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EAN : 9782351183496
408 pages
Almora (15/02/2018)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Un grand classique du bouddhisme zen proposant un catalogue des plus beaux koans.
Avec un commentaire lumineux, contemporain, adapté au public occidental, par le maître japonais Koun Yamada Roshi

Le texte du Mumonkan (Porte sans Porte) est un classique chinois du bouddhisme zen. Il présente un catalogue des koans les plus importants du zen. Les koans sont des " cas publics " qui offrent une opportunité de confronter sa compréhension à celle du ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le meilleur recueil de kôans jamais publié en français !



Ne tournons pas autour du pot : ce livre, le Wumen Guan ou Mumonkan, en français le Porte sans Porte, est un chef-d'oeuvre. Dès que je l'ai eu en main, j'ai su que j'avais là un ouvrage d'exception. A peine tournais-je ses pages, que je découvrais la préciosité du papier employé pour cette édition, mais surtout la préciosité du texte, la sagesse contenue dans ces 407 pages.
Foncièrement, ce recueil des koans du chinois Mumon (alias Wu-men Hui-k'ai en chinois – Mumon Ekai en japonais) balaye d'un revers de main tout ce qui a été publié en français jusqu'ici sur ce recueil. Nous devons bien comprendre que ce recueil est un outil essentiel pour la branche Rinzaï du bouddhisme zen : contrairement au tabou que représente l'éveil dans le Zen Sôto, dans ce Mumonkan, il en est question presque à chaque page ! Pour le Rinzaï, l'éveil, le kensho ou satori, est le but de la pratique.
C'est un ouvrage de référence, et sa présence dans mon TOP20 n'est guère négociable.

Vous trouverez donc ici une édition complète, intégrale du Porte sans Porte.
La première édition de ces commentaires (teishos), du roshi Koun Yamada, date de 1979. En 1989, une seconde édition anglaise du Porte sans Porte, corrigée et révisée, fut publiée. Et la voici, presque 40 ans plus tard, en français.
Pour son petit prix, vous ne devez absolument pas rater l'occasion de vous procurer ce recueil de koans – que l'on connait le plus souvent sous le titre de Barrière Sans Porte ou de la Passe sans Porte.
D'autant plus que pour une fois, la présentation des koans est accessible. On sait de quoi on parle quand on les lit. Et non seulement le commentaire des koans par Mumon (1183-1260) est clair et riche, mais les commentaires de ceux-ci et les teishos par Koun Yamada Roshi le sont également. On en conclut donc que la traduction de Pierre Philippon est d'une exemplarité sans faille ! Il s'est d'ailleurs aidé des versions anglaises et chinoises pour cette traduction.

C'est bien le premier recueil de koans en ma possession que je lis et qui n'obscurcit pas une fois de plus des koans qui sont par essence mystérieux. Par ailleurs, bien que les koans soient des productions anciennes et que Mumon écrivit au treizième siècle, la formidable traduction que l'on nous offre ici nous restitue l'ensemble de manière très moderne, et ce décalage historique ne se ressent guère.

Je vais vous conter un peu par le menu ce magnifique livre, tant chacune de ses parties est délectable. Comme vous allez le voir, rien que les 40 première pages recèlent des trésors de sagesse et de perspicacité.

I. Dans la courte « préface du traducteur à l'édition française », Pierre Philippon nous indique surtout, avoir choisi le titre de Porte sans Porte afin de garder l'ambiguïté naturelle des koans.
II. Puis vient la brève « Préface à la seconde édition anglaise » de novembre 1989, rédigée par le fils de Koun Yamada : Masamichi Ryoun-ken Yamada. Il nous explique que son père, fut aussi son roshi, et que « Chaque cas du Mumonkan présente au lecteur le monde du satori d'une manière tout à fait directe. Cela a beaucoup de sens que ce travail soit expliqué par Yamada Roshi, qui possédait la plus profonde expérience de l'éveil« .
III. Puis l'on trouve un court paragraphe sur les améliorations apportées entre les éditions de 1979 et 1989.

IV. C'est ensuite au tour de l'Avant-Propos en huit pages, rédigé par l'ami de Koun Yamada, le roshi Taizan Maezumi qui l'a écrit en Automne 1979 depuis le Centre Zen de Los Angeles.
Maezumi explique ce que sont un Koan et un Teisho. le koan « rapporte un cas dans lequel une clé issue de la pratique et de la réalisation est présentée et examinée par l'expérience plutôt que par une logique discursive ou linéaire« .
le teisho c'est « littéralement ‘Prendre en main et parler franchement'. Teisho est l'éveil ou la nature de Bouddha révélée directement, c'est une expérience vivante du point en question. le teisho envoie son sens en pleine face de celui qui écoute, le défiant de le saisir et de le faire sien.«
Enfin, Maezumi Roshi ajoute : « le lecteur notera que Yamada Roshi insiste à maintes reprises sur la nécessité de l'expérience personnelle de l'éveil, ou kensho (littéralement « voir sa vraie nature »). Cette insistance réfute clairement la notion erronée selon laquelle on n'a pas besoin de l'expérience de kensho, ou qu'une quelconque foi dans l'éveil vécue par d'autres pourra suffire« . Puis Maezumi brosse une histoire du zen rinzaï depuis le premier japonais successeur de Mumon, qu'il relie à l'histoire de Koun Yamada.

V. On trouve ensuite la « Préface » écrite par le prêtre jésuite et allemand Hugo Lassalle, devenu japonais sous le nom de Mabiki Enomya et qui devint roshi à son tour, après avoir survécu à la bombe nucléaire d'Hiroshima.
Il fut proche de Koun Yamada dès 1961. le père Lassalle indique : « Que signifie la barrière susdite ? Chaque koan des quarante-huit cas réunis dans ce livre est une barrière. Les gens ordinaires ne peuvent y pénétrer (dans le koan) parce qu'il n'a pas de porte. Mais quiconque dont l'Oeil est ouvert au Vrai Soi peut entrer facilement, parce que pour lui il n'y a pas du tout de porte« . Enfin, Lassalle ajoute que les teishos sur les koan de Yamada s'adressent en priorité aux occidentaux, qui ont une vision différente de l'existence. Les teishos sont adaptés (et c'est vrai, à la lecture on s'en rend compte !). C'est une des très grandes forces du Porte sans Porte.

VI. Koun Yamada écrit ensuite une « Préface à la première édition anglaise », écrite à Kamakura en 1979. Dans ce texte, il dit sans détour que le Zen meurt au Japon. Mais Koun Yamada dit surtout ceci :
« L'entrée dans le Zen est la saisie de notre nature essentielle. Il est absolument impossible, cependant, d'arriver à une compréhension claire de notre nature essentielle par une quelconque méthode intellectuelle ou philosophique. Cela ne s'accomplit que par la réalisation-propre à travers le zazen. Et les koans utilisés dans le Zen ne peuvent être appréhendés que quand on les regarde du point de vue essentiel. Aussi pour la personne dont l'oeil éveillé ne s'est pas ouvert, les koans Zen semblent impraticables, illogiques, et contre le sens commun. Une fois que cet oeil s'est ouvert, cependant, tous les koans expriment des questions naturelles et relatent les réalités les plus évidentes« .
Franchement, lire des choses d'une telle portée ne suffit-il pas à courir de suite acquérir le Porte sans Porte ? Les teishos de Koun Yamada sont comme des éclairs dans un ciel bleu ! Ce que vous trouverez dans cet ouvrage est une vraie dynamite spirituelle !

VII. On trouve ensuite une Préface de Shuan en 10 lignes, écrite fin juillet 1228 : ces lignes sont assez obscures… aussi Koun Yamada, qui l'a bien compris, enchaîne avec un teisho à ce sujet, car cette Préface de Shuan, c'est déjà un koan en soi ! Et d'emblée, on se retrouve décapé par la finesse d'esprit de Koun Yamada. Et tout sera de ce même niveau durant les centaines de pages suivantes !
VIII. Une Dédicace au Trône rédigée par « Ekai » le 05 janvier 1229 pour l'impératrice court ensuite sur une page.
IX. Puis vient la Préface, déterminante, de Mumon : l'auteur nous explique comment il en est venu à composer, à collecter puis à nommer l'ensemble Porte sans Porte : « …les moines me demandaient de les instruire. J'ai finalement pris les koans des anciens maîtres et je les ai utilisés comme critiques pour frapper à la porte, provoquant les étudiants en fonction de leur capacité et de leur aspiration. J'ai rassemblé ces koans et ils ont à contrecoeur formé un recueil« … Mumon finit sa Préface finit par un poème. Et ensuite, Koun Yamada fait un teisho sur ce qu'a écrit Mumon : c'est en gros la procédure adoptée dans ce livre.

X. En effet, on entre alors dans le coeur de l'ouvrage, page 41.
Les 48 « cas » officiels sont structurés ainsi : on trouve 1) le numéro du cas, puis 2) le cas – le koan – est présenté, puis 3) Mumon en fait un commentaire, qu'il conclut 4) par un poème.
Koun Yamada prend le relais et 5) formule un teisho sur le cas d'une acuité folle et d'une sagesse incroyable, puis 6) s'exprime sur le commentaire de Mumon, puis 7) commente le poème ! S'y rajoutent des notes de temps en temps.
On constate comme c'est organisé, comme la mécanique est bien huilée, et que pour que « ça roule », le tout doit être cohérent et clair – et c'est absolument le cas si je puis dire !
Comme je vous l'ai montré en citant plus haut les différents intervenants sur le Mumonkan, c'est de haute qualité, de « haute volée ». Je ne vais pas vous donner un aperçu même minime de chaque cas étudié et commenté, mais je puis avous assurer : c'est de l'or en barre, c'est absolument divin et succulent, et ça retourne profondément.

Mais ce n'est pas fini ! Je vous ai dit que cette Porte sans Porte était une édition définitive, intégrale ! Donc, Page 335 s'ouvre une autre partie du Porte sans Porte. On trouve donc, les uns à la suite des autres :
– un « Post-Scriptum de Mumon »,
– puis une page de « Mises en garde de Mumon », suivies
– des « Trois Barrières d'Oryu », suivies
– des « Poèmes de Muryo Soju sur les trois Barrières d'Oryu », commentée par
– un Teisho de Yamada sur les Trois Barrières. Enfin, on lit
– un Epilogue de Mokyo, et l'on prend connaissance…
– du 49ème (!) koan d'Amban !
Enfin, on trouve 4 appendices :
– une « Introduction à l'histoire de la pratique du zen », un beau morceau écrit par Thomas Cleary à l'été 1979.
– 3 pages de références textuelles (des écrits purement zen et traditionnels)
– un index des noms de personnes, de lieux et d'écrits.
– 9 tableaux de lignées (!)
La Table des matières clôt cet incroyable ouvrage !

J'ai pris plusieurs heures à rédiger cette recension car je tenais à défendre ce superbe Porte sans Porte édité par les excellentes éditions Almora.
Il n'y a même pas à réfléchir quant à son achat : soyez au-delà de toute saisie intellectuelle. Procurez-vous le les yeux fermés ! Vous avez ici un vrai trésor du Dharma !

Bonne lecture!

Zui Ho.
Lien : https://livresbouddhistes.wo..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
L’entrée dans le Zen est la saisie de notre nature essentielle. Il est absolument impossible, cependant, d’arriver à une compréhension claire de notre nature essentielle par une quelconque méthode intellectuelle ou philosophique. Cela ne s’accomplit que par l’expérience de la réalisation-propre à travers le zazen. Et les koans utilisés dans le Zen ne peuvent être appréhendés que quand on les regarde du point de vue essentiel. Aussi pour la personne dont l’oeil éveillé ne s’est pas ouvert, les koans Zen semblent impraticables, illogiques, et contre le sens commun. Une fois que cet oeil s’est ouvert, cependant, tous les koans expriment des questions naturelles et relatent les réalités les plus évidentes.
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Les koans particuliers du Porte sans Porte sont célèbres chacun en eux-mêmes et ils sont immédiatement compréhensibles pour une personne qui a eu un véritable éveil. Je pense que de telles personnes seront capables de lire ce livre avec un grand intérêt. Cependant pour ceux à qui il manque cette expérience, le koan semblera probablement du charabia. Néanmoins, même une personne sans expérience Zen qui le lira avec patience pourra sentir monter le désir de voir le monde du Zen avec ses propres yeux. Une telle demande est grandement bienvenue ; en effet, une fonction importante de ces teisho est de promouvoir cette envie pressante.
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Que la réalisation Zen d’un professeur ne soit pas claire et que cette personne utilise sa propre expérience incomplète comme base pour constater la réalisation d’un autre, et le résultat sera la confirmation d’une expérience incomplète comme étant kensho. Nous avons ici un exemple de l’aveugle qui guide l’aveugle.
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