Julie.
Notre comtesse d'Escarbagnas, avec son perpétuel entêtement de qualité,
est un aussi bon personnage qu'on en puisse mettre sur le théâtre. Le petit voyage qu'elle a fait à Paris l'a ramenée dans Angoulême plus achevée qu'elle n'était. L'approche de l'air de la Cour a donné à son ridicule de nouveaux agréments, et sa sottise tous les jours ne fait que croître et embellir.
Scène 1.
Julie
Il ne faut point, Madame, que vous soyez surprise de son procédé. L’amour que vous lui donnez éclate dans toutes ses actions, et l’empêche d’avoir des yeux que pour vous.
La Comtesse
Je crois être en état de pouvoir faire naître une passion assez forte, et je me trouve pour cela assez de beauté, de jeunesse, et de qualité, Dieu merci ; mais cela n’empêche pas qu’avec ce que j’inspire, on ne puisse garder de l’honnêteté et de la complaisance pour les autres.
ANDRÉE.— Est-ce, Madame, qu'à la cour une armoire s'appelle une garde-robe?
LA COMTESSE.— Oui, butorde, on appelle ainsi le lieu où l'on met les habits.
ANDRÉE.— Je m'en ressouviendrai, Madame, aussi bien que de votre grenier, qu'il faut appeler garde-meuble
LA COMTESSE.— Quelle peine il faut prendre pour instruire ces animaux-là!