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Citations sur Rien que la Vie (68)

Elle m'arrêta un jour dans la rue pour me dire qu'elle aimerait avoir mon avis au sujet de sa vente. La vente de la maison. […] Puis elle agit sans tenir aucun compte de ce que j'avais dit. Elle vendit la maison à la première offre, et ce principalement parce que l'acheteur en fit des tonnes, proclamant qu'il adorait la maison et rêvait d'y installer sa famille et d'y élever ses enfants. C'était la dernière personne en ville à qui j'aurais fait confiance, enfants ou pas enfants, et le prix était dérisoire. Je me fis un devoir de le lui dire. Je lui dit aussi que les enfants allaient tout casser et elle rétorqua que les enfants étaient faits pour ça. Tout mettre sens dessus dessous, le contraire exact de sa propre enfance. À vrai dire, ils n'en eurent jamais l'occasion, parce que l'acheteur entreprit aussitôt de la faire raser afin de bâtir un immeuble de rapport, de trois étages, avec ascenseur, et transforma le terrain en parking. Ce fut le premier immeuble de ce genre que la ville ait connu. Elle vint me trouver sous le coup de l'émotion quand tout cela commença, cherchant à savoir si elle y pouvait faire quelque chose — faire classer la maison, ou poursuivre l'acheteur pour avoir rompu sa parole jamais couchée sur le papier, ou quoi que ce soit d'autre. Elle était effarée qu'on puisse agir de cette façon. Quelqu'un qui allait régulièrement à l'église.

FIERTÉ.
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Quand ils allaient au cinéma, il n'avait jamais envie de parler du film après la séance, il disait qu'il était bon, ou plutôt bon, ou pas mal. Il ne voyait pas l'intérêt d'aller plus loin. Il regardait la télévision, il lisait un livre un peu de la même façon. Il était plein de tolérance pour ces choses. Les gens qui les concevaient faisaient probablement de leur mieux.

JUSQU'AU JAPON.
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Il y a des gens qui font tout de travers. Comment puis-je l'expliquer ? Je veux dire qu'il y en a qui peuvent tout avoir contre eux — trois fautes éliminatoires, voire vingt fautes éliminatoires, si on va par là — et qui s'en sortent à merveille. Commettent très tôt des erreurs — font dans leur culotte au cours élémentaire, par exemple — et puis vivent toute leur vie dans une ville comme la nôtre où rien n'est jamais oublié (n'importe quelle ville, de fait, toutes les villes sont comme ça) et ils se débrouillent, se montrent braves et joviaux, proclament sans mentir qu'ils ne voudraient pour rien au monde vivre ailleurs qu'ici.
Pour d'autres, c'est différent. Ils ne s'en vont pas alors qu'on aurait voulu qu'ils le fassent. Dans leur propre intérêt, pourrait-on dire. Quel que soit le trou qu'ils ont commencé à se creuser quand ils étaient jeunes — pas par des moyens aussi évidents que de faire dans sa culotte, non plus —, ils continuent sans relâche, ils creusent avec entrain, exagérant, même, s'il y a le moindre risque qu'on ne l'ait pas remarqué.

FIERTÉ.
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C'est le plus long trajet que nous ayons jamais fait ensemble et mes sens sont mis en éveil par sa mâle indifférence à ma présence — dont je sais désormais qu'elle vite se muer en son contraire — et par son experte décontraction de conducteur. Je trouve excitant qu'il soit chirurgien, ce que je n'avouerais pour rien au monde. En attendant, je crois que je pourrais me coucher pour lui dans la première tourbière, le premier trou boueux venu, ou sentir mon échine plaquée contre la paroi de roche au bord de la route, s'il lui venait l'envie de me prendre debout. Je sais aussi que je dois garder de tels sentiments pour moi.

AMUNDSEN.
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Sa famille appartenait à une congrégation chrétienne dont Greta n'avait jamais entendu parler. Peu nombreuse, elle était très riche, du moins certains de ses membres. […] Ils interprétaient des paraboles tirées de la Bible mais aussi d'événements contemporains, au sujet des calamités épouvantables qui arrivaient à ceux qui ne croyaient pas la même chose qu'eux. Sa famille était fière de lui et lui-même aussi bien sûr. Jamais il ne se serait avisé de leur raconter tout ce qui se passait quand les riches convertis venaient renouveler leurs vœux et retremper leur piété.

JUSQU'AU JAPON.
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C'étaient ses enfants qui avaient servi à boire. Il était venu avec eux en visite de Toronto. Savait-elle ce qu'elle voulait avoir ?
« Ont-ils une mère ?
— Certes. Mais elle est à l'hôpital.
— J'en suis navrée.
— Mais non. C'est un hôpital tout à fait agréable. On y traite les problèmes mentaux. On pourrait dire émotionnels. »
Elle s'empressa de lui apprendre que son mari s'appelait Peter, qu'il était ingénieur et qu'ils avaient une fille qui s'appelait Katy.
« Voilà qui est tout à fait sympathique », répondit-il en enclenchant la marche arrière.
En franchissant Lions Gate Bridge, il dit : « Pardon si vous m'avez trouvé désagréable tout à l'heure. Je me demandais si j'allais ou non vous embrasser et j'ai décidé que non. »
Elle crut qu'il disait qu'il y avait en elle quelque chose qui ne la rendait pas digne d'être embrassée. Elle reçut cette mortification comme une gifle qui la dégrisa sur-le-champ.

JUSQU'AU JAPON.
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j'avais entendu des bruits comme je n'en avais jamais entendu de mes parents ou de quiconque - une espèce de grondement de plaisir, accompagné de petits cris aigus dans lesquels il y avait une complicité et un abandon, qui m'avait troublée et plongée dans un obscur désarroi.
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Il a dit :"Le truc, c'est d'être heureux. Quoi qu'il arrive. Essaye, c'est tout.Tu en es capable ...
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Et plus loin encore, au flanc d'une autre colline, se dressait une maison, très petite à cette distance, faisant face à la nôtre, que nous ne visiterions ni même n'approcherions jamais et qui me semblait être celle d'un nain dans un conte. Mais nous connaissions le nom de celui qui l'habitait, ou l'avait habitée à un moment donné, car peut-être était-il déjà mort à l'époque. Roly Grain, c'était son nom, et son rôle dans ce que j'écris à présent s'arrêtera là, malgré ce nom de troll, parce que ce n'est pas un conte que j'écris, ce n'est rien que la vie.
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De certaines choses on dit qu'elles sont impardonnables, ou qu'on ne se les pardonnera jamais. Mais c'est ce qu'on fait - on le fait tout le temps.
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