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EAN : 9782213020679
485 pages
Fayard (20/01/1988)
5/5   2 notes
Résumé :
Il est un dogme aujourd'hui largement partagé par les sciences de l'homme: les mouvements, les crises et les phénomènes qui se produisent dans la société doivent être expliqués par des causes sociales et aucunement psychiques. Or, ce dogme est un idéal d'autrefois, figé en préjugé.

Assurément les causes psychiques se distinguent des causes sociales. Mais tous les phénomènes sociaux sont le fait des hommes. Ce sont leurs passions qui stimulent leurs gr... >Voir plus
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Weber explique la naissance de cet « esprit du capitalisme » comme le résultat psychologique de la doctrine de Calvin. Tout particulièrement, en passant au crible les écrits des pasteurs puritains, il montre que leurs prêches visent à sanctifier le travail qui apaise le sentiment d'indignité et évite d'avilir nos brèves vies par le péché. Ils dressent la liste interminable des tentations dont on doit se garder : plaisirs mondains ou vaine conversation, sommeil prolongé et loisir oisif, jusques et y compris la méditation religieuse, si elle gaspille le temps qu'il faut donner à sa vocation, voulue par Dieu lui-même.

« Sur ce point, déclare Weber, l'ascétisme protestant n'a, en soi, apporté rien de neuf. Cependant il a sensiblement approfondi cette conception, et de plus, il a créé la seule norme qui fût décisive pour son efficacité : la motivation psychologique pour laquelle le travail en tant que vocation constitue le meilleur, sinon l'unique moyen de s'assurer de son état de grâce. »
En s'adonnant à leur besogne de toute leur âme, riches et pauvres étaient convaincus de pratiquer une forme de dévotion. Mais comment juger de son efficacité ? A ses fruits, bien sûr, signe qu'il agrée à Dieu. Le bénéfice et la richesse n'ont saveur de péché que s'ils détournent du labeur et conduisent à la jouissance. Ils prennent en revanche une valeur de confirmation religieuse s'ils encouragent à chercher le profit pour le réinvestir.

Le capitalisme puritain, donc, « s'opposa avec une grande efficacité à la jouissance spontanée des richesses et freina la consommation, notamment celle des objets de luxe. En revanche, il eut pour effet psychologique de débarrasser des inhibitions de l'éthique traditionaliste le désir d'acquérir. Il a rompu les chaînes [qui entravaient] pareille tendance à acquérir, non seulement en la légalisant, mais aussi, comme nous l'avons exposé, en la considérant comme directement voulue par Dieu ».
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Pourquoi les protestants prenaient-ils tellement au sérieux l'idée de prédestination ? Qu'est-ce qui leur rendait si insupportable la dissonance avec l'idée de vocation ? En effet, beaucoup d'individus et de groupes se sont accommodés de telles doctrines. Et nous tolérons souvent ce genre de dissonances et de conflits sans chercher à les résoudre à tout prix. Les chrétiens en ont supporté de semblables, pendant des siècles, sans chercher à forcer la solution. Par elles-mêmes, idées et croyances ne provoquent pas une incertitude ou une tension intolérable. Nous nous accommodons aujourd'hui fort bien de la dissonance entre la liberté et l'égalité, qui provoquait des affrontements sanglants il y a moins d'un demi-siècle.

Or cette supposition est fort simple. Comme toutes les minorités et tous les hérétiques, pour éviter le doute, le découragement, les protestants sont forcés d'adhérer à leur croyance comme une huître à son rocher. L'adhésion est fortifiée par un consensus que ces groupes s'imposent et ont tendance à surestimer. A cette condition, leurs membres acquièrent un caractère bien trempé et ils triomphent de l'hostilité du monde extérieur. On peut dire de nombreuses communautés puritaines ce que l'écrivain américain Arthur Miller disait de celle de Salem au XVIIe siècle :

« C'était cependant une autocratie de consensus, car ils étaient unis du sommet jusqu'à la base par une idéologie commune dont la perpétuation était la raison et la justification de toutes leurs souffrances. Aussi leur abnégation, leur détermination, leur suspicion envers toutes quêtes vaines, leur justice à la poigne de fer, étaient des instruments en tout point parfaits pour la conquête de cet espace si hostile à l'homme »
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Video de Serge Moscovici (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Serge Moscovici
Peut-on encore rêver dans un monde prisonnier du réel ? .Serge Moscovici,Nikos Kalampalikis,Bruno AmbroiseCC-BY-NC-ND 2.0Quel rôle notre société peut-elle encore donner à l?imaginaire ? Quelle vision les différents groupes élaborent-ils tout en agissant sur elle ? Dans un monde toujours plus complexe traversé de conflits, de luttes idéologiques, nous créons des métaphores, des images, des symboles et des mots qui forment des représentations sociales. Celles-ci permettent de questionner les tensions entre individu et société, psychologie et culture, identité et altérité, croyance et connaissance. Chercheurs et artistes ont un rôle fondamental à jouer dans l?expression de ces relations sociales.
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