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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'aime beaucoup l'oeuvre d'Alan Moore, notamment la bande-dessinée Watchmen qui est un véritable chef-d'oeuvre. Quand ActuSF m'a proposé de recevoir une édition classieuse d'un ensemble de nouvelles qu'il avait publié intitulé La voix du feu, je me suis dit que j'allais tenter l'aventure. Et je suis ravie, cette nouvelle édition est franchement sublime.

Alan Moore nous propose un voyage à travers le temps en gardant comme unique point de repère la ville de Northampton, où il est né, a grandi et vit toujours. Nous faisons des bons de plusieurs centaines, voire milliers d'années, à travers les yeux d'un ensemble de personnages variés : homme attardé du néolithique (le recueil s'ouvre en effet sur une nouvelle assez opaque, un pari très osé pour décontenancer le lecteur), nonne sujette à des visions, représentant du commerce, juge libidineux… Les nouvelles sont également de longueur et de thèmes variés, tant et si bien qu'il peut sembler dans un premier temps que la cohérence soit difficile à discerner.

Mais c'est mal connaître l'auteur ! Très vite, des thèmes communs apparaissent. le premier est évidemment dans le titre, avec la présence du feu, pouvoir destructeur ou créateur qui joue un rôle dans chaque nouvelle quasiment. La présence de la magie et du fantastique, fortement emprunte de religion comme de croyances païennes. Il y a aussi bien sûr une quête de richesse, et de son pendant obscur la pauvreté. La présence du sexe, pis, de la luxure qui suinte à travers les textes et les désirs des personnages. Et la mort bien sûr, car elle hante chaque page avec une sale odeur de charogne. Enfin, il y a de multiples références aux jambes/pieds, à leur absence ou ou au fait que certains personnages soient blessés au pied et boiteux. Ici, l'auteur semble nous présenter les marqueurs de Northampton, tiraillée entre ombre et lumière.

La plume d'Alan Moore est particulièrement efficace. A la fois poétique et cruelle, elle nous emmène dans cet univers si semblable au nôtre. Il réussit une vraie prouesse en offrant une personnalité propre à chaque narrateur, car chaque nouvelle a sa propre voix. C'est particulièrement perceptible dans la première nouvelle, qui suit les pérégrinations d'un homme du néolithique souffrant d'un retard mental. La narration est très étrange, presque illisible, et doit être décryptée. Mais il s'y cache des éléments fondateurs du reste des nouvelles, comme le feu, l'omniprésence de la mort et de la souffrance, ainsi que les éléments fantastiques et ésotériques. L'écriture utilisera tous les sens pour plonger dans ces histoires brutales, intenses et hallucinées.

L'écriture permet de mettre en avant des thèmes chers à l'auteur et qui mettent souvent le lecteur mal à l'aise. C'est très perceptible via la présence importante du corps et tout ce qu'il implique de direct et peu ragoûtant. Alan Moore ne nous épargne pas les détails de la maladie ou de la mort, entre les choses noircies pas le feu, le corps transformé par la maladie ou la vieillesse… Cette forme de body horror marque une désacralisation de l'humain et montre l'aspect profondément impie et bestial qui hante les villes faussement civilisées. Il y a bien sûr l'aspect charnel, mais plus dans cet appétit bestial et avide que dans une forme d'harmonie ou d'appréciation mutuelle.

Quel étrange récit ! Alan Moore n'est pas qu'un excellent auteur de bande-dessinées, c'est aussi un très bon écrivain. La qualité de la plume en elle-même est puissante. L'écrivain nous plonge dans un univers tout en textures et odeurs, repoussantes la plupart du temps. Car il choisit de nous raconter Northampton à travers sa part obscure et sale, entre sorcellerie, stupre et violence. Si chaque nouvelle a sa propre voix, il dissémine des thématiques communes qui montrent une grande subtilité, que ce soit à travers le feu, la présence de corps morbides, la question de la folie… L'auteur crée ainsi une cohérence complexe qui séduit et a déjà fait sa marque de fabrique via d'autres médias.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
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Premier roman d'Alan Moore - l'auteur est plus connu comme scénariste de BD avec Watchmen, From Hell, V pour Vendetta entre autre - la voix du feu est à la fois roman historique et recueil de nouvelles où le fantastique fait de mortelles incursions. Comme le titre l'indique, le feu est au coeur de l'histoire et point de départ vers des thèmes tels que la sorcellerie, les mythes et légendes, la vie et la mort. le roman s'ouvre donc sur une introduction écrite par Neil Gaiman qui ne tarit par d'éloge sur cet ouvrage en précisant qu'il n'est point linéaire mais circulaire : « c'est un plaisir de lecture et de relecture. Commencez où vous voudrez : le début et la fin sont deux bons choix, mais un cercle commence n'importe où, comme un bûcher ». Même si ces histoires sont indépendantes, il est pourtant clair à la lecture chronologique de ce livre que ces textes sont étroitement liés par des faits récurrents se répercutant à travers les siècles.

L'histoire de Northampton - ville de naissance et de coeur de l'auteur - nous est narrée en quelques douze chapitres, 12 récits. Chacun conté par un narrateur de son temps, qu'il soit né au néolithique, dans l'antiquité, au Moyen-Age jusqu'à notre siècle où la dernière voix n'est autre que l'écrivain lui-même. Une fin qu'il écrit en 1995 sous la forme d'une synthèse, nous conviant par là même à une visite fascinante dans les rue de sa ville. Point marquant qui peut lasser ou séduire selon le lecteur, c'est l'exercice de style entêtant qui jalonnent ces pages. Pour ma part, perplexe au début par le style employé mais justifié, j'ai été happée par ce cercle de voix, ces sorcières, ces fous, ces victimes, ces mystiques, ces meurtriers et autres épicuriens. L'humour trouve sa place et redonne un peu de clarté dans ce climat sombre et moite aux teintes gothiques proche de « From Hell ».

Chapeau bas au traducteur, Patrick Marcel qui a su brillamment traduire le premier chapitre. Ne vous laisser pas déstabiliser par cette première nouvelle narrée par un jeune simple d'esprit du néolithique au vocabulaire limité de 30 mots. C'est surprenant, un vrai tour de force, vous dis-je ! Un ouvrage ensorcelant à la fois tragique et cocasse à lire pour son originalité et cette traversée du temps.
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S'aventurer dans les voix du feu c'est faire preuve au début d'une énorme capacité de résilience. La première nouvelle est très ardue et pourtant si complexe. En un minimum de mots, Moore entraîne déjà le lecteur dans un univers sombre, nerveux et très onirique. Puis, une fois la première nouvelle passée on se frotte à une nouvelle difficulté, l'érudition de l'auteur.

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Attardons nous un instant sur l'auteur. Il n'est plus à présenter, auteur de comics ultra connus, il arpente toutes sortes de thématiques avec style, précision et panache. S'autoproclamant sorcier ou encore magicien, il n'était donc pas surprenant de voir surgir autant d'onirisme et de croyance dans un ouvrage tel que la voix du feu.

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Ce n'est pas moins de 12 nouvelles qui accompagneront le lecteur. Suivant un ordre chronologique allant de l'homme préhistorique au VRP de campagne des années 90, on suit un panel de personnages au prise avec les légendes de la création de cette ville si chère à Moore : Northampton.

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Ainsi, la voix du feu mêle érudition, style technique, recherche de vocabulaire et peut rebuter le lecteur lors de certains passages oniriques, qui semblent être caractéristiques de l'auteur. Un déroulé semé d'embûches, mais qui suinte le travail lexical et la recherche historique.

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Durant cette lecture on croisera l'imaginaire et le réel, deux composantes qui, fusionnées ensemble dessinent les contours du folklore d'une ville. Puis de cette même ville on bâtit les fondations, qui, elles, dépendront du conteur, puis sa longévité, sa capacité à perdurer dans le temps, va dépendre de ses personnages qui la modèlent, année après année, siècle après siècle.

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La voix du feu est sans conteste un premier livre indispensable pour tout amateur de Moore. Il pose les bases d'un style acquis, maîtrisé mais exigeant. On arpente pas Northampton les mains dans les poches, il va falloir traverser autant d'épreuve que les 4000ans qui séparent le début et la fin du roman.
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Je ne sais pas vraiment comment qualifier ce livre. Est-ce un recueil de nouvelles ou un roman décousu ? Il s'agit sans doute de quelque chose entre les deux, des expérimentations littéraires parfois difficilement lisibles (le premier texte notamment). J'y retrouve es expérimentations qui ont donné Jérusalem par la suite. le tout est génialement fou, comme Moore lui-même. Je suis un fan de l'auteur et du sorcier.

Nous suivons de textes en textes, de périodes en périodes, d'humanités et humanités, des histoires aux frontières du réel. Les personnages se répondent et se ressemblent, les formes générales, le feu, la mort et la différence qui passe pour de la folie. Plus encore, le personnage principal est le lieu, ce Northampton qui a donné naissance au sorcier, romancier et scénariste neopaïen.

Au centre, il y a peut être la file du Hod avec sa coiffe qui rappelle les bois d'un cerf. Il y a des humains qui reviennent parfois comme de vieux souvenirs, des esprits presque divins. Au centre, il y a la marge des sages, des infirmes et des fous.

C'est une lecture que je referai sans doute une fois que j'aurai relu le pavé Jérusalem et peut-être From Hell, Watchmen, Constantin ou la ligue des gentlemen extraordinaires.
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Pour public averti. 6000 ans d'une Histoire sale, sanglante, avec des victimes et des bourreaux étranges, atypiques, humains. Des expérimentations dans l'écriture, le premier narrateur est un jeune homme préhistorique déficient mentalement...donc pas de phrases, quelques mots qui s'enchaînent, qui forment des idées. Une nouvelle également écrite sans ponctuation, avec des majuscules au hasard et des fautes d'orthographe, car le personnage est...fou! Sinon des sorcières, des chamanes, des meurtriers surnaturels, parfois, d'autres fois non. du sang, du sexe, de la folie, bien résumés dans le dernier chapitre, autobiographique? Qui donne en tous cas la clé de ce qui lie les différentes nouvelles et nous présente un lieu battit sur le sang et la folie!
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C'est une histoire de sa ville natale, Northampton, qu'Alan MOORE nous raconte en douze chapitres. de 4000 avant Jésus-Christ à 1995, les périodes clés de la ville font l'objet d'une peinture au travers de la vie d'un témoin direct, qui se fait narrateur pour l'occasion.
Il y a cet enfant attardé du néolithique qui découvre l'amour, la jalousie et le mensonge en rencontrant plus évolués que lui. Il y a encore cette jeune femme du chalcolithique qui souhaite hériter des trésors de son père relevant du chamanisme. Il y a ensuite ce chasseur de l'âge de fer qui est témoin de la disparition de tous les membres de son clan. Et puis il y a cet émissaire de Rome qui découvre que le déclin de l'Empire romain est imminent, puis cette vieille nonne qui revit la mort d'un martyr au début du Moyen-Âge. L'on apprend alors comment une église circulaire fut construite par un chevalier de retour des Croisades. L'un des seuls survivants de la Conspiration des poudres, qui visait à assassiner le roi protestant Jacques Ier au début du XVIIème siècle, raconte comment le complot fut maté. Quelques années plus tard, par concupiscence, un juge itinérant est victime de quatre sorcières. Un siècle plus tard, une autre sorcière retrace les étapes de sa vie alors qu'elle est en train de brûler, en compagnie de son amante, sur le bûcher auquel elles ont été condamnées. Pour les périodes les plus récentes, c'est un simple d'esprit qui nous raconte comment, au milieu du XIXème siècle, il s'est échappé de l'asile pour retrouver la femme qu'il n'a jamais eu ; en 1931, c'est un représentant en jarretelles qui fait le bilan de sa vie au moment de son procès ; c'est enfin l'auteur lui-même qui fait la synthèse de tout ce qui précède en nous faisant visiter Northampton en 1995.
Enumérés ainsi, ces douze chapitres peuvent sembler parfaitement décousus. En effet, la narration est par définition non linéaire, mais il faut garder à l'esprit que toutes les intrigues se déroulent en un même lieu, sur ces quelques km² où est sise aujourd'hui la ville de Northampton. Et puis Alan MOORE sait relier ses chapitres par des motifs récurrents qui constituent les fondations de l'histoire de sa ville. C'est par exemples la rivière Nene qui la borde, et l'église circulaire qui est une de ses curiosités historiques. C'est encore des images plus mythologiques tels ces immenses chiens noirs, ces jambes estropiées ou ses têtes tranchées. C'est surtout le feu que l'on retrouve dans tous les chapitres, et qui sert encore aujourd'hui de commémoration de la Conspiration des poudres tous les 5 novembre.
Et puis il y a les thèmes abordés par Alan MOORE. Ceux-ci relèvent de la vie et de la mort des hommes et des femmes qui ont fait l'histoire de Northampton, une histoire imaginaire qui court en permanence sur un fil ténu séparant le réel du surnaturel. Les vies y sont difficiles, les relations entre hommes et femmes ne sont guère que sexuelles, les morts sont souvent violentes, bien que suggérées la plupart du temps. La synthèse de tout cela se trouve probablement dans la magie et la sorcellerie, qui réapparaissent régulièrement tout au long du roman.
Tout cela fait de la voix du feu un roman à tiroirs. Chaque tiroir dévoile un mystère, tous les mystères n'étant pas résolus, et ceux qui le sont ouvrant la porte à d'autres interrogations. Sous la plume de MOORE, c'est à l'image de la vie de tout être humain dont bien des pans resteront à jamais inexpliqués.
La voix du feu est finalement une oeuvre profondément originale. Elle est certes complexe, mais on la lit avec plaisir de la première à la dernière page, tout en sachant que d'autres lectures, tout aussi plaisantes, seront nécessaires pour en appréhender correctement ses secrets et sa richesse.
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La Voix du Feu est un recueil de plusieurs nouvelles mettant en scène à travers les époques, la ville de Northampton en Angleterre.
Découvrir la ville à travers le temps est une chose, mais découvrir celle-ci à travers le regard de quelqu'un en est une autre. C'est ainsi qu'au fil des pages, différents personnages se relaieront pour nous faire connaître cette ville au passé si particulier.

Du simple d'esprit malchanceux à la voleuse cupide en passant par un cadavre pas très frais, partez sur les traces du passé de Northampton !

Chaque protagoniste campe une époque et chacun n'attire pas forcément la sympathie. Ainsi, le lecteur apréhendera différentes émotions et ressentis pendant sa lecture. J'ai eu de la peine pour le premier personnage que la nature n'a pas gâté à une époque où la moindre faiblesse est synonyme de mort, tandis que le récit de Francis Tresham, pourtant dans un état de putréfaction avancée, reste truculent ! Enfin, le libidineux procureur n'a que ce qu'il mérite dans le Langage des Anges, même si la communauté féminine quelque peu particulière qui le piègera fait froid dans le dos !

(Suite sur mon site !)
Lien : http://lecomptoirdelecureuil..
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Profitant d'un voyage, j'ai emmené ce livre avec l'ambition de m'y atteler (n'ayant que celui-là dans mon sac), la volonté étant surtout de dépasser ce premier chapitre, long et plus dur à lire de par ses longues phrases sans construction classique.

Mais en étant obligé de le lire, ça passe finalement tout seul, pour peu qu'on fait l'effort de rentrer dedans. En effet, il faut passer outre ce chapitre rébarbatif qui pose pourtant les bases de ce qui sera la suite du livre. Composé de nouvelles qui se suivent dans le temps et se répondent de l'une à l'autre, le livre développe plusieurs fois les mêmes thématiques, et certaines choses reviennent à chaque nouvelle ou presque (le feu, le lieu, les poulains pelus, les cochons, le pied blessé ...). C'est une série d'histoires se répondant sur ces sujets, avec à chaque fois des petites découvertes progressives qui sont amusantes, comme si chaque nouvelle était une petite énigme que l'on résout alors qu'elle se développe devant nous.

La lecture est surprenante, c'est le meilleur mot que j'aurais pour décrire celle-ci, et n'a pas été sans me rappeler la très étrange "La cité des saints et des fous", qui développe aussi un lieu (une ville) et propose plusieurs histoires dont l'une implique également l'auteur dudit livre. D'ailleurs, ils sont dans la même collection, coïncidence !
C'est curieux, et je ne saurais dire exactement le ressenti final. Globalement, j'ai adoré les surprises et la façon dont tout ceci s'agence pour répondre aux différentes histoires de Northampthon. Je note que Alan Moore est avant tout un iconoclaste, ce qui est logique vu sa pensée très tournée vers l'anarchisme Ainsi, la plupart des liens mystiques et religieux du livre sont tous mis à mal, soit par l'histoire soit par les personnages. Plusieurs incrédules traversent aussi le livre, mais c'est aussi une certaine charge pamphlétaire, et c'est un plaisir de lire une histoire qui apprécie de parler de ce qui est en-bas, plus ouvrier que noble, plus centré sur la ville que sur les habitants, parlant d'une sorte de tout général qui forme le bouillon dans lequel nous vivons, majoritairement.

En tout cas, une oeuvre étonnante et qu'il faut prendre le temps de lire, si l'on est prêt à faire les efforts pour rentrer dedans. C'est dense mais intéressant, avec beaucoup d'ironie dramatique, de moments surprenants et de volonté bien affirmé. Alan Moore est décidément un auteur à part, dont je recommande la lecture. Mais pas forcément à tout le monde.
Commenter  J’apprécie          10
Une bien belle lecture même si les premiers textes sont assez difficiles d'approche (surtout le premier en fait ^_^ )
Lien : http://latannieredelork.free..
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