Un roman extrêmement dur sur la relation mère-fille qu'entretiennent une immigrée noire et sa fille, plus blanche de peau. le déracinement, la honte de ses origines, créént des êtres démunis, qui ne se donnent pas le droit d'exister, et dépendent ainsi des autres pour éprouver ce droit.
Malinka, qui appelle sa mère « la servante », changera son nom pour le franciser en « Clarisse». La violence de l'aliénation de sa mère (immigrée et femme de ménage) ne lui est pas supportable. L'amour total de la mère pour sa fille est alors un poids qui pèse trop lourd, en même temps qu'elle en ressent une culpabilité destructrice.
De la même manière que la mère de Malinka-Clarisse cherchera toujours l'amour de sa fille sans pouvoir le revendiquer, Clarisse, devenue Clarisse Rivière se rendra docile à l'homme qu'elle épousera, jusqu'à ce qu'il se lasse totalement de cet être qui ne sait pas exister, qui ne sait pas montrer de désaccord.
Marie Ndiaye écrit dans une langue retorse, parfois presque lourde, pour décrire ce poids et cette culpabilité, et la manière dont Malinka-Clarisse doit se protéger de mille armures psychiques pour affronter le regard de sa mère. Souvent, au sein d'une même phrase, Malinka et Clarisse se croisent, s'affrontent et se cachent l'une l'autre, pour mieux souligner que l'identité du personnage a été complètement sapée par cette honte première d'une mère noire et femme de ménage.
Cette filiation vénéneuse se poursuit dans la relation que Malinka-Clarisse nouera (ou ne parviendra pas à nouer) avec sa fille,
Ladivine, qui donne son nom au roman.
Si l'écriture est à certain moment un peu lassante, de temps en temps gratuitement alambiquée, l'intrigue et la psychologie des personnages justifient une écriture retorse, et il en ressort néanmoins un roman magnifique, qui laisse des traces.