AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,85

sur 75 notes
5
6 avis
4
4 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre dérange car il remet en cause bon nombre d'idées reçues sur un sujet encore sensible : l'esclavage en Afrique, principalement vu du côté arabo-musulman.

Son auteur, Tidiane N'Diaye, est un anthropologue et un économiste de renom franco-sénégalais travaillant pour l'INSEE et auteur de nombreuses études et publications scientifiques.

Son ouvrage au titre sulfureux et intrigant, paru en 2008, ne pouvait que présenter une vérité forte et troublante.

Tout commence en 652, date à laquelle un traité de paix, connu sous le nom de Bakht, entre l'émir Abdallah ben Saïd et le roi de Nubie Khalidurat stipule, entre autres avantages, la livraison chaque année de 360 esclaves des deux sexes en échange de l'absence de guerre.

Ce fut le début d'un long processus pendant lequel l'Afrique fut mis à sac, ponctionné par des prélèvements réguliers de populations emmenées en esclavage dans les pays du Golfe jusque dans l'empire Ottoman.

Cette traite des noirs par des arabo-musulmans ne s'acheva - officiellement - qu'au XXe siècle, ce qui nous donne l'ampleur du massacre.

Car massacre il y eût. Il fut de taille et toute tentative de le quantifier s'avère impressionnante : « du VIIe au XVI siècle, pendant près de mille ans, … , [furent déportés] près de dix millions d'Africains avant l'entrée en scène des Européens. ».

Le poids de ces captures fut lourd. Stanley, le tristement célèbre explorateur, le constata lors de ses voyages : « La capture des 10 000 esclaves par cinq expéditions d'Arabes n'a pas coûté la vie à moins de 33 000 personnes ».
Il s'agit là de personne qui périrent en se défendant et en protégeant leur village lors des razias. Il faut y ajouter celles qui moururent sur le bord de la route de la captivité faute de soin et de nourriture, route balisée, selon les dires, par les ossements des laissés pour compte et de tous ceux qui n'étaient pas jugés suffisamment intéressant commercialement parlant.

Selon l'auteur, du VIIe au XXe siècle, l'une des études les plus sérieuses estime à plus de 9 millions le nombre d'individus déportés à travers le Sahara auxquels il faut ajouter 8 autres millions de personnes déportées en Afrique de l'Est (Mer Rouge et Océan Indien) soit un total de 17 millions d'individus.

Une question se pose alors. Compte tenu de l'importance de ces flux, comment se fait-il que l'on ne conserve pas trace aujourd'hui dans les pays arabes de descendants de ces esclaves comme cela est le cas en Amérique ?

On peut estimer à 13 millions le nombre d'esclaves déportés outre-atlantique entre 1451 et 1870. le résultat est aujourd'hui une diaspora noire dynamique et forte de plus de 70 millions de personnes aux États-Unis, dans les Caraïbes et au Brésil.

Comment se fait-il que l'on ne retrouve pas l'équivalent dans les pays arabo-musulmans ?

La réponse est à la fois simple et terrifiante : les esclaves mâles étaient systématiquement émasculés afin d'empêcher toute procréation. Compte tenu des soins et de l'hygiène de l'époque, il s'agissait là encore d'un vrai massacre car on estime que seuls 30% de ces torturés restaient en vie.

Quant aux femmes – qui jouaient le rôle de servantes et d'objets sexuels – il était facile de faire en sorte que leur progéniture ait une espérance de vie très limitée.

C'est en cela qu'il s'agit d'un véritable génocide : un massacre délibéré de populations noires en grande quantité et, ce, pendant plusieurs siècles afin de profiter d'une main d'oeuvre économique.

Si l'Occident a reconnu la traite négrière comme étant un crime contre l'humanité, un grand silence règne dans le même temps du côté arabe. D'autant que ces exactions ne sont pas aujourd'hui totalement éradiquées mais adoptent d'autres formes de traite plus contemporaines.

C'est le sens de ce livre que de continuer de lutter et de dénoncer ces pratiques inhumaines en espérant que la triste formule de l'historien arabe du XIVe siècle, Ibn-Khaldum, finisse par être définitivement abolie : "Les seuls peuples à accepter l'esclavage sont les nègres, en raison d'un degré inférieur d'humanité, leur place étant plus proche du stade animal."
Lien : https://www.africavivre.com/..
Commenter  J’apprécie          220
Je viens juste de finir cet "essai" du célèbre historien sénégalais Tidiane N'Diaye. Cet ouvrage parle du pan de l'Histoire complètement oublié de la traite négrière par le monde arabo-musulman pendant 13 siècles quand même !
Je n'avais jamais lu jusqu'à lors de livres sur l'histoire de l'esclavage et encore moins de livres écrit par un Africain.
J'ai vraiment appris beaucoup sur l'Afrique, le monde arabo-musulman et même sur l'occident. Franchement, cet essai mérite vraiment d'être lu. Je connaissais que vaguement l'histoire de la traite trans-atlantique (occidentale) et très vaguement la colonisation mais en revanche je ne savais rien de l'esclavagisme et des guerres saintes au nom de l'Islam par les arabes. Ca remet un peu les pendules à l'heure pour ceux qui nous traitent sans cesse d'horribles esclavagistes et qui nous mettent sur le dos toutes mes misères du monde. Cela mêmes qui ferment les yeux sur les horreurs de leur propre histoire.
Commenter  J’apprécie          140
Les arabes etaient déjà largement implantés en Afrique du Nord et sur la côte orientale, et plus tard les Turcs Ottomans seront des grands demandeurs d'esclaves, tant pour les travaux agricoles que pour les besoins de l'armée tout en les condamnant d'avance et sans appel à une condition toujours inférieure. Les trafiquants commencèrent par suggérer aux chefs souverains africains de leur fournir des porteurs d'eau et de leurs céder les sujets indésirables. Certains avancent des chiffres de 100 millions, une vraie saignée démographique qui se prolongera plus ou moins clandestinement avec un impact capital sur les sociétés africaines, qui maintiendra le continent en plein déclin matériel et moral, ce qui permet de comprendre pourquoi l'Afrique au XIXe siècle soit devenue une proie si facile pour la colonisation.
Commenter  J’apprécie          60
Un livre très fouillé, qui retrace l'esclave musulman sur les noirs, un thème très souvent mis de côté en faveur de la traite atlantique, que certain mettent en avant pour des raisons idéologiques, au détriment de la réalité.
Ce livre va donc nous faire voir que la traite n'était pas exclusive ni sur les noirs, ni par les occidentaux, c'est une vraie leçon d'histoire à mettre entre toutes les mains, notamment de celles et ceux qui sont dans le concept du bien et du mal.
Commenter  J’apprécie          10
Quel choc ! À chaque page les phrases percutantes s'enchaînent, le lecteur est assailli de faits et d'événements tous plus horribles les uns que les autre mais qui permettent de prendre conscience d'une traite négriere dont ni l'éducation nationale ni les hommes politiques progressistes ne souhaitent parler de peur de stigmatiser (cf. Loi Taubira).

Quand l'idéologie rencontre l'histoire, cela ne fait jamais bon ménage. Ce sont les pièges du memoriel.

À croiser avec la lecture de livres sur le génocide des slaves afin de se forger une opinion sur le traitement médiatique ou politique de certains sujets sur lesquels l'omerta est de coutume.
Commenter  J’apprécie          00
Cette enquête revient sur un drame passé qu'a été la traite des Noirs d'Afrique par le monde arabo-musulman. Cet esclavage a concerné dix-sept millions de victimes tuées ou asservies pendant plus de treize siècles sans interruption. Les prisonniers étaient contraints de traverser le désert à pied pour rejoindre le Maghreb ou la péninsule Arabique via Zanzibar et ce par bateaux Pourtant, cette traite négrière a été minimisée par les historiens, contrairement à celle commise par les Occidentaux. Ce livre a pour but de réveiller les consciences.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (312) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3182 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}