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3,5

sur 47 notes
Un court recueil de 8 nouvelles dont l'une, "Trois jours", la plus longue (et la plus réussie pour moi), donne son titre au livre. Si l'on devait chercher un thème récurrent (en s'aidant de la postface de Michel Wolvovitch le talentueux et historique traducteur de Markaris), ce serait le thème de l'autre, le réfugié, qui cristallise tant de rejet sinon de haine, hier comme aujourd'hui.
Petros Markaris est né en Turquie, il fait partie des communautés grecque et arménienne qui sont parties tardivement de la Turquie indépendante tout en ayant intégré une partie de la culture turque, ne serait-ce que la langue. Installées en Grèce dans les années 1960, elles ne se sentaient pas forcément acceptées et à l'unisson de la culture des natifs De Grèce.
Cela m'a rappelé la situation des Français d'Algérie, des communautés installées depuis des générations à partir de 1830 sur cette terre d'Afrique et qui quittèrent, pour la plupart dans la douleur, au moment de l'indépendance de l'Algérie. Pour la plupart il gardèrent la nostalgie de la terre natale. Avec la différence cependant que les Grecs vécurent en tant que minorité dominée dans l'Empire ottoman puis dans la Turquie kémaliste et qu'il n'y eut pas de guerre de décolonisation. Pour autant les tensions existaient et culminaient en étant instrumentalisées au gré d'événements géopolitiques comme celui (méconnu de nous) de la prise de pouvoir par des nationalistes grecs à Chypre en 1955.
Le parallèle peut aussi être fait avec les communautés juives séfarades dans les pays musulmans, du Maroc à l'Iran, qui sans être chassées, subirent les tensions liées au conflit entre Israël, les Palestiniens et les pays arabes.
De tout cela se fait l'écho la nouvelle éponyme, peut-être la plus personnelle de l'auteur, avec la finesse dans la description de la complexité des relations interpersonnelles qui caractérisent les périodes de conflits telles qu'elles sont vécues par les acteurs. Ainsi, l'auteur parle-t-il avec humanité et empathie d'un commissaire turc, d'un Grec atrabilaire, d'un gardien hypocrite et vénal, de turcs agresseurs et agressifs mais honteux de ce qu'ils ont fait le lendemain.
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Fan de Petros Markaris depuis 2001 et son" Journal de la nuit", j'ai lu depuis tous ses romans ... et j'ai eu la chance de le rencontrer, en octobre 2018, à la médiathèque du village voisin où il avait été invité dans le cadre du festival Polars du sud.

Ce jour-là, il avait évoqué ce recueil de nouvelles qui allait bientôt sortir en France, et qui traiterait de sujets qui lui tiennent à coeur.

J'ai donc eu la surprise d'y retrouver le Commissaire Charitos menant l'enquête dans deux de ces nouvelles, la première concernant l'enquête sur le décès d'un écrivain postulant à l'Académie d'Athènes.

Mais on quitte très vite la Grèce pour l'Allemagne où un policier turc donne un coup de main à ses anciens collègues allemands pour retrouver l'assassin d'un ami de son père ...

On remonte le temps pour partir à Istanbul, la Ville comme il l'écrit, car il ne faut pas la nommer, tant le souvenir de l'exil est lourd ! 

On découvre les difficultés de cohabitation entre Grecs et Turcs dans l'Istanbul des années 20, la deuxième guerre mondiale et ses compromissions, mais aussi comme je l'ai appris dans la nouvelle qui a donné son nom au recueil 'Trois jours', le 'pogrom' de 1955, et les débuts de la crise chypriote, qui a vu la destruction de magasins et des biens des Grecs et a provoqué une nouvelle vague d'exil 

Petros Markaris sait bien nous parler de la Grèce d'aujourd'hui, d'Athènes et des femmes ... Avec ce recueil, il a livré des pans de son histoire personnelle et nous montre d'autres facettes de son talent 

Vivement son prochain opus !
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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Je découvre Petros Markaris avec ce recueil de nouvelles qui se démarque un peu (d'après la postface de Michel Volkovitch) de ses romans policiers qui mettent en scène les enquêtes du commissaire Charitos dans la ville d'Athènes. Ces nouvelles sont pourtant bien ancrées dans l'univers du polar puisque la violence et le meurtre sont présents tout le long du recueil. Mais Markaris semble s'intéresser plutôt à l'histoire contemporaine de son pays et de son environnement européen (excursion en Allemagne, références au Royaume-Uni, présence vitale d'Istanbul et de la Turquie européenne), il semble s'intéresser plutôt à la société grecque et européenne d'aujourd'hui qu'aux enquêtes policières qui apparaissent ainsi comme prétextes à voir plus loin.
Etant lui-même un déraciné, Markaris présente dans ses petits récits les inconséquences des nationalismes. Il interroge les notions de patrie et d'identité. On est Grec de la Ville (Istanbul) parce qu'il y a les Turcs; on est Turc parce qu'il y a les Allemands; on est Musulman parce qu'il y a les Chrétiens, etc. Markaris parvient ainsi très simplement à nous faire sentir les impasses des pensées communautaires et identitaires.
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Pas tout à fait policier ce recueil de nouvelles, dans le sens où il ne s'agit pas d'enquête et de suspens. Mais des policiers souvent présents, autour de cette arme léthale que sont certains bas instincts de la nature humaine.
Un format qui convient bien symboliquement au sujet qui apparait : les minorités. Comme si les minorités n'avaient pas droit à un format plus grand.
Pas de suspens donc, mais un fort lien entre le mot policer et le mot πόλις/ pólis , cité-État en Grèce antique, c'est-à-dire une communauté de citoyens libres et autonomes. le policier est témoin ou acteur de la façon pour les citoyens d'exercer cette liberté.
Le tout dans un cadre de soleil et d'histoire de peuples qui cohabitent, avec la bête crainte d'une majorité devant ceux qui, contraints de parler plusieurs langues, sont suspectés d'avoir un double langage.
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Tout d'abord je tiens à remercier les Éditions Points et la Masse Critique “mauvais genre” de Babelio pour ce joli cadeau !

- Un écrivain grec retrouvé assassiné chez lui, peu avant l'annonce de la nomination du prochain académicien …

- Un travailleur turc prend sa retraite en Allemagne - son pays d'adoption - et révèle à son fils que son voisin et ami (turc lui aussi) vient de se faire tuer …

- Un vendeur de tissus - d'origine grec - traverse les trois terribles jours (5-6-7 septembre 1955) d'émeutes à Istanbul après l'attentat de l'Ataturk à Thessalonique …

- Un cadavre laissé à proximité d'un puits (en périphérie d'Athènes) intrigue la police, mais attention : ne pas toujours se fier aux apparences ! …

- Un marchand d'oreillers - d'origine turque - qui voudrait quitter la Grèce et retourner mourir dans son pays, mais ne se résout vraiment pas à abandonner ses chats …

- Un prêtre grec qui collecte des vêtements pour les émigrés va se retrouver aux prises avec un “comité d'action” raciste …

- le 20 juillet 1944, un couple d'allemands écoute à la radio le discours d'Hitler, après un attentat sur sa personne malheureusement raté …

- “Pensées philosophiques” d'un commissaire de police grec sur la scène de crime d'un metteur en scène …

Petros Markaris, écrivain grec talentueux et engagé, nous régale avec huit - courtes mais non moins savoureuses - nouvelles policières, que l'on prend grand plaisir à lire !

Un auteur que j'affectionne particulièrement !
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Petros Markaris est un auteur dont je guette les parutions. Sorti en Février 2019, Trois Jours n'a pas moisi longtemps dans la PAL.

J'ai été un peu étonnée de ne pas trouver un gros polar analysant la Grèce d'aujourd'hui, mais un recueil de 8 nouvelles dont Charitos, le héros récurrent des polars de Markaris, n'est pas absent. Il résout rapidement la première énigme de l'Assassinat d'un Immortel et aura de la chance avec Crimes et Poèmes.

"3 Jours - nouvelle éponyme - la plus longue (66 pages) est aussi la plus émouvante. Elle donne la clé du livre. 3 Jours raconte le pogrom qui s'est abattu sur la communauté grecque de Constantinople - la Ville - en septembre 1955, à la suite des troubles à Chypre. Markaris est né le 1er janvier 1937 à Istanbul, il a été le témoin des événements de la nouvelle. On sent que son attachement à "la Ville" est réel, On le retrouve dans Ulysse vieillit mal

"je me contentais d'acquiescer en silence que je savais que les rums - les Grecs de la Ville - traînent derrière eux la malédiction propre à tous les minoritaires : ils ne se sentent bien nulle part; A la Ville, c'est la faute des Turcs ; en Grèce, celle des Grecs. Ils confirment ainsi le proverbe turc - "le présent fait regretter le passé" - qui montre que l'avenir n'est jamais rose.

"Markaris condamne tout nationalisme. Il est aussi bien en empathie avec des Turcs allemands qui doivent résoudre une énigme policière malgré le silence apeuré de la communauté turque. Nostalgie, mais aussi ironie et humour. Il tourne en dérision les travers de la société grecque contemporaine. Deux nouvelles se déroulent dans le milieu du cinéma qu'il connait très bien ayant été le scénariste de Théo Angeolopoulos - grand cinéaste dont je suis fan absolue -."Les metteurs en scène se font tuer, les flics écrivent des poèmes, les maisons d'éditions se changent en bistrots, la Grèce est mal barrée"Ce dernier livre est donc une réussite! Peut être mon préféré de l'auteur.
Lien : http://netsdevoyages.car.blog.
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L'assassinat d'un Immortel – Un écrivain a été tué chez lui, dans son bureau. le policier interroge son employée (d'origine arménienne), la nièce du défunt (qui le considérait comme vaniteux et prétentieux en privé), son éditeur (qui lui apprend que l'écrivain postulait pour l'Académie d'Athènes), la critique littéraire Mme Kouranu (sévère sur le talent relatif du mort). Son adversaire pour l'Académie, l'écrivain Romylos apparaît modérément motivé. Il faudra probablement se souvenir d'un autre meurtre dans le milieu littéraire, cinq ans lus tôt, qui présente des similitudes avec celui-ci…
En terrain connu – Un Turc s'est installé de longue date en Allemagne. Son fils, policier formé en Allemagne, parti vivre en Turquie, vient découvrir la maison actuelle de son père. C'est ainsi qu'il apprend le meurtre du voisin et meilleur ami de son paternel. Ce dernier projetait de bâtir une mosquée locale, qui échapperait à la montée des intégrismes religieux. En effet, deux fanatiques de l'Islam l'aurait menacé. Parfois, les intérêts de ces islamistes ultras et de l'extrême droite allemande convergent. La police ne s'est guère éternisée sur ce crime, considérant qu'il s'agissait juste d'une affaire "entre Turcs".
Trois jours – 1955. Vassilis est un commerçant qui fait partie des Grecs de la Ville à Istanbul. Sa famille avant lui a souvent subi le sort chaotique des Grecs installés ici. Lui-même est proche de la ruine. Sous l'influence d'Atatürk, le nationalisme turc se fait de plus en plus exigeant dans le pays. Son ami commissaire prévient Vassilis que la situation est en train d'empirer pour les Grecs de la Ville. Les Turcs alimentent le conflit chypriote, et un attentat (certainement simulé) visant la maison d'Atatürk ne font qu'aggraver les choses. Avec la complicité des forces de l'ordre, des émeutes entretiennent le chaos. Les Grecs de la Ville sont visés par le vandalisme. Vassilis n'y échappe pas. C'est ainsi qu'il découvre un squelette dans la cave (invisible d'accès jusqu'à là) de sa boutique. Un mystère qui réveillera son passé familial…
Le cadavre et le puits – Quand le cadavre d'un homme de trente-cinq ans est découvert dans un puits, ça entraîne une enquête de police. D'autant que la victime avait des idées de gauche, était même syndiqué. Mais les apparences sont parfois trompeuses. Une mise en scène meurtrière peut induire en erreur les enquêteurs…
Ulysse vieillit mal – Un Athénien s'est pris de sympathie pour un petit commerçant d'Istanbul faisant partie des Grecs de la Ville. Toutefois, le septuagénaire Ulysse sent le besoin de quitter la Turquie. Il va finalement habiter dans un hospice, en Turquie, où l'Athénien lui rend quelquefois visite – rarement, car leur relation n'est plus la même. Tardivement, il apprend la mort d'Ulysse. Rien de suspect, c'est un infarctus suite à un ultime "coup de sang" de révolte…
L'arc de Pompéi – En Grèce, le père Ioannis est très actif dans l'aide aux nécessiteux et aux migrants. Ce que lui reproche un comité nationaliste grec, des enragés hostiles à sa généreuse démarche. Mais le père Ionnais n'est pas de ceux qui cèdent aux pressions, il persistera. Sans doute ne mesure-t-il pas que ses ennemis (il ne s'agit plus de simples adversaires) sont des jusqu'au-boutistes…
Tentative tardive – En juillet 1944, le couple Krull accorde toujours sa confiance à Hitler. Ceux qui ont organisé un attentat raté contre le Führer sont, pour les Krull qui refuse d'y voir le début de la fin, des traîtres – qu'on va bien vite juger et condamner mort. Malgré la fermeté toujours affichée par le Reich, l'Histoire est en marche…
Crimes et poèmes – le commissaire Charitos enquête sur un meurtre commis au coeur de la nuit près d'un café-librairie, suite à une soirée de danse à laquelle participèrent le policier et son épouse. La victime est un cinéaste connu, actuellement sur un projet de nouveau film. Si Charitos interroge un modeste marchand de fleur, c'est davantage en tant que témoin que comme suspect. le policier comprend de plus en plus mal son pays : “Les metteurs en scène se font tuer, les flics écrivent des poèmes, les maisons d'édition se changent en bistrots, la Grèce est mal barrée.”
En marge des enquêtes du commissaire Charitos, ce recueil de huit nouvelles offrent une autre facette du talent de Petros Markaris. On y retrouve la même lucidité de l'auteur sur son pays (à la fois Istanbul dont il est natif, et la Grèce) et son histoire. C'est particulièrement vrai dans “Trois jours” qui illustre la position souvent incertaine des Grecs d'Istanbul. Il traite aussi de sujets de société d'aujourd'hui, avec la radicalisation contre les immigrés en Grèce, et l'Islam qui installe ses théories fortes y compris en Allemagne. Par ailleurs, ce sont des enquêtes de police plus classiques qu'il nous invite à suivre – soulignant quand même la déliquescence de la culture en Grèce. Ces crimes ne relèvent pas de la tragédie, dont ce pays fut autrefois maître en la matière. Markaris ne manque pas de nous faire sourire dès que s'en présente l'occasion. Comme dans ses romans, on savoure son regard sans préjugé.
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A l'heure où s'enveniment les relations diplomatiques entre la Grèce et la Turquie, j'ai pensé que ce recueil de nouvelles m'aiderait à y voir un peu plus clair sur les origines de cette vieille détestation entre les deux peuples.

Au travers d'énigmes policières sans grand intérêt, je n'ai trouvé aucune réponse à mes questions, que ce soit sur le conflit chypriote ou sur la chute de l'empire byzantin.

Les récits sont emplis, jusqu'à saturation, de noms de rues dont on se demande souvent si elles sont situées à Athènes ou à Constantinople, et de noms de personnages très secondaires dans la narration des scénarios.

Et si vous ajoutez à cela une traduction souvent foireuse, l'ensemble donne un résultat pour le moins indigeste, même pour l'expatrié français que je suis, habitant la Grèce depuis 13 ans...
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Ne connaissant ni le livre ni l'auteur, j'a entrepris la lecture de ce recueil de nouvelles par hasard.
Au total 8 nouvelles (dt certaines très courtes : 8 à 10 pages) dont j'ai trouvé l'intérêt inégal.
Globalement elles ont le mérite de me plonger dans un univers qui m'était étrangé : les grecs de Turquie.
Le morceau de choix est la nouvelles éponyme,"Trois jours", que j'ai trouvé vraiment excellente. J'ai aussi apprécié "Ulysse vieillit seul".
Si les autres m'ont moins séduites, celà reste un livre interressant pour découvrir l'univers de cet auteur.
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Ca n'engage que moi : Lors d'une interview de Sophia MAVROUDIS, celle-ci faisait part de son enthousiasme à lire Petros MARKARIS.
D'origine turque mais connaissant parfaitement l'histoire de la Grèce (il y vit et y enseigne), et à travers ses nouvelles, Petros MARKARIS dénonce et décrit avec humour, colère, bienveillance, noirceur les relations gréco-turque.
Avec beaucoup d'empathie pour ses personnages, ces huit histoires - policières-historiques-noires- m'ont, une fois de plus, plongée dans un pan historique, méconnu, de la Grèce et de la Turquie, des relations très tendues entre ces deux pays.
Un excellent livre à découvrir.
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