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EAN : 9782258197886
512 pages
Presses de la Cité (02/06/2022)
4.39/5   27 notes
Résumé :
3 août 1914. Le premier mort français de la guerre ne fut pas le fait d’un Allemand, mais d’une femme qui repoussait les assauts de son mari ! Sous le nom de Colline La Chance, celle-ci se réfugie à Amiens. Et elle sera la chance de la Citadelle, village abandonné que vont peupler deux cents femmes rejetées, filles mères, veuves, qui vont former la section Caméléon, des expertes dans l’art naissant du camouflage qui doit épargner la vie des soldats. C’est la vie de ... >Voir plus
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3 août 1914, la guerre est déclarée et Colette assomme son mari alors qu'il s'apprêtait à la violer une fois de plus, la fois de trop ! Croyant l'avoir tué, elle s'enfuit jusqu'à Amiens sur sa bicyclette pour changer vie, rencontrer la misère jusqu'à ce qu'elle soit embauchée dans la section camouflage de l'armée française.

Les français se battaient encore en pantalon garance et capote bleue, les armes astiquées, de vraies cibles ambulantes ! Enfin quelqu'un a bien voulu croire que se camoufler n'est pas de la lâcheté mais du bon sens. La Section Camouflage était née et allait se développer sur les bases des décors de théâtre sous la direction d'un peintre avec le concours du “père” de Bécassine et de deux décorateurs de théâtre.

Ils vont amener 200 femmes dans un village abandonné, construit autour de grands bâtiments et qui sera renommé la Citadelle. Ces travailleuses de filatures de velours n'ont que leur misère et rien n'a été prévu pour leur installation. Colette s'est présentée comme Colline la Chance et sera celle qui saura organiser leur vie au milieu des tâtonnements de l'invention du camouflage !

Un roman historique qui n'épargne pas le lecteur, les conditions de vie de ces femmes sont abominables ; l'invention, la création et l'usage du matériel de camouflage sont pétris de difficultés mais l'urgence est là, les hommes de troupes se font tirer comme des lapins !

Toute une partie de la grande Histoire et de l'histoire de l'armée méconnue et surtout de ces femmes qui ont dû se réinventer à partir de rien pour permettre aux hommes au front de survivre !

Un bon roman, agréable à lire, mais pas toujours facile, avec son côté qui fait la part belle à l'humain mais s'attache aussi au développement technique de cette période charnière pour notre société !

#LesFillesdelasectionCaméléon #NetGalleyFrance

Challenge Pavés 2022
Lecture Thématique juin 2022 : Les titres à rallonge
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Un roman passionnant qui met en lumière des oubliées de la guerre: des femmes qui ont participé à l'effort de guerre en travaillant pour l'armée en fabriquant de quoi camoufler les soldats et leur armement.
J'ai tout de suite accroché avec l'héroïne. Alors que le tocsin sonne le début de la guerre, un mari alcoolique braguette ouverte s'apprête à violer une nouvelle fois sa femme. Sauf que cette fois, la jeune femme lui assène un coup de Christ en bronze sur la tête.
La jeune femme, persuadée d'avoir tué son mari, s'enfuit jusqu'à Amiens . Là elle se fera appeler Colline La chance car elle est bien décidée à reconstruire sa vie. Elle se fera embauché à la citadelle ainsi que 200 femmes pour fabriquer des fausses vaches, des faux arbres, de faux canons, des feuilles, et même de faux tanks ! L'art du camouflage venait de naître. Surtout que nos pauvres soldats en étaient encore à l'uniforme bleu et rouge histoire d'être bien vus de l'ennemi ! A la tête de la citadelle, des artistes de théâtre qui vont diriger les opérations.
Je ne connaissais pas du tout cet aspect de la première guerre mondiale (à part le changement d'uniforme !) et j'ai trouvé ça passionnant de les voir imaginer et fabriquer ces instruments de camouflage. Ils ont certainement contribué à sauver beaucoup de vies et c'est dommage de ne pas avoir mieux saluer leur travail et leur intelligence.
Travail pénible dans des conditions de vie pas possibles pour ces pauvres femmes. Mais Colline va être la chance de toutes car aux côtés de Vovonne , elle aura à coeur de trouver des idées pour améliorer le quotidien des femmes.
La plume de l'auteure est agréable. J'ai passé un très bon moment de lecture.
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Le théâtre des opérations
1914 : Colette ne supporte plus les viols conjugaux de son mari. le jour de la déclaration de guerre, en tentant de repousser ses assauts, elle l'assomme d'un coup sur la tête. le croyant mort, elle s'enfuit sur sa bicyclette et rejoint Amiens où elle se fait embaucher comme ouvrière aux « Velours » un atelier de confection qui emploie ou plutôt exploite les femmes de la région. Mais la guerre s'installe et se rapproche d'Amiens. Les ateliers ferment… Les femmes se retrouvent sur le pavé, jusqu'au jour où elles vont devenir « les filles de la section caméléon », les ouvrières spécialisées dans le camouflage militaire.
J'ignorais tout de ce volet de l'Histoire de la Grande Guerre. Il est vrai qu'entre 1914 et 1915, les soldats français portaient un uniforme au pantalon garance ! Rien de mieux pour être repéré par l'ennemi et tiré comme des lapins… Ce sont des décorateurs de théâtre (la plupart des théâtres parisiens étaient fermés) qui ont l'idée de « recycler » leurs décors dans le contexte militaire : camoufler les canons, les positions des soldats, créer de faux arbres qui permettront à des tireurs de s'embusquer sans risque, fabriquer de fausses vaches qui pourront être déplacées, puis en 1917, des vrais faux tanks directement inspirés des véhicules anglais. A force de démonstrations, ils sont parvenus à convaincre l'Etat Major (notamment le Général de Castelnau) de la nécessité d'utiliser ce « maquillage ». J'ignorais tout du destin extraordinaire de ces femmes que l'auteure installe dans une cité ouvrière abandonnée (fictive) « La Citadelle ». Colette, devenue Colline La Chance, ses amies Vovonne et Cupéli échappent ainsi pour un temps à l'extrême pauvreté de leur condition d'ouvrières du textile et elles vont sauver des milliers de vie.
Ce roman historique est inspiré de faits réels, de personnes ayant existées, tels les décorateurs Louis Bérard et Emile Bertin, le peintre Lucien-Victor Guirand de Scévola, le créateur de Bécassine Joseph Pinchon. Mais l'auteure a su donner vie aux personnages fictifs, notamment les femmes de la Citadelle, des veuves, des filles-mères, dont la plupart étaient rejetées par leur famille et qui n'avaient nulle part où aller. La section Caméléon leur a donné plus qu'une seconde chance, une véritable identité. C'est aussi l'occasion d'en apprendre un peu plus sur la condition féminine à l'orée du XXème siècle à travers ces ouvrières mais aussi les comédiennes de théâtre et les femmes de la « bonne société ». Aucune n'était épargnée par les épreuves dues à la guerre : chacune avait au moins un membre de sa famille au front, frère, neveu, fiancé, mari... Puis, alors que les combats semblent terminés, la grippe espagnole frappe indifféremment soldats, officiers et civils.
Un bon roman qui conjugue avec succès les petites histoires dans la grande Histoire et qui fait la part belle à de beaux personnages féminins.
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Le 2 août 1914, le tocsin sonne. Une femme se fige. Elle refuse, qu'avant de partir à la guerre, son mari lui impose un viol de plus. Alors qu'il s'approche d'elle, le pantalon baissé, elle le menace de le tuer. Il continue à s'avancer. « Elle saisit le Christ, en croix sur son pied de bronze. […] Coup de massue sur la tempe gauche. » (p. 14) Elle prend quelques bagages et s'enfuit. Arrivée à Amiens, à 200 km de chez elle, elle se fait embaucher à l'usine des Velours Cosserat, sous le nom de Colline La Chance. le 24 août, des réfugiés déferlent dans la ville et l'entreprise ferme.


Après des mois de survie difficile, le 20 avril 1915, elle se présente à la Citadelle, avec une trentaine de ses anciennes collègues. Dans ce village abandonné, deux cents femmes ont été recrutées pour effectuer un travail de peinture et de moulage pour une arme secrète. Elles sont veuves, filles mères, rejetées ou elles fuient leur passé. Elles sont venues parce que la paye est « supérieure d'un franc par jour au salaire des manufactures et que le logement (est) gratuit. » (p. 94) Elles intègrent la section Caméléon chargée, sous la direction du peintre Scévola et de deux décorateurs de théâtre, de fabriquer des faux éléments de paysage pour tromper l'ennemi allemand. Elles fabriquent des faux arbres, des fausses vaches, etc. pour cacher les soldats.


Alors qu'elles prennent possession des lieux, elles découvrent que le confort est spartiate. Elles se regroupent alors en communauté. Au départ, elles réclament des matelas, une pièce pour se laver, etc. Ensuite, guidées par Colline, elles font revivre le village. Leurs personnalités sont différentes, mais elles sont toutes motivées par le désir de survivre et d'aider à la protection de leurs fils, de leurs pères ou de leurs frères qui se battent sur le front. Timides ou au caractère affirmé, elles trouvent toutes leur place. Elles sont solidaires et malgré la guerre, certaines vivent les plus beaux moments de leur vie. Leur mission leur redonne confiance en elle et l'amitié les réconforte. Lorsque l'une est menacée, elles font front. Quand le chagrin s'abat sur une autre, elles l'entourent de soutien. Elles se réjouissent des bonheurs des unes et espèrent pour les autres. Elles sont très attachantes.


Les sections Caméléon sont méconnues de l'Histoire. Les filles de la section Caméléon raconte l'histoire de ces femmes qui ont oeuvré secrètement pour l'effort de guerre. Lucien Scévola, Louis Bérard, Émile Bertin et Joseph Pinchon, le créateur de Bécassine, mais aussi le chien Rintintin ont véritablement existé. Dans ce roman, ces hommes encadrent le travail des personnages imaginaires de la Citadelle. Martine Marie Muller a brillamment mêlé la réalité à la fiction. Elle rend hommage à ces femmes et à ces hommes, parfois considérés comme « planqués » après la guerre, mais qui ont, par leur art, permis d'épargner des vies. J'ai été passionnée par le récit de cette mission de camouflage que je ne connaissais pas.


Ce roman est, également, une très belle histoire de femmes. Colline et ses amies sont émouvantes et leur parcours montre la domination masculine, que seule la guerre a permis d'éloigner. J'ai été touchée par leur solidarité, j'ai applaudi leurs talents d'organisation, j'ai été saisie par leurs espoirs, leurs doutes et leurs épreuves et j'ai été emportée par leurs joies. J'ai adoré Les filles de la section Caméléon.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Encore une partie d'Histoire fort mal connue, ou pas connue du tout, ce qui était mon cas.

"La section Caméléon"

L'Histoire de femmes, pendant la guerre 14-18, écrite par une femme, qui a su mettre en exergue les sentiments et ressentis de ces âmes en peine, de ces filles esseulées et perdues qui vont retrouver l'estime d'elles-mêmes le temps d'une guerre mais hélas n'en seront pas très reconnues, ni récompensées à son issue ; elles seront vite oubliées et ignorées des livres d'Histoire.

Une auteure que je lis pour la 1ère fois et en suis enchantée. Une belle écriture, des dialogues vifs, des épisodes croustillants et pas de temps morts. Des femmes, des enfants, des soldats et même un chien devenu très célèbre vont nous embarquer dans leur extraordinaire aventure.

L'armée mandate au sein de ses troupes deux hommes décorateurs de théâtre, un dessinateur, un peintre tels que Louis Bérard et Émile Bertin, pour les premiers, Joseph Pinçon créateur de Bécassine et le peintre Lucien-Victor Guirand de Scévola pour terminer, des personnages qui ont réellement existés. Ils ont pour mission de réfléchir à la création de leurres pour tromper l'ennemi.

Pour ce faire, ces hommes auront besoin de main d'oeuvre pour mettre en application et créer tous ses décors grandeur nature. Ce sont des femmes, recrutées dans les filatures, usines ou autres de la région d'Amiens, qui vont s'atteler à l'ouvrage. C'est, équipées de pinceaux, clous, vis et marteaux, machines à coudre et ciseaux mais surtout armées d'endurance et de courage qu'elles vont oeuvrer sans compter leurs heures, tout au long de la 1ère guerre mondiale pour créer des décors pharaoniques plus vrais que nature. Petit à petit elles vont s'investir aussi dans le lieu abandonné sur lequel on les a transférées pour ne pas dire parquées, constitué de hangars et baraques de bois, c'est à la sueur de leur front et aussi grâce à des dons collectés qu'elles vont créer leur propre petit village qu'elles nommeront "La Citadelle", pont toilette, laverie, garderie, école, etc seront sollicités et accordés, une communauté forte et indépendante qui s'autogère est née, la section Caméléon peut travailler en toute quiétude.

Cette section Caméléon qui a oeuvré, en créant de fausses vaches, de fausses meules, de faux arbres, de faux champs, de faux terrains, de fausses routes, cousus des vestes adaptées aux couleurs du terrain, bref des leurres pour tromper les pilotes d'avions ennemis et approcher au plus près les lignes adverses, cette section donc, a aidé en favorisant le camouflage de l'armée française à sauver la vie de beaucoup d'hommes et à gagner des batailles.

Une section qui en fin de guerre éclate, d'autant que la grippe espagnole fait rage et c'est le coeur lourd et triste que chacune devra retourner ou pas vers ses galères, sans aide ni reconnaissance du gouvernement.

C'est à travers ces 4 années de guerre que nous allons les suivre et nous attacher à elles, à Céline, Capulie, Vovonne, Yvette et toutes les autres. Nous allons même faire la connaissance de Rintintin, ce célèbre chien qui nous a tant fait rêver petits en regardant ses films.

Un roman très émouvant, plein de bon sens, merci à Martine-Marie Muller pour ce bel hommage rendu et merci aux Presses de la Cité-Terres de France et à Marie-Jeanne en particulier pour son envoi en SP.

J'ai adoré !
Lien : http://jose-lire-et-le-dire...
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Le premier mort français de la guerre ne le fut pas du fait d un Allemand, mais de sa femme.
Quand le tocsin avait sonné, elle s était figée, les mains dans la pâte à tarte. Il lui avait semblé que la vie s était arrêtée partout en France et elle demeura pétrifiée dans une vision d épouvante. Elle l avait senti jusqu ai fond des tripes, pire qu une colique, ce dimanche 2 août 1914 allait déferler comme un torrent, envahir les villes et les villages, fracassant les portes, arpentant les chemins, gravissant les montagnes, passant les cols et devalant jusqu au fond des plaines, remontant le cours des fleuves, troublant le silence des morts, ruisselant sur les visages ravagés des femmes, excitant les hommes d une colère sauvage, s imposant partout dans un mouvement de stupeur et de joie, de résignation et d allégresse, d enthousiasme et de terreur.
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Ce qui avait donné à beaucoup l envie de sauter leur femme avant d aller sauter sur une mine.

A Jean aussi. Pour son malheur. "Colette, ma poulette..." avait-il dégoisé , la truffe rutilante, les bajoues gonflées, l haleine lourde des verres de vin lampés dans tous les cabarets du village. Elle s était dit : un viol de plus, et je me tue. Ou je le tue.
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Les femmes remplacent les hommes aux champs, mais elles sont restées dans leurs murs… Nous, ici, on est des déracinées. On se cache du monde et du malheur, on fuit une mauvaise réputation, la solitude, ou les bêtises qu’on a faites. Toutes ces veuves chassées par un propriétaire cupide… Yvette, Jeannette, Françoise ou Marie… Qui peut vivre avec un franc vingt-cinq de pension par jour, et cinquante centimes par enfant ? On est venues à la Citadelle parce qu’on n’avait nulle part ailleurs où aller…
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Nous sommes les héritiers d’Ulysse, le héros de la guerre de Troie, l’inventeur du premier leurre, ce cheval de bois qui a mis fin à une guerre fratricide. Un héros puni par les dieux, méprisé par ses frères d’armes car il croyait plus à l’Idée qu’au Glaive. Mais un jour, lorsque nos enfants, et les enfants de nos amis morts à l’ennemi, étudieront l’Iliade au collège, ils se rappelleront, comprendront et admireront l’extraordinaire et éternelle inventivité des hommes en guerre.
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Disparaître. Effacer les traces. Se couler dans le camouflage d’une autre vie. N’importe laquelle. C’était tout ce qu’elle avait en tête tandis que le monde roulait, plus fou qu’un train fou, droit vers le précipice.
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