La grande chanteuse Kitami est morte de façon bien étrange, accident ? suicide ? meurtre ?
Alors que tous s'interrogent l'auteur nous dévoile l'histoire qui va mener jusqu'à ce drame dans ce livre en deux parties.
Dans la première elle nous fait découvrir les hommes d'origines diverses (Afrique, Caraïbes) qui accompagneront Kitami au tambour.
Dans la seconde, elle nous raconte l'histoire de cette petite fille rwandaise d'origine tutsi que tous nomment Prisca et qui va devenir la grande chanteuse Kitami.
Alors qui est responsable de la mort de Kitami, et pourquoi ne serait-ce pas Ruguina ce tambour aux pouvoirs magiques qui accompagne la Reine Kitami depuis des siècles ?
Un très joli livre qui nous transporte d'un coté à l'autre de l'Atlantique et qui fait le lien entre croyances et culture africaine traditionnelle et cultures créole et rastafari de ces hommes et femmes descendants d'esclaves arrachés à l'Afrique.
Commenter  J’apprécie         70
Lu dans le cadre du #tartetatinbookclub , j'appréhendais ce roman avec curiosité. Pour commencer, je n'y connais rien à la culture africaine et encore moins sur le Rwanda, sauf ce que j'entendais petite aux infos concernant le génocide des Tutsi. Je n'y connais non plus pas grand chose en musique africaine hormis Fela Kuti, mais ce n'est pas vraiment le même coin. Enfin, je ne m'y connais vraiment pas sur les croyances, uses et coutumes en l'Afrique.
À la lecture (laborieuse) de la 1ere, je me rends compte que réduire ce roman à la culture Africaine est vain. On partage le quotidien américain d'un jamaïcain, d'un créole et d'un rwandais. Autant vous dire que j'ai découvert des cultures noires!
J'ai eu du mal donc avec cette 1e partie écrite de façon très journalistique qui ouvre le bouquin (-1)
Et en même temps j'ai appris énormément de choses (c'est peu de le dire!!!) (+1)
Ensuite je me suis laissée embarquer dans la 2eme partie, beaucoup plus romanesque et fascinante. Je prends beaucoup de plaisir à découvrir les croyances et le mysticisme africains (+1)
Et puis la chute retombe un peu comme un soufflet. Un goût de trop peu. Je comprends l'envie avec cette fin ouverte mais aaaaaah noooon je veux savoir hahaha (-1)
-2 et +2 Ça s'annule. Mais ce fut une belle découverte!
🥁🥁🥁
Commenter  J’apprécie         10
Les instruments à percussion existent depuis le début de l'histoire de l'humanité ; à ce titre, le tambour est un instrument de musique présent dans la plupart des cultures où il a un caractère officiel, cérémonial, sacré ou symbolique. Au Rwanda, pays d'origine de Scholastique Mukasonga, comme dans toute l'Afrique, la musique des percussions rythme l'oralité des traditions et accompagne, comme les chants et les danses, toute la vie de la population, vie quotidienne et vie publique.
La colonisation et le génocide n'ont pas pu faire taire les tambours et leurs tambourinaires rwandais. Dans son dernier roman, Scholastique Mukasonga se fait la porte parole de l'identité rwandaise par le biais du tambour et de ses percussions envoutantes et en mettant en scène les divinités féminines ancestrales autour d'un portrait de femme.
Le premier récit est écrit comme un documentaire ; cela pourrait être le compte rendu d'un chercheur, le reportage d'un journaliste, un essai sur les cultures musicales noires ou encore la biographie d'une artiste… quelque chose comme cela, un peu tout cela en fait. À l'occasion de l'anniversaire de sa mort, survenue dans d'étranges circonstances, nous suivons l'itinéraire et la carrière internationale d'une chanteuse rwandaise qui se faisait appeler Kitami. J'ai personnellement eu un peu de mal à adhérer à l'écriture distanciée, laborieuse d'un narrateur dont on ressent l'effort, la recherche et le travail de synthèse et qui manque donc d'invention, de spontanéité et de cette simplicité efficace que j'apprécie tant chez cette auteure.
Je retrouve mieux Scholastique Mukasonga dans le second récit, à la première personne, parce que je connais mieux cet univers déjà exploré dans mes précédentes lectures de Inyenzi ou les cafards et de Notre Dame du Nil. La narratrice, Prisca, raconte sa vie de petite fille, puis d'adolescente ; son parcours ressemble à celui de Scolastique Mukasonga de l'école primaire à l'examen national qui ouvre l'accès aux études secondaires et certaines anecdotes de la vie familiales sont très proches de celles que l'auteure nous a déjà racontées dans son autobiographie. Un avertissement de l'éditeur, au tout début du livre, annonçait cette autobiographie fictionnelle, topos littéraire du récit mystérieusement arrivé entre les mains d'un narrateur qui n'a d'autre choix que de le publier
La très courte troisième partie, en forme d'épilogue, se veut conclusion ouverte à toutes les interprétations possibles.
Que voilà un étrange roman ! Que voilà une écriture polyphonique pour plusieurs dimensions et niveaux de lecture… Ce que je vais livrer ici n'est que ma propre interprétation.
La carrière de la chanteuse Kitami se déroule loin de son pays d'origine, qu'elle a quitté pour se joindre à un groupe de musiciens venus récupérer un tambour ancestral au Rwanda. Son parcours musical est une métaphorisation de l'altérité de la négritude de l'Afrique à l'Amérique en passant par les Caraïbes. C'est une vision extérieure, un vision étrangère d'une culture que nous ne connaissons, pour la plupart d'entre nous, que d'après une littérature exotique faite de musique obsédante, d'amazones guerrières, de reines oubliées de pays légendaires, de vaudou et de tambours magiques… C'est aussi un rappel de la colonisation et de ses dérapages et de la guerre civile.
La vie est le destin de Prisca nous ramènent au Rwanda, lieu mythique et fondateur, voué au génocide : Prisca, devenue Kitami, incarne l'Afrique ancestrale et ses divinités féminines, dont la fameuse Nyabingui. Prisca devient passeuse de mémoire et de culture. Son chant incantatoire se fait épopée renversée car si elle va au bout de sa transe, elle va annoncer l'indicible : sa mort n'est qu'une tentative désespérée de taire cette prophétie pour empêcher qu'elle se réalise.
Encore une fois, on ne sort pas indemne d'un roman de Scholastique Mukasonga. Coeur Tambour mérite une lecture assidue, ouverte et quelques retours sans doute pour tout s'approprier.
Commenter  J’apprécie         130
L'écrit, disait-elle, tuera tous ces mots qui sont venus en mois sans que je les contraigne... si on les imprime sur une page, ils ne seront plus que ces papillons épinglés dans la boîte de l'entomologiste, ils finiront par tomber en poussière.
Commenter  J’apprécie         10