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EAN : 9782072781599
192 pages
Gallimard (08/03/2018)
3.86/5   76 notes
Résumé :
Comment sauver son enfant d’une mort certaine ? Faut-il, comme le croit le père de l’auteur, faire confiance à l’école afin qu’elle obtienne un «beau diplôme»? Ainsi elle ne serait plus ni hutu ni tutsi : elle atteindrait le statut inviolable des «évolués».
C’est justement pour obtenir ce certificat que l’auteur sera obligée de prendre le chemin de l’exil. Elle passera de pays en pays, au Burundi, à Djibouti puis en France. Tantôt les chances que lui promett... >Voir plus
Que lire après Un si beau diplôme !Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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"Comment sauver son enfant d'une mort certaine ? Faut-il, comme le croit le père de l'auteur, faire confiance à l'école afin qu'elle obtienne un «beau diplôme»? Ainsi elle ne serait plus ni hutu ni tutsi : elle atteindrait le
statut inviolable des «évolués».

Cette petite phrase introductive dit l'essentiel de ce texte autobiographique d'une dame , qui reçut le prix Renaudot, en 2012... avec "Notre-Dame du Nil"... [qu'il me restera à découvrir ! ]

Un texte aux sujets douloureux, rappelant les horreurs survenues au Rwanda... dans les années 1990. le père de l'auteur se battra pour tenter de sauver ses enfants par l'école, les filles y compris !

Mais le talent suprême de Scholastique Mukasonga... est de ne jamais être dans les pleurs, le drame... de rester dans la vie , en dépit des pertes insupportables [ le massacre de sa famille], elle se bat pour ce fameux diplôme d'"assistante sociale", qu'elle veut obtenir envers et contre tout; Elle affronte toutes les difficultés, les exils, les adaptations aux différents pays où elle doit vivre...et travailler !

Beaucoup de mal à parler de cette lecture, qui m'a très fortement émue !...

"Cosmas, mon père, je peux dire que je lui dois deux fois la vie. D'abord, c'est mon père, mais c'est lui aussi qui m'a encouragée à aller à l'école, moi qui, petite fille, préférais trottiner accrochée au pagne de ma mère (...)
C'est grâce à lui que le français, qu'il ne connaissait pas, est devenu pour moi cette seconde langue qui fut mon passeport et mon sauveur. Mon père s'était juré de sauver au moins un de ses enfants par l'école, et il ne s'est pas trompé. "(p. 174-175)

Un très beau récit ainsi qu' un hommage infini à son père et sa mère...aux siens. Les mots, l'instruction, les livres ...les études pour tous les enfants, les garçons comme les filles.. .pour lutter contre toute BARBARIE !

Le récit, la mise en valeur également de l'Afrique, des coutumes, des traditions...Un livre qui de façon incroyable déborde de Vie, d'enthousiasme, de détermination... des plus communicatives... des plus exemplaires... !
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Voici le beau récit autobiographique de l'auteur de retour au Rwanda, des années aprés le génocide de 1994, qui explore entre joie et tragédie, humanité , force et modestie cette quête obstinée surtout ," d'école en école" , du fameux diplôme "d'assistante sociale "qui selon son père, Tutsi, pour qui faire confiance à cette institution était primordial, afin que celui - ci lui ouvre des portes prometteuses . ......
Devenir "assistante sociale "la hisserait , elle, de condition modeste, au dessus du statut --ni Hutu ni tutsi----: "elle atteindrait le niveau inviolable des évolués", elle , si courageuse et si forte...
La romancière évoque , à l'aide de son écriture imagée , enjouée, ses mots et ses images , maniant la langue comme personne , les exils , les déplacements successifs, les humiliations de sa communauté méprisée comme de sa famille .....du Rwanda jusqu'au Burundi ....
Avant que le massacre de huit cent mille Tustis d'avril à juillet 1994, n'élimine tous les siens .
Mariée à un français , elle vivait alors en Normandie ......
Ce qui est remarquable dans ce récit solaire , infiniment émouvant ,c'est sa volonté inébranlable de devenir une femme "libre" et éduquée, sa fierté d'être Africaine, riche des coutumes ancestrales et du savoir - faire de son peuple, sa capacité d'accueil, sa dignité , sa pudeur , sa politesse, ses traditions immuables .
Sa lutte opiniâtre grâce à son beau diplôme ce " talisman" , cette source d'énergie inépuisable qui lui permettront de surmonter désillusions, humiliations , mises à l'écart, désespérances et déconvenues donnent une force incroyable aux savoureuses anecdotes de sa jeunesse.....
Elle fait revivre à sa manière positive, enthousiasmante, déterminée, jamais négative la culture de son peuple , les subtilités de sa langue , en forme d'hommage à ses parents disparus , une communauté dévastée et sacrifiée .
Un récit pétri d'humour et de fantaisie qui rend passionnant le récit des ses souvenirs , si douloureux --- soient-ils !
J'ai lu plusieurs livres sur le drame du Rwanda mais jamais vu du côté positif et déterminé , une force de vie et une générosité telles malgré un parcours si difficile et chaotique !
C'est la grâce de l'entreprise littéraire !
Mais ce n'est que mon avis , bien sûr !
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Elle a passé la moitié de sa vie à courir après un modeste diplôme d’assistante sociale. Son père croit que l’école sauvera ses enfants, un beau diplôme c’est un passeport pour l’avenir, la seule preuve au monde que l’on existe, un véritable sauf-conduit, qui permet de préserver sa dignité, son indépendance, d’assurer la protection de ses enfants. Sa carte d’identité porte, comme une marque infamante, la mention TUTSI. Chassée de son pays, réfugiée au Burundi frontalier. Mais hélas ce diplôme, quand on est réfugié ne lui donne pas les mêmes chances que ses camarades, commence le long chemin chaotique et difficile pour trouver du travail.

Mariée à un Français la voilà à Djibouti où on n’a pas l’utilité d’une assistante sociale puis en France où son diplôme n’a aucune valeur, il faut un diplôme français. À la veille de ses quarante ans, elle reprend donc ses cahiers, retrouve les bancs de l’école où les élèves ont l’âge de ses enfants.

Dans ce récit autobiographique, Scholastique Mukasonga nous raconte le parcours d’une jeune fille, devenue femme qui s’obstine à obtenir un diplôme. Une écriture enjouée, remplie d’anecdotes, de traditions, de coutumes pour nous conter son histoire et à travers elle, celle de son peuple condamné à s’exiler jusqu’au génocide des Tutsis, où trente-sept membres de sa famille sont assassinés. Un hommage à son père, considéré comme un sage, devenu modeste commerçant, car un homme se déshonore s’il reste à la maison comme une femme, un père qui est persuadé que l’éducation est un laissez-passer vers la liberté.

Le parcours d’une jeune fille qui ne possède qu’un seul livre et qui va découvrir émerveillée, une bibliothèque dont les murs sont tapissés de livres. Ce récit se termine par le retour à Kigali, au Rwanda aujourd’hui, sur les traces de la terre de ses parents, un pèlerinage douloureux, même le lac où elle allait chercher de l’eau a disparu comme mort de chagrin. Hôtels, restaurants, entreprises ont poussé comme des champignons, aujourd’hui les femmes sont partout, elles sont députés, médecins, militaires, femmes d’affaires. Ce sont les femmes qui choisissent leur mari, c’est le Rwanda nouveau !

Le récit émouvant d’une femme généreuse fière de ses origines, de la richesse de son peuple sacrifié.

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Un si beau diplôme ! c'est celui d'assistante sociale, convoité par la narratrice. Mais ce diplôme, c'est surtout le symbole de l'éducation que ses parents ont voulu pour leur fille et la garantie d'un travail ensuite. Pour l'obtenir, la jeune fille quitte le Rwanda pour le Burundi où elle peut terminer ses études, avant de suivre son mari à Djibouti puis en France, où ce "si beau diplôme" n'est pas valide et où elle doit tout recommencer. de cette profession d'assistante sociale, il est finalement assez peu question, sauf lorsqu'elle est exercée par d'autres, et le roman est surtout un retour sur la jeunesse, l'exil, la détermination du personnage, ainsi que, devenue adulte et vivant en France, sur le deuil de tous les siens, Tutsis Rwandais. le ton sait être à la fois léger et inviter à la réflexion. La narratrice montre aussi bien son humour que son courage et sait porter un regard juste sur ce qu'elle rapporte. Il est aisé de la suivre dans son parcours à la fois d'émancipation et de retour aux sources familiales.
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Scholastique Mukasonga n'a que 4 ans quand sa famille Tutsi est déportée à Nyamata. Quand le père de famille comprend que ses enfants devront toujours lutter pour se faire une place dans ce Rwanda où les Hutus les haïssent, il s'obstine à leur faire prendre le chemin de l'école, persuadé qu'un beau diplôme les sauvera.
La jeune Scholastique réussit l'examen d'entrée au secondaire puis celui de l'école d'assistante sociale de Butare. Mais les raids contre les Tutsis se multiplient, elle doit fuir au Burundi où elle compte bien finir son cursus…
A travers ces « péripéties d'une jeune diplômée », c'est son histoire de réfugiée puis d'exilée, avec son cortège de galères, de colère et d'injustices que Mukasonga donne à voir. Pourtant, le ton n'est pas dramatique, il y a de l'humour et de la poésie dans cette écriture vive, et une certaine tendresse dans le regard que porte Scholastique Mukasonga sur les habitants de cette région d'Afrique; Beaucoup de passages m'ont fait sourire, d'autres sont touchants d'humanité.
Tout est en contraste dans ce récit autobiographique, peut-être à l'image de ce que ressent l'autrice pour cette terre qui est la sienne et qui lui a pourtant tout pris.
C'est de ce contraste que vient la force du récit, montrer la douleur de l'exil à hauteur de jeune fille, qui voit le monde avec l'espoir et la naïveté sincère des jeunes gens.
Finalement ce n'est pas le beau diplôme de Mukasonga qui la sauvera, mais bien cette confiance qu'elle place dans l'injonction de son père à réussir, cette vivacité d'esprit et cette détermination, qui force l'admiration.
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Citations et extraits (58) Voir plus Ajouter une citation
"Maman, pourquoi ne nous as-tu pas appris le kinyarwanda ? Ne sommes-nous pas nous aussi rwandais ? Nous avons honte quand nous allons au Rwanda voir nos cousins et nos cousines. Que pensent-ils de nous ? Que nous méprisons leur langue ? " A cette époque, j'avais peur pour mes enfants. La langue est une identité, et cette identité , on me l'avait niée. Elle était devenue une menace de mort. Je voulais leur épargner cette menace, qui semblait planer sur eux comme elle planait sur moi. (p. 105-106)
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Mes enfants grandissaient, leurs petits copains étaient français, l’aîné entrait à l’école française. Je me refusais à leur parler en kinyarwanda. Ils me le reprochent amèrement aujourd’hui : « Maman, pourquoi ne nous as-tu pas appris le kinyarwanda ? Ne sommes-nous pas nous aussi rwandais ? Nous avons honte quand nous allons au Rwanda voir nos cousins et nos cousines. Que pensent-ils de nous ? que nous méprisons leur langue ? » À cette époque, j’avais peur pour mes enfants. La langue est une identité, et cette identité, on me l’avait niée. Elle était devenue une menace de mort. Je voulais leur épargner cette menace, qui semblait planer sur eux comme elle planait sur moi. Je voulais les éloigner de mes cauchemars. Je ne voulais pas qu’ils soient tutsi. 
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Cosmas, mon père, je peux dire que je lui dois deux fois la vie. D'abord, c'est mon père, mais c'est lui aussi qui m'a encouragée à aller à l'école, moi qui, petite fille, préférais trottiner accrochée au pagne de ma mère (...)
C'est grâce à lui que le français, qu'il ne connaissait pas, est devenu pour moi cette seconde langue qui fut mon passeport et mon sauveur. Mon père s'était juré de sauver au moins un de ses enfants par l'école, et il ne s'est pas trompé. (p. 174-175)
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Le jour tant désiré de la remise du diplôme arriva enfin. J'allais vraiment le posséder, ce fameux papier, ce serait le mien, à mon nom, rien qu'à moi. (...)
Ce serait ma sauvegarde, mon sauf-conduit dans les périls de cette vie, mon véritable passeport : la seule preuve que, quelque part dans le monde, j'existais. (p. 47)
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Les malheurs du pauvre Edmond Dantès me fascinaient. Reviendrais-je comme lui au pays ? Mais faudrait-il comme lui, devenu comte de Monte-Cristo, exercer vengeance ? Ces questions me dépassaient mais, en attendant, l'école d'assistantes sociales devenait mon château d'If et il ne me restait plus qu'à trouver un abbé Faria et son trésor. Comment aurais-je deviner que mon trésor serait de pouvoir écrire ? (p. 18)
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Videos de Scholastique Mukasonga (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Scholastique Mukasonga
Ce dimanche 7 avril 2024 marque les 30 ans du dernier génocide du XXe siècle, celui des Tutsi au Rwanda. le pays a-t-il achevé sa reconstruction après l'horreur ? Comment se passe la cohabitation entre les victimes et leurs bourreaux, en grande partie sortis de prison depuis quelques années ?
Pour en parler et analyser la situation, Guillaume Erner reçoit : Hélène Dumas, historienne, chargée de recherches au CNRS au Centre d'études sociologiques et politiques Raymond Aron. Scholastique Mukasonga, écrivaine rwandaise. Dominique Célis, écrivaine belgo-rwandaise.
Visuel de la vignette : Alexis Huguet / AFP
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