Dachnak. Fondé dans le Caucase en 1890, ce parti socialiste révolutionnaire a milité pour les libertés démocratiques et l'égalité pour les Arméniens dans l'empire ottoman, avant de devenir un élément important de l'organisation de la vie de la diaspora dans des pays comme l'Iran. Aujourd'hui, en France, la FRA (Fédération révolutionnaire arménienne) Dachnaktsoutioun reste active pour la défense de la cause arménienne. Le parti existe également en Arménie.
"La politique, tu ne penses qu'à la politique et à ton parti..".
Ma mère reprochait régulièrement à mon père d'être trop impliqué dans le parti nationaliste arménien, le Dachnaktsoutioun ou Dachnak, dont il suivait les réunions le soir et au nom duquel il a un temps dirigé la communauté arménienne en Iran.
Mais avec l'instauration de la loi islamique, la ségrégation sexuelle est apparue dans l'espace public en Iran. Une séparation très stricte commença à s'appliquer notamment dans les bus, où les hommes étaient invités à monter à l'avant alors que l'arrière était réservé aux femmes. Il en alla de même de nos deux piscines : l'une était désormais réservée aux hommes et l'autre aux femmes.
Ainsi, paradoxalement, ma mère garde un bon souvenir de l'occupation russe lors de la deuxième guerre mondiale en Iran. Le russe avait remplacé le persan à l'école et les défilés de l'Armée rouge avaient pris la place des rituels chiites.
Quand toutes les forces marxistes et nationalistes s'enthousiasmaient pour l'ayatollah Khomeyni, elle entrait dans des colères noires contre ses collègues, amis et les membres de ma famille qui critiquaient ainsi le shah.
L'un de mes cousins, qui était maoïste, et donc ni croyant, ni d'ailleurs musulman, montait sur les toits pour crier avec la foule Allah o'Akbar, "Dieu est grand". Ma mère hors d'elle, lui demandait s'il était devenu fou.
Tous reprochaient à Reza Shah Pahlavi d'être à la botte des Etats-Unis. Et peu à peu, les factions marxistes et nationalistes s'étaient rangées derrière les islamistes qui promettaient d'instaurer une démocratie en Iran.
L'Iran était au centre des conversations, c'était une mine insondable de récits sinistres : "ils vitriolent le visage des femmes qui sortent dans la rue sans foulard", "ils envoient les enfants sur les champs de mines en Irak avec une petite clé autour du cou pour entrer au paradis","ils encouragent les écoliers à dénoncer leurs parents", "le personnel de l'ambassade américaine de Téhéran est toujours retenu en otage"...