Strangers in Paradise (SiP pour les intimes) est une série atypique de comics que je ne connaissais pas du tout avant d'en recevoir le 7ème volume (« Sanctuaire ») : une très agréable rencontre. Je précise que j'écris ces lignes pour Masses Critiques de Babelio. Merci à Babelio et aux éditions Kymera de m'avoir confié ce livre.
Ce n'est pas si facile de sauter directement dans le 7ème wagon d'une série. C'est pourtant ce que j'ai fait. Et avec SiP cela ne m'a pas posé de problème tellement les personnages (principaux comme secondaires) ont une place, une identité bien définie. Cela malgré une intrigue qui semble loin d'être simple.
Sanctuaire s'ouvre sur des retrouvailles douloureuses, de celles qui font vaciller le quotidien, entre Francine et Katchoo, deux femmes dans la trentaine. Très rapidement,
Terry Moore nous renvoie 10 ans plus tôt, vers le triangle amoureux que Katchoo et Francine formaient avec leur colocataire, David. Autour d'eux gravite un divertissant couple de névrosés : Freddie et Casey. le long flash back de Sanctuaire nous raconte comment une exposition de peinture sert de détonateur à l'implosion du trio et à sa transformation.
Sanctuaire parle de la vingtaine, de la trentaine aussi, de l'art, du désir, des sentiments amoureux, de la sexualité, de l'amitié, du pays de l'enfance, de la violence, des occasions ratées ou réussies, des blessures de la vie et de leurs cicatrices. Et puis, en filigrane, ce volume 7 flirte avec d'autres thèmes plus obscurs (la mafia ?). Un des points vraiment fort de ce comics, c'est le ton qui, comme le dessin, oscille du sérieux à la comédie, du sentimental aux coups de poings.
La construction du récit est soignée, et
Terry Moore la souligne en variant les styles narratifs et le dessin lui-même. Il passe avec élégance du texte illustré aux pleines pages, revient vers les découpages classiques (ou non). Dessin et construction de la page participent à poser l'ambiance de chaque passage.
Deux petit plus : contrairement à de nombreux mangas réduits au format poche,
Strangers in Paradise est au format A4, ce qui permet d'apprécier en détail le travail à l'encre et au pinceau de
Terry Moore (SiP est en N&B). Et puis la couverture couleur est un clin d'oeil très réussi à l'Art Nouveau, où un 9mm à visée laser remplace avantageusement un verre de champagne.
Bref, difficile de ranger ce 7ème volume de SiP dans un petite case, il s'en échappe sans cesse : c'est sans conteste un comics, avec une influence manga par certains côtés, une louche de polar, et puis un scénario entre le soap opera et le sitcom. J'ai tellement aimé que j'ai déjà trouvé le premier volume !
PS: message pour les fervent des bouquinistes : attention, renseignement pris, il semble que seules les éditions Kymera proposent SiP en intégralité. La série n'avait jusque là été publiée en français qu'en partie.