Les larmes de l'assassin

Au milieu des terres hostiles mais grandioses de la Patagonie, loin de tout, dans un environnement aride et désolé, dans une sorte d'impasse géographique, le lecteur se vautre avec vertige dans la complexité des sentiments humains.

Entre délicatesse des personnages à la sensibilité enfouie et brutalité des situations, entre innocence et mal absolu, la question est posée : peut-on s'attacher à un enfant alors qu'on est capable de tuer compulsivement et de sang-froid ?

Au fil du temps une relation quasi paternelle se noue entre la brute criminelle et sa petite victime collatérale. L'enfant, surprenamment épargné, paumé, choqué et le tueur amoral s'apprivoisent, dans une sorte d'illustration « patagonienne » du syndrome de Stockholm.

En effet, l'isolement prolongé dans lequel ces deux protagonistes sont maintenus semble avoir développé chez l'enfant, personnification d'une innocence vierge de toute interférence, une sorte d'empathie pour son bourreau, telle une contagion émotionnelle, dans un mécanisme déconcertant d'identification à ce dernier.
Le fragile équilibre de ce huis-clos est remis en cause quand un nouvel intrus s'impose...

Un papier brut, lourd et granuleux semble servir de support au dessin. Sur une surface en aplat de couleur mat, s'étale un dessin charbonneux aux traits faussement grossiers. Tel un négatif chromatique, le rendu tend vers une sorte de contre-jour permanent. L'exclusion de tout détail attire l'attention sur le protagoniste principal. La taille notable des vignettes confère à l'ensemble le caractère véridique d'un reportage journalistique.

La typographie « éditorialiste », familière et sage s'efface devant le dessin. Les bulles en sont exclues.

Magnifique

Paolo et ses deux parents, vivent dans un coin isolé en Patagonie, sur des terres arides et inhospitalières. Un jour, un inconnu, Angel Allegria, escroc et assassin débarque et décide de rester un temps chez eux, car c'est le refuge idéal pour un truand en cavale. Il tue le père et la mère mais étrangement, épargne l'enfant. Peu à peu, le criminel et sa victime vont cohabiter et commencent à nouer une relation quasi filiale.
Librement adapté du roman éponyme de Anne-Laure BONDOUX, cette BD interroge l'innocence et le mal, à travers l'amour que se portent cet enfant et l'assassin de sa famille. Thierry MURAT affirme ses choix de narration et de découpage en laissant la part belle aux illustrations dépouillées. Dans des tonalités sombres : noir, gris, sépia… et des décors tout en ombres, sans beaucoup de texte ni de dialogues, l'auteur distille les non-dits.
Dans ce récit oppressant, le lecteur peine à percevoir les desseins de l'assassin et comprendre l'acceptation et l'affection de l'enfant. Cela semble peu crédible au regard de la violence des faits subis par le petit dès le début du volume.
Même si l'album se lit de manière fluide, cette histoire dramatique, traitée de manière minimaliste, peine à toucher.

Je ne connais pas le roman dont est inspirée cette BD mais j'ai beaucoup apprécié l'histoire (même si le début est un peu abrupt ainsi que la conclusion avec Luis), l'atmosphère inquiétante et pesante, le choix des couleurs collant avec l'époque et l'âpreté des paysages. On reste sur des questionnements, mais peut-être est-ce le choix de l'auteur ou lié au roman initial ?

Angel Allegria , un truand et assassin tue les parents du petit Paolo Polocerdo. Il épargne le gamin n'arrivant pas à se résigner à tuer un enfant.
Dans ce coin isolé au sud du Chili, Angel et Paolo vont apprendre à vivre ensemble.
Contre toute attente ils vont s'attacher l'un à l'autre.
Une histoire de rédemption que j'ai beaucoup apprécié.

J'ai préféré le livre...

Le roman ''les larmes de l'assassin'' d'Anne-Laure Bondoux dont est tiré cet ouvrage graphique, est pour moi un coup de coeur (éternel) de mon adolescence ! Autant dire que j'avais donc beaucoup d'attentes pour cette BD...

Malheureusement, mes attentes n'ont pas été toutes comblées. Il me manquait certaines scènes qui m'avaient profondément marquée et touchée.

Si vous avez lu le roman, vous devriez le constater. Mais si vous ne l'avez pas lu, ça pourrait certainement vous plaire, si le résumé vous tente ! (Je pense néanmoins qu'il serait intéressant de lire le roman ensuite, afin d'avoir toutes les cartes en main, et comprendre au mieux l'intensité du récit).

Pour finir sur une note positive, j'ai apprécié les planches sombres de cette BD... en totale adéquation avec l'histoire :)

♫J'étais certain cette fois
Que rien ne me retiendrait
On se trompe quelquefois
Une larme a tout changé...♫
-Mike Brant- 1973 -
(Brant pour ne pas se tromper ! 🤭)
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Histoire du bout du monde
mentalité immonde
Cahute de briques et d'escrocs
Sourire vs regard inquiet, tu troques !?
quand il sort son couteau, faut pas s'y fier

Se faufiler mi-émerveillé, mi-effrayé
le bien et le mal, quel chemin se frayer ?
Pères hostiles, mer presque pacifique
Océan de larmes, bain de sang
Larme blanche, quête initiatique
Finir à l'Hombre et s'enfuir inexorablement...
Parfois ça lui revient dans un soubressaut
Toutes connivences ne valent pas réseaux
Et puis ça fait monter l'eau...

Toute adaptation nécessite des transformations.
Inventions nouvelles mais rester fidèle à l'essentiel...

Le texte est en typo de vieille machine à écrire, il y a assez peu de dialogues, de toutes manières, les personnages sont des taiseux. Les illustrations sont en taches de noir, encre de Chine et pinceau, rien qu'en contrastes, et une couleur agrémente la planche pour lui donner une atmosphère, tantôt froide, tantôt chaude, mais toujours uniforme et un peu triste. le style est austère et silencieux, ça me plait. Thierry Murat affectionne les personnages hors des clous et solitaires. Ici, un gangster se retire en plein sud du Chili pour se faire oublier, et se retrouve avec confronté à un petit garçon qui vivait avec ses parents, dans cette région aride. le rythme lent et lourd pèse sur nos émotions, le graphisme sobre renforce encore ce poids, c'est superbement raconté, sans doute que le roman original doit aussi être très fort. La rencontre entre ce garçon et ce bandit est bouleversante, aussi horrible que touchante. Et pour moi, une lecture triste et magnifique.

Oui cet ouvrage est classé au rayon BD, mais il ne pourra laisser insensible les non BDphiles (et j'en fais partie). Chaque nouvelle page qui se tourne, et voilà qu'apparaissent 4 ou 6 nouvelles planches. Toutes dans des coloris fondus porteurs à la fois de douceur et de tristesse, de chaleur et de froideur, de violence et de bonté. Cette libre adaptation d'un roman de Anne-Laure Bondoux nous donne assurément une envie irrésistible de découvrir ce dernier.

Paolo habite dans une masure, au fin fond du Chili, avec ses parents. Un endroit si isolé, si hostile et inhospitalier que personne, ou presque, ne s'aventurait sur leurs terres. Parfois un géologue, un scientifique ou un poète s'arrêtait. Un évènement pour la famille qui voyait si peu de monde. Un jour, Paolo aperçoit, à travers la lande, non pas un poète, encore moins un astronome mais un truand, Angel Allegria. Fatigué de fuir, c'est ici, dans cette ferme isolée, la dernière avant le désert et la mer, qu'il trouvera refuge. Pour ce faire, il tuera la mère et le père. Et laissera la vie sauve à Paolo. le mafieux s'installe alors, le petit garçon à ses côtés...

Une terre malmenée par le vent, des paysages arides faits de pierres, c'est là que vit Paolo, désormais avec l'assassin de ses parents. Un lien particulier, étroit, va unir ces deux hommes. Librement inspiré du roman éponyme d'Anne-Laure Bondoux, cet album interroge sur la relation bourreau/victime. Avec une économie de mots, Thierry Murat privilégiant les scènes à la fois contemplatives et silencieuses, cet album aurait sans nul doute mérité d'être plus approfondi et étoffé. Les personnages auraient gagné en épaisseur, l'ambiance n'en aurait été que plus sauvage, tendue et malsaine. Il n'empêche que, graphiquement, l'auteur nous offre de très belles planches. Ces terres chiliennes, à l'atmosphère de bout du monde, sont très bien rendues.

Plus qu'une simple lecture, Les larmes de l'assassin se révèle être une expérience. C'est brut, c'est troublant, c'est intense. Peu de mots pour dire tellement de choses, pour apporter tellement de questionnements, pour amener de nouvelles perspectives. Une expérience sensorielle, aussi, principalement par la vue et le toucher.

La vue, parce que les tons sont sombres, intrigants. le toucher, parce qu'on a envie de caresser chaque planche. Comme pour entrer totalement dans l'histoire. Pour vivre (ou survivre) aux côtés de Paolo.

Je ne veux pas vous en dire plus, que ce soit sur les thèmes, l'histoire ou les personnages. Si vous le souhaitez, tentez l'aventure. Partez à la pointe du Chili et découvrez cette histoire… surprenante, il faut le dire.
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