Dans une pauvre maison, un couple d'Albanais sont retrouvés morts. Et le présummé coupable est également un Albanais. Pour la police grecque d'Athènes, ça ressemble bigrement à un règlement de compte entre compatriotes, à une histoire inutilement compliquée que n'importe qui se serait dépêché à boucler. Mais c'était sans compter sur l'inspecteur Kostas Charitos, chez qui le sens du devoir et de la justice l'emporte sur tout. C'est le début du
Journal de la nuit.
C'est le premier roman de
Petros Markaris qui met en vedette ce fameux inspecteur. (Malheureusement pour moi, j'ai lu sa série l'envers !) Déjà, on peut constater ses traits qui resteront inchangés : sa manie de consulter le dictionnaire, qui lui permet de faire le ménage dans ses idées et d'aller à l'essentiel, mais surtout sa persistance sans tenir compte des qu'en-dira-t-on. Quitte à se mettre à dos ses supérieurs !
Alors que l'enquête piétine, une journaliste-vedette de la télévision déclare qu'elle a trouvé des informations capitales qu'elle promet de révéler au bulletin de fin de soirée. Mais voilà que ladite journaliste est retrouvée morte assassinée avant sa révélation choc. Coïncidence ? Plus on avance dans l'histoire, plus on réalise qu'on n'a pas affaire à un simple règlement de compte, que l'enjeu devient toujours plus important. Crime organisé ? Complot ? Affaire d'État ? Tout y passe.
Avec le
Journal de la nuit, on apprend beaucoup sur le système judiciaire grec. J'ai été estomacqué de constater tout le pouvoir que les élus et, à travers eux, mêmes les non-élus peuvent exercer sur le déroulement d'une enquête. Je comprends que des politiciens puissent exiger des résultats, choisir les dirigeants des corps policiers mais de là à intervenir directement, allant jusqu'à dicter quelles pistes privilégier, qui ne pas interroger ou même considérer comme suspect, ouf !
Bref, déjà dans sa toute première expérience comme écrivain de roman policier,
Markaris démontre qu'il est capable de mener habilement une affaire et d'en faire grossir l'enjeu exponentiellement de façon crédible. Tout en y ajoutant un peu d'humour et en égratignant au passage les milieux des médias et de la politique. Et sans doute aussi de la police. C'est une vraie critique sociale !