Il y deux sortes de passionnés de la bédé : les puristes qui ne veulent pas de reprise par d'autres et les autres que ça ne dérange pas, tant que ça reste dans la ligne éditrices et que les scénarios sont intéressants.
Je me situe souvent le cul entre deux chaises mais pour certaine série (Spirou, par exemple), cela ne me dérange pas la continuité par d'autres alors que pour Blueberry, Astérix, on s'est éloigné de la qualité scénaristiques des albums mères.
Mais je suis ici pour parler de l'album 65 de Tuniques Bleues, paru avant le 64 qui marquera la fin de l'ère
Cauvin-Lambil qui prennent leur retraite de cette série mythique. Ça me désole, mais ces derniers temps, les albums des Tuniques Bleues ne m'enchantaient plus au niveau du scénario et je trouvais qu'on tournait en rond.
Le trait de
Munuera, je le connais de longue date, ayant lu Les Campbell, Nävis et Zorglub. Malgré tout, après 60 albums dessinés par
Lambil (4 premiers par Salvérius), il faut un peu de temps pour s'habituer à une autres manière de dessiner les personnages. Souvent, dans les expressions, je revoyais celles des personnages des autres séries du dessinateur
Munuera…
Le scénario est excellent et j'ai été étonnée de voir un journaliste du Times de Londres aller jouer l'envoyé spécial sur la Guerre de Sécession, mais effectivement, c'était logique que d'autres s'intéressent au conflit.
William Russell, le journaliste du Times, a tout son flegme britannique et son but à lui, c'est de raconter la guerre telle qu'elle se déroule, de ne pas cacher le nombre de morts, la folie de ce conflit fratricide, de l'imbécillité de certains généraux, le tout, sans prendre parti pour un camp ou un autre.
Si les ronds-de-cuir et les militaires voulaient un journaliste pour leur tresser des lauriers à leur gloire et à leur cause, ils remarquent vite qu'ils se sont fourré le sabre dans le cul, jusqu'au coude et décident de mettre un bâillon sur ce journaliste qui oublie de censurer ses articles, ou de les tourner dans le bon sens du Nord, comme certains firent durant la Première Guerre Mondiale.
À l'Ouest, il y a du nouveau car cet album, même s'il manie toujours l'humour, va plus en profondeur dans les personnages, dans leurs réflexions, leurs actions et les auteurs n'hésitent pas à montrer ce que peu de gens aimeraient voir : une coalition entre les dirigeants des deux camps ! La guerre est une affaire politique.
Je me suis régalée avec ce tome 65 et cela faisait longtemps que je ne prenais plus autant de plaisir à lire mes Tuniques Bleues, sauf à relire les anciens albums (jusqu'au 27, j'adore, entre le 28 et le 36, c'est inégal, au delà, je ne les relis jamais).
La thématique de la presse utilisée par le pouvoir sur place pour son propre bien à lui, dans le but de faire de la propagande ou de minimiser les faits existe depuis toujours et il n'est pas toujours simple pour un journaliste ou son journal de rester objectif devant des menaces, des dessous de table, des tentatives de musellement.
Et encore, durant la Guerre de Sécession, les journaux n'appartenaient pas à des millionnaires/milliardaires/industriels/ et le chantage à la publicité n'avait pas le même impact que maintenant (même si le nerf de la guerre est toujours le fric, le fric, le fric, le fric – et non pas "des frites" sur l'air des Tuches).
Un excellent album qui renoue avec ce que j'aimais dans cette série : de l'humour mais aussi de la profondeur.
Lien :
https://thecanniballecteur.w..