En 1856, une esclave a égorgé son bébé pour qu'elle n'ait pas à connaître le même sort. C'est de cette histoire vraie que
Beloved est inspiré.
Sethe vit dans la maison de sa belle-mère, après avoir purgé une peine de prison pour le meurtre. Ses garçons sont partis, la grand-mère est morte, il lui reste sa fille, Denver.
Elles vivent dans la solitude, plus personne n'approche la maison maudite, avec la compagnie du fantôme qui les tourmente.
Un jour,
Paul D. fait irruption dans leur vie, vestige d'un passé lointain, avant la fuite de Sethe. Il chasse le fantôme et s'installe avec elles. Tout serait pour le mieux, s'il n'avait pas forcé
Beloved à revenir d'entre les morts pour de bon.
Mélange de surréalisme et de travail de mémoire, c'est la réalité de l'esclavage et les espoirs perdus de toute une population. Les souvenirs des personnages remontent à la surface, dans le désordre, parfois flous, les voix se mêlent en une chorale de souffrance.
Beloved ne veut pas qu'on l'ait oubliée, qu'on l'abandonne. Elle n'a même pas de prénom, à part ce mot sur une pierre tombale. À travers elle, ce sont tous ceux qui ont été réduits à rien qui cherchent à se rappeler aux vivants, qu'on les regarde, qu'on les entende. Qu'on leur pardonne de n'avoir pas su protéger ni aimer les leurs. Ce sont leurs voix qui entourent la maison. Ceux qui n'ont même pas de nom.
C'est un livre difficile et bouleversant. le fantôme ne laisse pas oublier la réalité des faits, les voix qui se sont tues, l'abomination. Un grand roman.