérant le retour de l'homme auquel elle a été promise depuis son enfance. Mais Nasser est parti faire ses études à l'étranger, et on a de bonnes raisons ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Un livre d'une écrivaine omanaise qui vient de remporter le Man Booker Prize International 2019.
Une histoire sur les femmes, leurs vies, leurs aspirations dans une société gérée par les hommes, la religion et la tradition. Mais l'écrivaine donne aussi la parole aux hommes, qui quand ils n'ont pas de voix, apparaissent comme les méchants, surtout dans ces sociétés patriarcales; or ils n'y sont pas plus heureux que les femmes.
A travers trois générations, et la vie de trois soeurs, l'auteur raconte la vie d'une famille omanaise de notables et cheikhs (personne respectable chez les musulmans), sur fond de l'histoire du pays au siècle dernier et plus particulièrement des années 80 à nos jours. Des restes de l'esclavage ( trafic d'esclaves et d'armes en provenance du Zanzibar était dans le temps leur source de revenues traditionnelles ) à une société un peu plus civilisée, plus humaine.

La femme et la fille soumises, au père, au mari, à la mère,
Le fils soumis au père,
L'homosexualité masculine , partie intégrante de ces sociétés religieuses, où la femme étant taboue, l'homme est plus accessible à l'abus,
L'initiation sexuelle des garçons des familles riches, par le biais de leurs esclaves ou servantes ou selon leurs âges de leurs enfants ( vulgairement appelées “Bas ish-Shaab”, Bus public) , avec comme résultat des bâtards,
Le sentiment de culpabilité imposé à tout sentiment de plaisir.....
Autant de sujets déplaisants qui sillonnent ce récit. Mais le plus déplaisant étant la religion qui gère la vie quotidienne. Une religion dont l'interprétation est laissée aux bons soins d'une poignet de bonhommes plus ignares les uns que les autres, dénués de tout bon sens et conscience ( Les Omanais sont des musulmans Ibadi, une branche relativement tolérante de l'Islam).


Écrit en arabe, la traduction anglaise je suppose n'est pas des plus faciles . Donc difficile de juger la prose assez simple dans la traduction. Quand à la forme, un récit non linéaire, chaque chapitre, un personnage, ses ressentis et son histoire , où le mélange du passé et du présent d'une phrase à l'autre est déroutant. De même, différentes informations concernant le pays jetées pêle-mêle, pour qui ne connaîtrait pas ces contrées. L'arbre généalogique du début du livre aussi n'est pas des plus explicites.
Pourtant j'ai apprécié ce roman pour son côté introspectif qui se passe dans un pays peu ou pas connu dans la Littérature. J'avais acheté le livre bien avant son prix, parce qu'écrit par une omanaise qui vit dans son pays même. Un pays que je connais relativement bien, et qu'à mon avis le plus intéressant de la péninsule arabe, dû à son histoire particulière ancienne et riche, et surtout à son monarque Sultan Qaboos, un homme éclairé, cultivé, idéaliste au pouvoir depuis 1970, l'année où l'esclavage a été totalement aboli à Oman. Un homme qui a beaucoup oeuvré pour son pays et grâce à son intelligence l'a maintenu loin des grands conflits politiques et économiques qui secouent la péninsule arabe depuis quelques décennies, dont précisément le Yémen, son voisin, l'enjeu des grandes puissances.
Ce livre n'a pas été encore traduit en français, mais le sera sûrement prochainement vu le prestigieux prix littéraire qu'il vient de gagner. Je ne peux que conseiller vivement sa lecture aux curieuses et curieux d'autres cultures, d'autres pays.
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Il était une fois une famille de classe relativement aisée, à Oman, sur trois générations.
Voilà l'histoire. Point d'intrigue, d'épopée, de héros. Mais bien plus que cela : la vie.
Dans ce roman qui met la lumière sur plusieurs personnages à différentes périodes, Jokha Alharti nous offre un condensé de la vie omanaise traditionnelle, elle nous présente les rites et croyances, les légendes, la poésie, la littérature, le commerce, le mariage, la naissance, la mort, elle nous raconte l'évolution des moeurs, l'abolition de l'esclavage, le passage au monde contemporain, l'émancipation des femmes.
Un livre choral étonnant, atypique, a priori déroutant par sa temporalité décousue qui part dans tous les sens, mais dont le tableau est subtilement construit. Un organigramme / arbre généalogique, indispensable, permet de ne pas perdre le fils parmi tous les personnages.
J'ai eu l'impression d'être dans une arabesque : quel que soit le point par lequel on l'aborde, on tourne, dans un sens ou un autre, on se promène, on divague, et on revient au point central ou juste à côté, et on repart aussitôt dans une autre direction, et ainsi de suite, avec rapidement une impression de familiarité, puisque certains éléments sont revus, rappelés. Et cette multitude de traits compose un motif riche et cohérent. Et c'était très agréable, en plus d'être instructif et dépaysant.
Il vaut quand même mieux lire ce roman relativement rapidement, sous peine de risquer de perdre le fil et la magie, ce qui serait dommage.
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Dans le village d'Awafi, à Oman, une famille traverse amours et deuils au fil des générations. « Et ma tristesse à moi, qui s'en attristera ? » (p. 9) Maya, Abdallah, Salima, Zarifa, Asma, Khaled, Azzane, Najeya, Khawla, Hanane, Senjar, Chenna et tous les autres, voisins, serviteurs et amis se rencontrent, se mélangent, se trahissent. Les secrets de famille ne restent jamais enfouis pour toujours, même sous la poussière infinie du désert. Et entre ce que les parents veulent pour leurs enfants, sans demander l'avis de ces derniers, et ce que se permet la jeunesse, il y a un fossé. « Les jeunes de maintenant, plus rien ne leur plaît. » (p. 156) Tradition et modernité se côtoient sans se confronter vraiment, mais sans se comprendre.

Avec sa chronologie non linéaire qui ménage avec habileté les révélations et ses chapitres répartis entre plusieurs voix, le roman de Jokha Alharti est admirablement construit. Les prétéritions montrent combien le futur tout entier est contenu dans chaque instant, dans chaque commencement. Pour autant, les souvenirs hantent le présent. Cependant, je ne sais pas si cela tient à la traduction, mais j'ai trouvé le assez plat, voire pauvre par endroit. Cela me déçoit d'autant plus que ce roman est le premier lauréat du Man Booker International Prize traduit de l'arabe. Ce prix fait partie des plus prestigieux de la place littéraire mondiale et j'aurais aimé comprendre pourquoi il a couronné ce livre. Ce dernier est loin d'être mauvais, mais je n'y trouve pas la matière qui mériterait d'être récompensée. Cela dit, les goûts et les couleurs...
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C'est une lecture mitigée pour moi. On y trouve à la fois une plongée très intéressante dans le quotidien, l'histoire, les constructions psychiques d'un autre peuple -le peuple omanais-, très éloignées du nôtre. Clairement, je n'ai pas toujours compris les tenants et aboutissants des situations et c'est un vrai plus du roman de nous plonger dans des situations exotiques avec des manières de pensée exotique.

Mais la construction est très compliquée, avec beaucoup de personnages, une temporalité qui change d'un chapitre à l'autre, d'un paragraphe à l'autre (l'histoire couvre quand même presque 80 ans), en particulier lors des monologues d'Abdallah qui sont de vrais vagabondages auxquels on a du mal à se raccrocher (même à la fin, le dernier chapitre étant particulièrement abscons). Et la magie n'a pas complètement opéré sur moi. Un peu bien sûr, en particulier j'ai fini par comprendre et apprécier l'histoire familiale qui se dévoile petit à petit mais pas suffisamment pour pleinement entrer dans la narration. L'écriture est de plus parfois un peu confuse (je ne sais pas si c'est l'écriture ou la traduction). Régulièrement, le sens m'a échappé malgré des relectures. Je n'ai pas du coup pu m'attacher autant que j'aurais aimé aux protagonistes.

J'ai beaucoup aimé par contre découvrir la société omanaise par petite touche, chaque personnage nous ouvrant une petite fenêtre sur l'âme de ce peuple : Azzane et Asma sur leurs poètes, Abdallah sur les difficultés d'être un homme, Zarifa sur la condition d'esclave… et tous, tous nous parlent de solitude, de souffrance et de détresse . J'ai été particulièrement marqué par le fait que toutes les anecdotes racontées soient toutes dures, empreintes de souffrances presque mélodramatiques.

Comme l'histoire se déroule sur plusieurs générations, on voit plusieurs disparitions ou on n'a pas le fin mot de l'histoire: disparition de la Lune, de la mère d'Abdallah, des parents de Salima. Trop de fils dénoués et pas suffisamment renoués à mon goût. Un petit goût d'inachevé.
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Pourquoi entremêlés les histoires de tous ces personnages, chapitre après chapitre, avec une telle complexité ? Ce fut ma question tout au long de ce roman, espérant comprendre la raison à la fin. Elle m'a pourtant échappé !
"Les corps célestes" retrace des pensées, des moments de vie de très nombreux personnages omanais sur plusieurs générations. Ainsi le quotidien, les règles de vie, les obligations des femmes, des hommes, des aînés, des jeunes sont ici bien décrits ainsi que le poids et la pression de la famille sur les comportements et choix individuels de chacun. Les changements qui s'opèrent dans cette société traditionnelle en mouvement sont intéressants à lire et découvrir, avec les ambiguïtés et difficultés que ces changements peuvent générer.
Ce roman aurait pu être un excellent souvenir, mais j'en garderai un souvenir sans doute mitigé par cet entremêlement que je n'ai pas compris complètement.
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critiques presse (1)
LeMonde
03 mai 2021
Narré en pur arabe classique avec des dialogues en vernaculaire omanais, ce premier roman a reçu le Man Booker International Prize 2019.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
" Certains penseurs ayant fait voeu de philosophie ont affirmé que Dieu, que sa gloire soit proclamée, a créé chaque âme en forme sphérique, puis l'a divisée en deux moitiés auxquelles il a donné consistance corporelle. Chaque moitié s'est trouvée animée d'une passion pour l'autre moitié qui lui avait été arrachée, se languissant de l'époque ou elles n'avaient fait qu'un. Toutefois, la manière dont les gens vivent cette passion varie en fonction du raffinement de leur caractère."
p.56
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I love the capital*! said Salim. True, it isn’t Dubai, but we can find everything we want here. I didn’t ask him what exactly it was that he wanted.
J’adore la capitale ! dit Salim. Bien sûr ce n’est pas Dubai, mais on peut trouver tout ce qu’on veut. Je ne lui ai pas demandé ce qu’était exactement son « tout ce qu’on veut » .
*La capitale est celle d’Oman, Muscat.
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Azzane prit entre ses mains le visage de Najeya et lui répéta les vers de Majnoun, le “Fou de Layla”

Ta splendeur remplace la lune quand elle s’efface
Et si le soleil tarde ton éclat le remplace

Tu as du soleil flamboyant l’éclat d’orfèvre
Quand lui n’a ni ton sourire ni tes lèvres

Tu as de la lune la lueur sans à-coups
Quand elle n’a ni ta gorge ni ton cou

Le soleil n’a point de fard pour accentuer
La majesté de tes yeux qui m’ont tué

Et il n’aura jamais de Layla le charme éthéré
D’une gazelle des sables s’éloignant apeurée

Une “gazelle des sables” ? s’étonna Najeya en éclatant de rire
C’est la plus belle des espèces de gazelles, répondit Azzane en lui caressant le visage, et le Fou de Layla te certifie, ma chère, que ta beauté est un don du Créateur, et que ton éclat est supérieur à celui du soleil et de la lune, et que tes yeux sont plus splendides que ceux de la gazelle.
Sa beauté lui faisait mal. Face à l’intensité de son éclat, il sentit une douleur irradier dans ses poumons. Tout ce qu’il pouvait fair, c’était lui réciter des poèmes.
Avant qu’elle fasse sa connaissance, tous ces poètes - Mutanabi, Ibn Al-Roumi, Al-Bahtari, le Fou de Layla… - n’étaient pour elle que de simples noms, des spectres pâles dans les livres, des fantômes sans chair appartenant au monde détestable de l’école et des manuels fastidieux qu’on leur faisait apprendre par coeur. Mais Azzane donna vie à ces fantômes inertes et Najeya commença à percevoir l’angoisse de Mutanabbi, à ressentir ses ambitions et ses désespoirs comme s’il s’agissait de ses ambitions et de ses désespoirs à elle. Elle s’imagina Al-Bahtari assis à la droite d’Al-Mutawakkel, observant avec lui le lac auquel ce dernier avait donné son nom et l’immortalisant dans son poème. Elle avait été fortement marquée par l’image d’Imru al-Qais pourchassé par la nuit qui déployait progressivement son voile au-dessus de lui, à l’instar d’une vague rampant au-dessus de la mer.
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Elle s'apercevrait que le sommeil était un miracle encore plus puissant que le silence, puisque dans le sommeil on n'entend même pas la parole des autres. Elle ne dirait plus rien, et plus rien ne lui serait dit, et cette quiétude-là pénètrerait son sommeil lui-même, qui bientôt cesserait d'être peuplé de rêves...
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- Pourquoi les gens racontent-ils que ma grand-mère est morte ensorcelée ? M'a demandé Londres?
- Parce que c'était l'explication qu'ils donnaient systématiquement face à un décès soudain ou une maladie mystérieuse.
p 205
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