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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La fille du cannibale commence comme un roman farfelu habité par des personnages atypiques réunis par des circonstances pour le moins étonnantes : le mari de Lucia semble s'être bel et bien volatilisé dans les toilettes de l'aéroport, lieu romanesque au possible... le vieux Félix, anarchiste et torero à ses heures va alors se joindre à Lucia pour mener l'enquête. Et si ladite enquête piétine, Félix va en profiter pour raconter sa vie et éclairer de sa sagesse d'octogénaire la vie de ses nouveaux compagnons. A l'inverse, le jeune Adrian incarne l'insouciance de la jeunesse qui file là où le vent le porte, et, pourquoi pas, dans les bras de Lucia.



Mais derrière cette insouciance apparente, se cachent des blessures inhérentes à la vie, des interrogations qui ne peuvent trouver de réponses car elles appartiennent aux mystères de la vie et de l'identité des êtres. Lucia est une femme lucide qui essaie de se construire en racontant, en se créant par le récit un être particulier :



"Mais moi, je suis persuadée que l'art primordial est celui du récit, parce que pour pouvoir exister, nous les humains, nous devons d'abord raconter." (p. 19)



Alors oui, quelquefois, elle ment, elle cache la vérité pour agrémenter sa vie d'un brin de folie, ou, paradoxalement d'un souffle de souffrance. Elle nous raconte le couple et son usure :



"Si je sortais avec Adrian, si je partageais ma vie avec lui, il arriverait probablement un moment o^j ele haïrais parce qu'il parle la bouche pleine, comme il était en train de le faire à ce moment-là, projetant des miettes de pain et des postillons partout. Mais, ce jour-là, même de telles cochonneries m'attendrissaient. Il n'est au monde pire arbitraire, injustice plus atroce que ceux du sentiment." (p. 177)



Le monde qu'elle cotoie lui apprend le mensonge, la trahison, la faiblesse de l'être humain sans arrêt tenté par le Mal,



"Ce que vous disiez tout à l'heure, a ajouté Félix. A quoi pouvait servir de se comporter dignement. Eh bien, à nous donner la mesure de ce que nous sommes. Nous, les humains, voyez-vous, sommes incapables d'imaginer ce qui n'existe pas ; si nous pouvons parler de choses telles que la consolation, la solidarité, l'amour et la beauté, c'est parce qu'en fait, ces choses existent et font partie des êtres, de même que la férocité et l'égoïsme." (p. 380)



Lucia va apprendre la sagesse, elle va comprendre que même la souffrance est nécessaire à la vie, car elle nous aide à rester vivant, l'absence de douleur nous tuerait en effet plus sûrement et rapidement que les symptômes salvateurs.



"Laisse-moi te parler des pingouins, ces oiseaux patauds qui habitent par millions la déserte Antarctique. Quand les petits des pingouins sortent de leurs oeufs, leurs paretns doivent les laisser seuls pour aller chercher de la nourriture en mer. Ce qui pose un grave problème, parce que les petits pingouins sont recouverts d'un duvet si léger qu'il ne suffirait pas à les maintenir en vie dans les températures extrêmement froides du pôle Sud. Alors les petits pingouins restent regroupés sur leurs îlots de glace, des milliers de pingouins qui viennent de naître serrés les uns contre les autres pour se tenir chaud. Mais pour que ceux qui se trouvent à l'extérieur du groupe ne gèlent pas, les petis pingouins tournent sans arrêt si bien qu'aucun n'est exposé aux intempéries plus de quelques secondes. (...) C'est une générosité dictée par la mémoire génétique, par la sagesse brute des cellules. Ce que je veux te dire à travers cet exemple, Lucia, c'est que ce que nous appelons le Bien est déjà présent au coeur même des choses, chez les animaux irrationnels, dans la matière aveugle. le monde n'est pas simplement fureur, violence et chaos, mais il est aussi ces pingouins ordonnés et fraternels." (p. 422)




"La vie est beaucoup plus grande que nos peurs. Et nous sommes même capables de supporter beaucoup plus que nous le souhaiterions. Alors, reste calme." (p.423)



Un très beau roman à savourer...
Lien : http://lecturissime.over-blo..
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Lucia Romero, auteur de livres pour enfants, s'apprête à décoller pour Vienne afin d'y passer les fêtes de fin d'année. Mais ce voyage n'aura pas lieu car alors que l'embarquement commence, son mari disparaît d'une manière mystérieuse. Il va aux toilettes et s'évapore. Littéralement car Lucia n'a pas quitté la porte des yeux. Elle est sûre qu'il n'est pas ressorti ! Commence alors une période étrange, où Lucia plonge dans la solitude et l'incompréhension. Elle ne comprend pas, la police ne l'écoute pas et lui prétend que son mari reviendra après quelques frasques de la quarantaine. C'est alors que son vieux voisin, Félix, s'immisce peu à peu dans sa vie et s'impose tout naturellement, devenant même indispensable. Jusqu'à ce qu'une demande de rançon arrive. Et qu'Adrian, un jeune homme qui habite en haut de l'immeuble, vienne compléter le trio.

Encore un roman que j'avais acheté sur un coup de tête, car la couverture me plaisait et que le résumé me tentait. J'avais ensuite lu de nombreux avis enthousiastes sur les romans de la dame. Mais je ne me suis décidée à sortir ce livre de ma pile vertigineuse qu'en voyant que Rosa Montero était à la Foire du Livre. Et je dois dire que les copines blogueuses avaient raison : c'est du bonheur !

Dans une veine typiquement espagnole, Rosa Montero mêle habilement le picaresque et le burlesque avec de l'humour, du policier et un soupçon de tragique. Sans oublier qu'elle a une grande culture historique dont elle parsème son récit en nous dévoilant des pans de l'histoire espagnole, via le passé de Félix qui a été anarchiste, torero avant de se transformer en brave citoyen après son mariage. La disparition de Ramon sert aussi de prétexte à dénoncer le système et les corruptions qui peuvent exister dans les plus hautes sphères de l'État. Et tout cela se fait sur un fond d'aventures folles, parfois très drôles, parfois plus épiques qui plongent notre trio improbable dans une succession de scènes extraordinaires. Sans oublier la chienne phoque dont le rôle n'est pas négligeable.

En plus des personnages hauts en couleur et d'un scénario truculent, la plume de la romancière madrilène se lit avec un réel plaisir tant elle rivalise d'inventivité et d'humour. Elle n'hésite d'ailleurs pas à se mettre elle-même en scène, Lucia Romero évoquant souvent un écrivain nommé Rosa Montero mais qui n'a rien à voir avec la vraie.
Lien : http://www.chaplum.com/la-fi..
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Un régal de fantaisie et de réflexion d'une narratrice non fiable qui embarque le lecteur dans des aventures rocambolesques, avec des incursions dans le passé non moins extravagantes.
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La fille du cannibale, on a l'impression de très bien la connaître, moi je la garde pour toujours
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