D'habitude, je n'aime pas trop le format nouvelles. Parce que je suis souvent frustrée par un goût de trop peu, le sentiment de ne pas avoir pris le temps d'aller au fond d'un sujet.
Ce ne fut pas le cas ici.
Entre souvenirs d'enfance et légendes rwandaises, chaque nouvelle est une histoire complète en soi. Il faut dire que l'autrice excelle dans le genre, ce qui lui a d'ailleurs valu un prix pour cet ouvrage. le revers de la médaille étant que dans son roman
Notre Dame du Nil, j'avais parfois l'impression que les chapitres étaient accolés les uns aux autres sans réel fil conducteur fort. Et ma lecture de ce recueil me donne un éclairage sur ce sentiment:
Scholastique Mukasonga est vraiment forte pour conter avec densité, en peu de pages, toute une intrigue, y apportant couleurs et émotions.
La plupart des nouvelles murmurées par la colline se déroule dans l'enfance de l'autrice, une période durant laquelle les missionnaires blancs occupaient la place, où les Hutus et les Tutsis se haïssaient déjà (existe-t-il un temps où ce ne fut pas le cas?), où les congolais, bras armés des belges, semaient la crainte dans les collines. A travers ses récits,
Scholastique Mukasonga fait revivre certaines croyances, leur redonnant parfois du sens, et teinte le tout d'une couche de nostalgie sans amertume.
J'ai particulièrement bien appréciée la nouvelle Malheur qui donne la voix à plusieurs femmes sur l'origine supposé de la malchance qui semble poursuivre l'une d'entre elle. Et à travers la dernière nouvelle, un pygmée à l'école, nous découvrons que le racisme a toujours été tapi au coeur de toute les civilisations et qu'il s'exprime toujours par les même voies.
Le personnage principal reste le Rwanda, cette terre maudite, aux portes d'un Burundi qui effraie, dans une Afrique qui manque de luxuriance.
Un recueil de nouvelles bien intéressant pour entrer dans la culture rwandaise, sans démagogie, juste par le bout des sentiments.