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C'est un récit déstabilisant, féroce et drôle. le narrateur fait la promotion de son roman qui porte le même titre que celui qu'on est en train de lire... Un jeune garçon lui apparaît et disparaît : est-il réel ? le personnage peut paraître loufoque mais cette impression s'efface au fil des pages, pour laisser place à sa profondeur et à sa tragédie. Que Jason Mott a dû chuter lourdement et se relever bien des fois pour écrire une telle histoire !
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Ça débute comme une sorte de conte aux ficelles un peu grossières : un garçon adoré de ses parents apprend, sous leur tutelle, à disparaître. Presqu'aussitôt le décor et le ton, surtout, changent. le lecteur est transposé aux côtés d'un narrateur en fuite, nu, poursuivi par un mari cocu.
L'alternance entre le il du garçon et le je de l'amant débusqué est entretenue tout au long du roman, en une oscillation qui se fait bientôt osmose entre tragique et burlesque, fantasme et réalité.

L'enfant grandit, réalise que ses parents lui ont menti puisqu'il est impossible de devenir invisible, même s'ils l'exhortent encore à essayer, car c'est pour eux le seul moyen de le mettre à l'abri, notamment des brimades que lui vaut sa peau d'une noirceur quasi-surnaturelle. Surnommé "Charbon" par ses camarades d'école, il subit quotidiennement moqueries et harcèlement.

L'adulte est quant à lui en tournée promotionnelle, suite à la parution de son roman "L'enfant qui voulait disparaître", qualifié par la critique de "livre d'enfer". Son auteur, qui fait la une des magazines, est devenu le "jeune romancier qui fait rêver l'Amérique". le lecteur restera dans l'ignorance quant à l'intrigue de ce best-seller, et finira même par se demander si le narrateur lui-même en sait davantage : il parle de son livre sans entendre ni se souvenir de ce qu'il prononce, ignorant jusqu'au nom des villes dans lesquelles il fait étape au cours de sa journée, qui se pare d'une dimension irréelle. Il semble même avoir oublié qu'il est noir, jusqu'à ce que quelqu'un lui en fasse la remarque. Est-ce dû à cette pathologie qu'il avoue bien volontiers, une imagination hyperactive qui lui provoque des sortes de rêves éveillés au cours desquels ne sait plus distinguer la réalité du fantasme ? Dès l'adolescence, il voyait ainsi "des dragons au crépuscule et des arcs-en-ciel à minuit", tenait des discussions avec son chien et avait des amis imaginaires. La psychiatre qui le suit soupçonne, à l'origine de ces rêves éveillés, un traumatisme non identifié.

Notre écrivain lui, les aborde avec une désarmante désinvolture, à la manière dont il semble mener sa vie, buvant plus que de raison, multipliant les aventures sans lendemain, faisant preuve en permanence d'un humour distancié mais sans complaisance dont il est l'une des cibles principales, décrivant les situations qu'il vit comme s'il se mettait en scène. C'est aussi de cette manière qu'il aborde l'apparition soudaine et sporadique, à ses côtés, d'un Gamin à la peau d'un noir si intense qu'il en est hypnotique, qu'il semble être le seul à voir.

Et les étrangetés liées à cette pathologie ne sont pas les seules à hanter le récit, dont l'intrigue est ponctuée de l'évocation d'événements que leur caractère obscur mais répétitif ramènent à l'état d'ellipses, ou d'images subliminales. le héros croise à de nombreuses reprises des personnages qui lui demandent s'il a entendu parler de ce gamin qui…, mais qui sont interrompus à chaque fois qu'ils tentent de répondre à ses demandes de précisions ; les informations captées comme par inadvertance aux abords de téléviseurs évoquent inlassablement des meurtres par balles ou des arrestations de noirs…

Ce roman m'a impressionnée. Il va là où on ne l'attend pas, déstabilise dans un premier temps par ses ruptures de ton et les contours flous d'une intrigue dont on ne comprend pas très bien où elle nous emmène. Puis s'y dessine, de manière de plus en plus prégnante au fil de la lecture, un sens, une direction, qui soudain devient tellement évidente qu'elle emplit tout le champ émotionnel du lecteur.

En abordant le racisme et les violences policières subies par les afro-américains par le prisme des traumatismes qu'ils provoquent sur les individus, déstructurant leur identité, les rendant à la fois héritiers et dépositaires de la terreur que génère leur vérité à la fois horrible et incontournable, Jason Mott nous en donne à lire un versant intime, et profondément bouleversant.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Un écrivain en tournée promotionnelle pour son dernier livre, "un livre d'enfer" (titre original du roman, Hell of a book"), rencontre un gamin, noir de peau comme jamais. Tellement noir de peau que c'en est troublant. Sauf que cet écrivain souffre d'une maladie qui ne lui permet pas de distinguer s'il discute avec des vraies personnes ou des amis imaginaires. le gamin apparaissant n'importe quand et n'importe où, il n'est pas réel. Il a été réel et vient d'un fait divers, dont tout le monde parle en ce moment, mais auquel l'écrivain ne prête pas attention. Cette rencontre trouble l'écrivain, qui s'aperçoit que lui aussi est noir de peau. Pas autant que le gamin. Mais avant, son agent lui avait dit de ne pas le mettre en avant. Il y a beaucoup de similarité entre son histoire et celle du gamin. A tel point qu'on se demande si le gamin n'est pas une version de l'auteur jeune.
Tout le livre repose sur cette mise en abîme : un écrivain qui vient d'écrire un livre, qui ressemble à celui qu'on lit, mais qui ne peut pas l'être. Un écrivain et un personnage.
Cela traite à la fois de la création littéraire, du métier d'auteur. Et surtout de la condition des noirs aux Etats-Unis. Car ce qui est arrivé au gamin n'est malheureusement pas un fait unique. Et bien que ses parents aient voulu l'élever en le protégeant du danger, nul ne peut échapper au malheur de la condition des noirs aux Etats-Unis. Les parents du gamin auraient aimé qu leur fils puisse se rendre invisible pour échapper au danger. le gamin a cru y parvenir. Mais ce n'était pas suffisant.
Une pépite.
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Lors d'une tournée promotionnelle, un auteur rencontre un enfant particulier. Particulier par sa couleur de peau exceptionnellement sombre et par sa capacité à disparaître que lui ont enseigné ses parents. Au fur et à mesure de ce récit labyrinthique des liens se dessinent entre cet enfant et l'auteur, comme dans un jeu de miroirs. Un roman qui parle du racisme et du poids que la couleur noire fait porter à chacun dans la société américaine.
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Après une lecture comme celle-ci, les mots ne sont pas évident. Tel le souffle coupé, j'en perds la parole.

Entre réalité et imagination, l'auteur mène un combat passant de l'humour à la brutalité des actes.

Je me dois d'être brève face à cette réalité que sont le racisme, les violences policières, le harcèlement et l'oppression. Parfois dérangeant, ce livre dévoile cette vérité qui nous arrive parfois d'oublier dans nos propres cocons de vie.

Je me suis sentie perdue mais vite rattrapée par les éléments si effroyables de ce livre. Il m'a happé et livré cette triste vérité qui ne devrait exister dans notre société. Nous sommes tous égaux. La couleur de peau ne définit pas qui nous sommes. Nous sommes toutes et tous libres de vivre, de respirer et de ne connaître aucune peur.

La beauté de ce roman est l'idée qui faut écrire pour affronter la réalité.

Quoi de mieux que cette phrase pour vous résumer ce livre : « Quel livre d'enfer, brillant et dérangeant ! ».

J'espère vous avoir donner la curiosité de le découvrir.

Belle soirée
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Parce que les sujets développés dans ce roman m'intéressent beaucoup et que j'ai parcouru beaucoup de critiques faisant l'éloge de ce dernier, je pense avoir nourri de grandes attentes avant de débuter ma lecture.

L'ouvrage se lit très vite, mais j'ai tout de même senti que je m'y ennuyais par moments, certainement à cause d'une plume que j'ai trouvé trop concise, typiquement américaine en fait, d'une simplicité qui ne m'a malheureusement pas convaincu. Ce n'était pas de la virtuosité que je cherchais, mais j'aurais aimé ressentir une altérité, une singularité dans l'écriture, quelque chose de neuf. de même, j'aurais aimé trouver une perspective qui creuse plus en profondeur les rouages du racisme aux Etats-Unis, mais l'exploration de la psychologie des personnages reste intéressante.

Les protagonistes sont touchants, leur peine est palpable et leur peur se ressent, mais j'ai eu la sensation, que le roman se rangeait du côté de la doxa commune, sans vraiment aller plus loin… Si les événements narrés sont révoltants, que la terreur induite par les meurtres de personnes Noires par la police est ressentie, comprise et qu'un système dans sa globalité est responsable, j'ai trouvé le roman très lisse et édulcoré, très grand public en somme. Peut-être que ce roman pourra sensibiliser des lecteurs contre le racisme et les violences policières. Néanmoins, il est déjà de notoriété publique que ces injustices ont lieu depuis trop longtemps et j'imagine que des personnes qui seraient portées vers ce livre ne l'ignorent pas.

Toutefois, j'ai trouvé des passages intéressants, par rapport à la liberté que devrait avoir un écrivain racisé d'écrire ou non sur sa condition sociale, sur la construction du personnage médiatique du primo-romancier et j'ai apprécié les derniers passages, où l'écrivain est face à ses troubles, ses hallucinations ont enfin fait sens pour moi. En effet, je trouvais initialement que l'idée était intéressante, mais je pense qu'elles auraient mérité d'être exploitées plus en profondeur. Les apparitions de l'attachant Gamin étaient pour moi redondantes, en se résumant grossièrement à :
" - Je sais que tu n'es que le fruit de mon imagination.
- J'existe pour de vrai ! Seuls les autres ne peuvent pas me voir ! "

J'ai peut-être du mal avec la littérature américaine, ses phrases courtes et son lot de banalités. Particulièrement dans les passages où le personnage principal s'essaye au badinage amoureux, à la séduction ou reste simplement méditatif, amenant à un lot de réflexion dont je n'ai pas perçu la profondeur. J'ai eu du mal à ne pas trouver ça superficiel, commun, dispensable et typiquement américain, tant les productions grand public ont le don de déployer une philosophie et des questionnements existentiels plats. En ce qui me concerne, ça a bien peu de charme.
Ma critique ne se veut pas exhaustive ou accablante pour ce roman aux sujets durs et sensibles, cependant assez lisse pour être une distraction grand public. Ceci dit, j'ai du mal à ne pas percevoir de contradictions dans cette dernière énonciation, ou à ne pas me figurer les visées commerciales qui mènent à ce lissage.
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Confuse. C'était mon sentiment pendant que je lisais : Réel ou fiction ? Cette question m'a perturbée pendant toute ma lecture. Mais attention ! C'était plutôt agréable.

C'est un livre particulier, avec une histoire particulière, qui nous met dans une position et nous donne un sentiment particuliers.

La lecture de cette ouvrage de Jason Mott est une véritable expérience, un peu bouleversante certes, mais qui colle plutôt bien au sujet traité.
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Un écrivain afro-américain part en tournée promotionnelle pour son roman "L'enfant qui voulait disparaître". Pressé par son agente, il s'acquitte laborieusement de sa tâche. Auteur non engagé, un peu submergé par un imaginaire débordant, il échange parfois dans son esprit avec un étrange personnage. La réalité le rattrape néanmoins : un drame a eu lieu dans sa ville de naissance, Bolton, en Caroline du Nord. Un policier a abattu un jeune garçon noir suite à un contrôle de routine. Parce que son agente veut exploiter de manière sordide cette tragédie, elle l'envoie sur place rencontrer la mère de l'enfant. Mais l'écrivain réalise petit à petit que ce jeune garçon assassiné et l'être imaginaire avec qui il dialogue sont peut-être une seule et même personne. S'éveille alors en lui la conscience de ce que signifie être afro-américain aux Etats-Unis.
Jason Mott nous livre un roman poignant et magistral sur le racisme. Par le mélange des genres et des registres - réalisme magique, auto-fiction, critique sociale - il donne au texte sa profondeur, son mystère, et une complexité qui rendent cette lecture mémorable. La fin du récit, qui laisse entrevoir une note d'espoir, évoque les vers de l'écrivaine et militante Maya Angelou : "Des taudis honteux de l'Histoire / Je m'élève / D'un passé pétri de souffrance / Je m'élève / Tel un océan noir, bondissant et immense / Débordant, grossissant, je porte la marée"
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Courir après sois-même

Ce roman au ton volontairement burlesque nous entraîne à la poursuite d'un narrateur, l'auteur lui-même peut-être, dans une fuite en avant qui s'apparente à une quête désespérée pour se réconcilier avec soi-même.

On fait connaissance avec notre héros, en pleine promotion de son ouvrage, L'enfant qui voulait disparaître, alors qu'il échappe aux poings d'un mari jaloux, à peine s'il a le temps de s'engouffrer dans l'ascenseur. Accessoirement il est aussi nu comme un ver.

Le ton est donné. Il sera haut en couleur. D'un jaune solaire comme les rayons d'humour, souvent grinçant et ironique, qui illuminent l'ouvrage. D'un vert cynique lorsqu'il s'agit de dépeindre le milieu de la promotion. D'un rouge écarlate lorsque la violence du monde s'invite dans l'univers bariolé du narrateur. Et puis il y a le noir, couleur charbon, que l'on tente d'ensevelir sous la futilité d'une vie frénétique.

Car sous les couleurs chatoyantes se cache la souillure d'une enfance brisée par le harcèlement et le racisme. Jusqu'au drame fatal, celui qui creuse un trou béant dans la poitrine d'un jeune homme qui est peut-être le narrateur, ou pas. Un trou qui avalera toutes les couleurs pour ne laisser qu'un blanc infini de douleur.

Nu dans le premier chapitre, le narrateur prend forme sous nos yeux. À mesure que son univers s'étiole sous les coups de massue de la réalité, son esprit et son corps prennent forme. Son regard s'affûte, sa conscience s'éveille. le récit nous offre une résurrection littéraire tout en s'emparant d'un sujet qui secoue les USA.

C'est là toute la force du récit, derrière les pirouettes narratives et les bons mots, il aborde un thème complexe qui prend peu à peu l'ascendant sur le burlesque pour livrer une tirade finale bouleversante, qui résonne comme un constat amer mais aussi une victoire personnelle.

En équilibre constant entre la satire sociale et le récit introspectif, ce roman, malicieux et espiègle, offre une réflexion bouleversante sur la difficulté à se réconcilier avec son passé pour mieux faire face au présent.

Lien : https://culturevsnews.com/
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J'ai été attirée par le rouge de la couverture, et bien évidemment l'inscription "National Book Award, qui généralement témoigne d'une belle histoire. Et ça n'a pas raté !
Je suis depuis toujours très intéressée par l'histoire de la population afro-américaine, alors bien évidemment j'ai adoré ce livre. le racisme, l'oppression des personnes de couleur sont au coeur de cette histoire, à laquelle est ajoutée une point de deuil, de rapport à soi et aux autres.
L'auteur et le personnage principal du roman est frappé par une maladie qui l'empêche de discerner ce qui réel ou de l'ordre de son imagination parmi les éléments qui l'entourent. Je dois avouer que ce roman me rappelle énormément les oeuvres d'Henry James et de Toni Morisson.
Bien qui l'histoire traite de sujets très lourds, la plume est très légère et remplie d'humour, ce qui rend la lecture agréable. Je vous recommande grandement ce roman que j'ai adoré !
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