La folle du logis

j'ai découvert que mes textes étaient remplis de nains (...)Surprise de ne pas avoir noté plus tôt cette présence assidue des petits, je me suis mise à réfléchir au pourquoi de cette manie. Ma raison diligente m'a alors proposé plusieurs explications raisonnables comme, par exemple, le fait que le nain est un être crépusculaire à la frontière entre l'enfance et l'âge adulte (p. 61)

La fiction est à la fois une mascarade et un chemin de libération. D'une part, elle masque notre moi le plus intime sous prétexte d'histoires imaginaires, c'est-à-dire qu'elle déguise notre vérité la plus profonde sous les oripeaux multicolores du mensonge romanesque. (...)
Pères, mères, maris, femmes, enfants imposent souvent sans le vouloir une angoisse, une censure à nos rêves. Certains auteurs ne trouvent leur voix véritable qu'après la mort d'un père omniprésent et trop sévère. Le bruit de notre vie est toujours gênant, c'est pourquoi il nous faut prendre de la distance. (p. 202)

J'avais dit ceci : quand une femme écrit un roman dont le personnage principal est une femme, tout le monde considère qu'elle parle des femmes mais quand un homme écrit un roman dont le héros est un homme, tout le monde considère qu'il parle du genre humain. (...)
Un roman contient tout ce qu'est un écrivain : ses rêves, ses lectures, son âge, sa langue, son aspect physique, ses maladies, ses parents, sa catégorie sociale, son travail... et aussi son sexe. Ce dernier n'est donc qu'un ingrédient parmi beaucoup d'autres. Dans le monde occidental actuel, par exemple, la différence de regard d'un homme ou d'une femme est moins importante que celle qui sépare les écrivains issus de milieu rural de ceux venant d'un milieu urbain. Par conséquent, pourquoi parle-t-on de littérature féminine et non de littérature écrite par des auteurs nés à la campagne ou encore handicapés physiques, par exemple ? Ces derniers ont certainement une perception radicalement différente de la réalité . J'ai sans doute plus de points communs avec un écrivain espagnol mâle de mon âge né dans une grande ville qu'avec une romancière sud-africaine noire de quatre-vingt ans ayant vécu l'apartheid: les choses qui nous séparent sont beaucoup plus nombreuses que celles qui nous unissent. (p. 131-132)

Les humains sont non seulement plus petits que leurs rêves mais aussi que leurs hallucinations. L'imagination débridée est une sorte d'éclair au milieu de la nuit: elle brûle mais illumine le monde. tant que dure cette étincelle éblouissante, nous essayons d'entrevoir la totalité, ce que certains appellent Dieu et qui, pour moi, est une baleine constellée de crustacés. (...)
Dans la courte nuit de la vie humaine, la folle du logis allume des chandelles. (p. 150-151)

Nous voici donc revenus à l'imagination. A cette folle, à la fois fascinante et furieuse, qui vit dans le grenier. Etre romancier, c'est cohabiter harmonieusement avec la cinglée du dernier étage. C'est ne pas craindre de visiter tous les mondes possibles et parfois même impossibles. (p. 28)

Y es que nuestros prejuicios nos encierran, nos achican la cabeza, nos idiotizan. Y cuando estos prejuicios coinciden como suele suceder con la convención mayoritarìa nos convierten en complices del abuso y de la injusticia.

No podría hablar de la literatura sin hablar de la vida, de la imaginación sin hablar de los sueños cotidianos, de la invención narrativa sin tener en cuenta que la primera mentira es lo real.

Les humains sont non seulement plus petits que leurs rêves mais aussi que leurs hallucinations. L'imagination débridée est une sorte d'éclair au milieu de la nuit: elle brûle mais illumine le monde. tant que dure cette étincelle éblouissante, nous essayons d'entrevoir la totalité, ce que certains appellent Dieu et qui, pour moi, est une baleine constellée de crustacés. (...)
Dans la courte nuit de la vie humaine, la folle du logis allume des chandelles. (p. 150-151)

Et j'ai pensé: si tu savais combien de vies il peut y avoir en une seule vie.

L'imagination est la folle du logis. (Ste. Thèrese d'Avila