J'étais très curieuse de découvrir ce premier polar made in Iran, comme l'affirme la couverture du roman. Et c'est une très belle découverte.
Narek est un jeune Français d'origine iranienne qui a quitté le pays en 1982 à l'âge de quatre ans, avec son père. Ils sont installés à Paris. Depuis, Narek ne se souvient pas bien de sa mère, il n'en a qu'une image: Elle est dans une véranda avec des plante, elle porte une mini jupe et une veste en daim orange. Son père ne lui en parle jamais, il sait seulement qu'elle est morte d'une hémorragie cérébrale quand il était tout petit. Aujourd'hui, en 2005, Narek a vingt sept ans, il a la double nationalité et se destine au journalisme. Il essaie de décrocher un stage. Il a aussi raté l'examen d'entrer à Science-Po, car il a été interrogé sur son pays d'origine et s'est avéré incapable de répondre. Comme les journaux dans lesquels il aimerait effectuer son stage trouvent qu'il manque d'expérience de terrain, il décide de faire d'une pierre deux coups et de partir en vacances en Iran pour rapporter un reportage sur les élections présidentielles.
Et voici Narek chez une de ses tantes qu'il ne connaît pas, le clan familial vient le visiter, il découvre peu à peu la vie à Téhéran. Il rencontre Leila Tabihi, responsable d'une association féministe islamique (Eh oui ça existe !), candidate aux élections présidentielles, mais surtout qui fut une amie proche de sa mère. Après leur rencontre, elle lui propose de le raccompagner chez lui. Elle doit juste s'arrêter au palis de justice pour déposer des documents et lui propose de l'attendre dans la voiture. Narek insiste pour l'accompagner, ce qui la contrarie, mais elle le laisse venir avec elle, il attendra dans une des salles d'attente. Au bout d'une demie heure, un garde arrive et emmène Narek dans le bureau d'un religieux assassiné où se trouve Leila. Ils sont tous deux arrêtés et passent la nuit en prison.Narek s'imagine les pires choses.
Leila et son ami Mirza Mozaffar, un ancien ministre essaient d'enquêter discrètement, mais c'est difficile et surtout très dangereux dans ce pays dictatorial et corrompu. Narek reste surtout spectateur, pourtant il finira par en apprendre plus sur ce pays et surtout sur sa famille.
Ce roman est très agréable à lire, on ne s'y ennuie pas une minute. Il y a un lexique à la fin pour expliquer les termes spécifiques à la culture iranienne et les noms des dirigeants actuels dans lesquels on peut reconnaître certains personnages du livre. La politique est présente tout au long du roman et l'auteur souligne que la victoire d‘Armadinedjah était tout à fait inattendue, en tout cas pour les intellectuels et les riches bourgeois qui sont les personnages principaux du livre.
Ce n'est pas un polar classique car les enquêteurs sont clandestins et doivent se montrer très prudents. L'auteur a pour but de nous parler de la vie en Iran loin des préjugés occidentaux. Je ne suis pas sûr qu'il ait atteint son but, car l'Iran que nous découvrons dans son roman est très noir. La répression continue, même si elle n'est plus aussi violente et systématique qu'à l'époque de Khomeiny et surtout le pouvoir est gangréné par la corruption, en particulier les fondations islamiques. Je ne sais pas quels préjugés l'auteur attribue aux Occidentaux, mais son livre n'a pas changé mon avis sur ce pays: un coin où il ne fait pas bon vivre, surtout si on est une femme.
L'enquête atypique menée par Leila nous permet de découvrir différentes facettes du pouvoir et de la société iraniens et même s'il ne ressemble pas aux polars auxquels on est habitué, ce livre mérite vraiment d'être découvert.
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