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EAN : 9782867464997
288 pages
Liana Lévi (08/01/2009)
3.26/5   41 notes
Résumé :
Téhéran, juin 2005, veille de l élection de Mahmoud Ahmadinejad. L ayatollah Kanuni, un juge tout-puissant qui préside depuis 25 ans à la répression des opposants iraniens, est retrouvé assassiné dans son bureau du Palais de justice. S agit-il d une revanche des Moudjahedin du peuple? Ou bien est-ce un nouveau règlement de comptes entre mollahs? Malgré eux, trois personnages se trouvent mêlés à cette affaire. Narek Djamshid, qui, après avoir quitté l Iran enfant ave... >Voir plus
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Réfugié en France avec son père peu après la révolution islamique alors qu'il n'avait que 4 ans, Narek Djamshid, revient en Iran dans l'espoir d'écrire un papier sur les élections présidentielles qui doivent y avoir lieu et peut-être y retrouver le souvenir de sa mère décédée avant leur fuite. Il y rencontre Leila Tabihi, une féministe intégriste, fille d'un des pères de la révolution et amie de ses parents, et l'accompagne par hasard au tribunal où elle doit rencontrer l'ayatollah Kanuni, un juge répressif que certains qualifient de ''bourreau de Téhéran''. Malheureusement, ils trouvent le religieux assassiné dans son bureau. Arrêtés, ils sont rapidement libérés mais Narek se voit confisquer ses passeports. Coincé en Iran, il en profite pour découvrir Téhéran, se renseigner su sa mère tandis que Leila enquête discrètement sur le meurtre de Kanuni qu'en haut lieu on semble vouloir étouffer, aidé de son fidèle ami Mirza Mozaffar, un laïc, leader de l'opposition au pouvoir en place.

Le suspense n'est certes pas haletant mais quelle source d'informations sur la société iranienne et le régime des mollahs ! On peut en mesurer toutes les contradictions, les hypocrisies, la corruption et la violence. La vie des iraniens est régie par la loi islamique et même si certains sont habiles à la contourner, on peut se faire arrêter pour un mot de trop, un foulard mal noué ou une tenue jugée trop occidentale. Et ils sont nombreux à exercer l'autorité, entre la police, les martyrs de la révolution, les gardiens de cette même révolution et autres fractions para-militaires. L'auteure en profite aussi pour revenir aux origines de la révolution de 1979, évoquant les camps en présence, les dissensions malgré l'ennemi commun, la pression des religieux, les trahisons et la prise de pouvoir des mollahs. Si au début, il s'agissait de chasser le shah et ses amis pour une société plus juste et de lutter contre l'impérialisme américain, au final, les iraniens se trouvent enfermé dans un pays isolé par la communauté internationale et ils sont nombreux à rêver d'exil, d'Amérique malgré l'amour de la patrie.
Roman sociologique plus que roman noir écrit par une auteure qui sait de quoi elle parle puisqu'elle a quelques points communs avec Narek. A découvrir pour la ballade en Iran.
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Qui a tué l'ayatollah Kanuni ? a été écrit par une journaliste française dont la famille a fui l'Iran après la révolution islamique. Autant vous dire que lorsqu'elle écrit le récit du voyage au pays de Narek, un jeune Français d'origine iranienne, de mère arménienne et de père persan, elle sait de quoi elle parle.
Narek, justement, par qui le lecteur entre dans le roman: Il pensait venir à Téhéran pour trouver un sujet de reportage, et aussi, peut-être, le souvenir de sa mère, morte quand il avait quatre ans, juste avant que son père l'emmène en France. Là bas, il aura la malchance de se trouver sur les lieux d'un crime, le meurtre d'un ayatollah, et c'est ainsi que ce roman débute....

Pour prévenir les amateurs de polars purs et durs, l'enquête ici est plus prétexte qu'autre chose. Oui, toute une série de protagonistes vont graviter autour du jeune homme et tenter de comprendre la vérité, mais le plus important dans ce roman,c 'est la description de la Téhéran actuelle et de la société iranienne, un méli-mélo de contradictions, de haines entre factions, datant parfois de la révolution ou même d'avant, de désir d'ailleurs, d'exil aux USA, et d'amour profond du pays, de danger aussi, avec la possibilité jamais lointaine de voir débarquer les Bassidji ou autres branches des Gardiens de la Révolution et de se retrouver au trou pour la nuit pour une paire de santiags! Un pays très étrange où une femme peut occuper un poste important dans un laboratoire pharmaceutique...et avoir besoin de la permission écrite de son mari pour passer une nuit dans un hôtel en déplacement professionnel. Un pays très étrange que le lecteur est invité à découvrir peu à peu et dont les habitants croisés tour à tour fascinent et/ou révulsent.

Si j'avoue une certaine nécessité d'un temps d'adaptation aux noms propres persans , j'ai lu ce roman avec plaisir, quoique pas du tout dans l'état d'esprit que j'ai d'habitude en dévorant un polar: Qui a tué l'ayatollah Kanuni? est définitivement plus un roman sur l'Iran actuelle,sur sa société, qui se trouve se doubler d'un roman policier dont l'enquête aurait mérité d'être un peu plus corsée.

Cela reste un livre très intéressant, qui donne au lecteur l'envie d'apprendre un jour que son auteur a continué dans cette voie et de retourner voir l'Iran par sa plume!

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Sous le prétexte d'une enquête policière, à la suite de l'assassinat d'un juge, dignitaire du régime ultrareligieux alors en place en Iran, l'auteure nous convie à une balade avant tout politique dans le Téhéran de 2005, à l'aube des élections présidentielles qui amèneront l'ayatollah Ahmadinejad au pouvoir. Elle nous présente ainsi une galerie de personnages assez typés : Narek, jeune pigiste français d'origine irano-arménienne, fils d'anciens opposants au régime dont le père s'est enfui en France avec ce fils alors âgé de 4 ans, après l'exécution de sa femme ; Narek est de retour au pays justement dans le cadre de ces élections, espérant trouver de quoi faire un article qui intéressera l'Occident… et comprendre ce qui s'est passé 23 ans plus tôt ; Leila Tabihi, féministe convaincue mais d'un le cadre d'un Islam fort, candidate à ces mêmes élections, qui jouit d'une relative liberté grâce au renom de son père, lui aussi ayatollah, et qui a connu autrefois la mère de Narek ; Mirza Mozaffar, ancien ministre, qui vit dans les quartiers chics grâce à la grande fortune de sa femme dont il est encore très amoureux, malgré le fait qu'il collectionne les maîtresses ; et Soraya, la femme ambiguë de Mirza. le point des vue de ces différents personnages est mis en avant à tour de rôle dans un ordre aléatoire, avec un double fil rouge : les différentes tentatives pour aider Narek à récupérer ses papiers qui lui ont été confisqués peu après son arrivée au pays, et la résolution de l'assassinat de Kanuni, pour lequel plusieurs pistes, plus politiques les unes que les autres, vont être envisagées.

Si tout cela semble intéressant à première vue, c'est surtout très difficilement lisible ! L'auteure adopte un ton journalistique avec de nombreuses libertés de romancière, mêlant personnages historiques réels et protagonistes fictifs. le procédé est connu et aurait pu donner un résultat intéressant. Malheureusement, l'ensemble reste assez décousu, et au final on se perd dans ces trop nombreux personnages (car il y a aussi une flopée de personnages secondaires récurrents) aux noms qui finissent par se mélanger dans mon cerveau trop occidental. de même, à moins de bien connaître les préceptes de l'islam en général, et leur application en Iran en particulier, ainsi que l'histoire de l'Iran, et toute cette mentalité persane (que l'auteure semble dénoncer à plus d'une reprise) où aucun sujet n'est jamais abordé directement, mais après tant et tant de salamalecs qu'on ne sait plus trop de quoi on parlait, là aussi on se perd et on se lasse… tandis que la résolution de l'enquête s'éloigne sans cesse, et que Narek ne retrouve décidément pas ses papiers. Il y a bien un lexique, citant aussi bien les personnages historiques importants que les mots récurrents cités, et une chronologie des événements politiques… mais ce n'est pas trop pratique de retourner en permanence à ces pages. Pire : comme je l'ai lu en format Kindle, c'est très inconfortable et démotivant.

Très honnêtement, j'ai été à deux doigts d'abandonner ce livre… pourtant il n'est pas tout à fait mauvais, il y a même quelques passages proches d'un certain humour, ou qui relèvent certaines contradictions propres à un tel régime. On apprend ainsi que l'islam conseille aux hommes attirés par les hommes de se faire opérer, car être transgenre serait plus acceptable qu'être homosexuel ; on découvre que la sueur du chameau serait aussi impure que les chiens, les porcs ou les hommes et femmes non musulmans (entre autres). de façon plus intéressante, on s'étonne qu'un régime aussi totalitaire qu'une république religieuse islamique a laissé une certaine liberté aux représentants d'une autre religion, en l'occurrence les Arméniens, chrétiens, et apparemment nombreux en Iran, qui ont gardé l'autorisation de produire et même de consommer du vin !

Ah ! j'oublie de dire : on finit par savoir qui est l'assassin, mais on ne sait même plus trop si c'est surprenant ou pas, car on s'est tellement perdus dans les méandres politico-administratifs du régime iranien, qu'on n'y comprend plus grand-chose. Ainsi, ce livre donne le sentiment d'avoir été écrit pour des initiés, avec une enquête menée de façon privée mais sans réel suspense, ce qui lui fait rapidement perdre tout intérêt, car le lecteur lambda occidental ne s'y retrouve absolument pas.
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Naïri Nahapétian nous plonge en 2005 dans l'Iran des ayatollahs, à l'approche d'élections présidentielles dont l'issue est des plus incertaines.
Depuis la révolution de 1979 qui a mis fin au règne de la dynastie Pahlavi, les religieux sont toujours au pouvoir après avoir durement réprimé les composantes marxiste et nationaliste laïque initialement alliées dans la lutte contre le Shah.

Le jeune journaliste, Narek Djamshid, Persan par son père et Arménien par sa mère, retourne pour la première fois dans ce pays natal qu'il a quitté très jeune et dont il ne maîtrise pas les codes, afin de couvrir le scrutin pour son journal. C'est aussi pour lui l'occasion d'une remontée dans le passé d'une mère dont il n'a que des souvenirs très lointains.

Alors qu'il a obtenu l'aide de Leila Tabihi, une figure locale islamiste qui se bat pour la cause des femmes et espère participer à la lutte pour la présidence – si le conseil des gardiens de la Constitution l'y autorise -, il se retrouve malencontreusement sur les lieux ou l'ayatollah Kanuni, symbole de la répression contre les opposants au régime, a été assassiné.

Il découvre bien malgré lui, mais heureusement de façon provisoire, le fonctionnement de la police et l'hospitalité des geôles iraniennes. La situation paraît rapidement bloquée, l'enquête au point mort - Kanuni ayant officiellement et bien opportunément succombé à une crise cardiaque -, dans un contexte de suspicion qui semble privilégier l'ignorance à une vérité qui pourrait faire sortir quelques réalités financières peu reluisantes.

L'intrigue policière n'est qu'un prétexte pour l'auteure, qui nous propose le temps d'un roman à caractère résolument social la découverte une société iranienne complexe. Bien qu'il ne soit pas évident de s'y retrouver dans des personnages secondaires aux appartenances politiques pas toujours faciles à cerner, ainsi que dans les divers groupes garants de l'ordre et de la morale islamique, la lecture reste agréable et instructive pour qui apprécie de sortir des cadres habituels du polar.
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J'étais très curieuse de découvrir ce premier polar made in Iran, comme l'affirme la couverture du roman. Et c'est une très belle découverte.

Narek est un jeune Français d'origine iranienne qui a quitté le pays en 1982 à l'âge de quatre ans, avec son père. Ils sont installés à Paris. Depuis, Narek ne se souvient pas bien de sa mère, il n'en a qu'une image: Elle est dans une véranda avec des plante, elle porte une mini jupe et une veste en daim orange. Son père ne lui en parle jamais, il sait seulement qu'elle est morte d'une hémorragie cérébrale quand il était tout petit. Aujourd'hui, en 2005, Narek a vingt sept ans, il a la double nationalité et se destine au journalisme. Il essaie de décrocher un stage. Il a aussi raté l'examen d'entrer à Science-Po, car il a été interrogé sur son pays d'origine et s'est avéré incapable de répondre. Comme les journaux dans lesquels il aimerait effectuer son stage trouvent qu'il manque d'expérience de terrain, il décide de faire d'une pierre deux coups et de partir en vacances en Iran pour rapporter un reportage sur les élections présidentielles.

Et voici Narek chez une de ses tantes qu'il ne connaît pas, le clan familial vient le visiter, il découvre peu à peu la vie à Téhéran. Il rencontre Leila Tabihi, responsable d'une association féministe islamique (Eh oui ça existe !), candidate aux élections présidentielles, mais surtout qui fut une amie proche de sa mère. Après leur rencontre, elle lui propose de le raccompagner chez lui. Elle doit juste s'arrêter au palis de justice pour déposer des documents et lui propose de l'attendre dans la voiture. Narek insiste pour l'accompagner, ce qui la contrarie, mais elle le laisse venir avec elle, il attendra dans une des salles d'attente. Au bout d'une demie heure, un garde arrive et emmène Narek dans le bureau d'un religieux assassiné où se trouve Leila. Ils sont tous deux arrêtés et passent la nuit en prison.Narek s'imagine les pires choses.

Leila et son ami Mirza Mozaffar, un ancien ministre essaient d'enquêter discrètement, mais c'est difficile et surtout très dangereux dans ce pays dictatorial et corrompu. Narek reste surtout spectateur, pourtant il finira par en apprendre plus sur ce pays et surtout sur sa famille.

Ce roman est très agréable à lire, on ne s'y ennuie pas une minute. Il y a un lexique à la fin pour expliquer les termes spécifiques à la culture iranienne et les noms des dirigeants actuels dans lesquels on peut reconnaître certains personnages du livre. La politique est présente tout au long du roman et l'auteur souligne que la victoire d‘Armadinedjah était tout à fait inattendue, en tout cas pour les intellectuels et les riches bourgeois qui sont les personnages principaux du livre.

Ce n'est pas un polar classique car les enquêteurs sont clandestins et doivent se montrer très prudents. L'auteur a pour but de nous parler de la vie en Iran loin des préjugés occidentaux. Je ne suis pas sûr qu'il ait atteint son but, car l'Iran que nous découvrons dans son roman est très noir. La répression continue, même si elle n'est plus aussi violente et systématique qu'à l'époque de Khomeiny et surtout le pouvoir est gangréné par la corruption, en particulier les fondations islamiques. Je ne sais pas quels préjugés l'auteur attribue aux Occidentaux, mais son livre n'a pas changé mon avis sur ce pays: un coin où il ne fait pas bon vivre, surtout si on est une femme.

L'enquête atypique menée par Leila nous permet de découvrir différentes facettes du pouvoir et de la société iraniens et même s'il ne ressemble pas aux polars auxquels on est habitué, ce livre mérite vraiment d'être découvert.


Lien : https://patpolar48361071.wor..
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Citations et extraits (133) Voir plus Ajouter une citation
Seul à l'arrière d'un taxi, dans la chaleur poussiéreuse de la ville, il revoyait sa première rencontre avec Kanuni, après l'arrestation de son ami Farshad Omidi, cet homme aimable et précautionneux, spécialiste de langues anciennes, qui s'était opposé à l'islamisation des programmes universitaires. On était en 191. Deux jours après que les gardiens de la Révolution l'eurent arrêté sur le campus, Farshad avait eu la mâchoire décrochée lors d'un interrogatoire. Sa femme Simin avait alors reçu un appel lui réclamant de l'argent pour la remettre en place. Puis c'était le tibia qu'on lui avait fracassé, demandant encore plus d'argent pour le soigner, avant de s'attaquer à d'autres parties de son corps, exigeant chaque fois des sommes plus élevées. Simin et Mirza avaient entrepris d'innombrables démarches, se perdant dans l'opacité de la bureaucratie naissante de la République islamique. Et Kanuni les avait finalement reçus, petit homme voûté au visage étroit. plein de morgue, il avait menacé à demi-mot la femme d'Omidi, injurié son avocat parce qu'il portait une cravate, à peine écouté Mirza, avant de les congédier d'un geste, faisant mine de les balayer de la main. Ils avaient appris quelques jours plus tard que Farshad avait été exécuté la veille de leur visite.
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Elle savait qu'une grande partie de la jeunesse iranienne, y compris dans les classes populaires, ne rêvait que d'une chose: vivre aux États-Unis. C'étaient les enfants de la Révolution. Ils étaient nés avec elle, leurs parents s'étaient battus contre l'impérialisme, leurs frères étaient morts sur le front irakien. Et eux rêvaient de quitter l'Iran. N'était-ce pas là leur pire défaite?
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Narek en profita pour relire les questions qu'il avait notées : Pourquoi le Conseil des gardiens tardait-il à répondre ? Quelles étaient les chances du candidat réformateur Moustafa Moïn face à Rafsandjani ? Bilan des deux mandats, pour le moins décevants, de Khatami..Après les dures années du khomeynisme, dominées par la guerre contre l'Irak et la terreur postrévolutionnaire, la présidence de Hashemi Rafsandjani avait été marquée par une relative libéralisation politique et économique, permettant à la société civile de s'épanouir. En 1997, l'élection de Mohammad Khatami, un religieux modéré qui avait autrefois dirigé la Bibliothèque nationale iranienne, s'inscrivait dans ce mouvement. Mais Khatami s'était heurtè à l'opposition des conservateurs Iraniens notamment représentés par le Guide Ali Khamenei. Narek, qui espérait à travers cette rencontre avoir une vision plus précise du fameux clivage modérés-conservateurs, reprit ses questions : le blocage des réformes devait-il imputé aux institutions de la République islamique ? Que pensait-elle du pouvoir de contrôle des instances comme le Guide suprême, le Conseil des gardiens et l'Assemblée des experts, clés de voûte du velayat-e faghi : le gouvernement des clercs, système imaginé par l'ayatollah Khomeyni ?
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Mirza Mozaffar se gara devant une affiche aux couleurs pastel qui représentait le Guide Ali Khamenei félicitant une famille iranienne modèle, un couple avec deux enfants. Le slogan préconisait le contrôle des naissances.
Il céda le pas à Leila pour entrer dans le dispensaire. Le hall était occupé par une multitude de femmes en tchador, dont certaines s'étaient installées à même le sol. Dans le domaine du planning familial, la République islamique avait réussi là où le Shah avait lamentablement échoué. "Quand les mollahs prescrivent la pilule, même les femmes les plus croyantes acceptent de la prendre", expliquait son amie Mona.
Celle-ci devait gagner une misère dans ce dispensaire. Elle aurait pu ouvrir un cabinet de sage-femme dans le nord de la ville et se constituer une clientèle aisée. Au lieu de cela, elle distribuait gratuitement la pilule aux habitantes des quartiers populaires et aux réfugiées afghanes.
Mona restait une vraie gauchiste, elle avait gardé ses idéaux intacts, se dit-il en la voyant venir de son pas feutré de femme corpulente, serrant par grappes les mains des femmes aux tchadors étalés qui étaient assises sur le sol.
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- Enfin personne en Iran ne regarde ton Kiarostami, répliqua sa tante.
- C'est vrai, admit Shahryar Majidpour. Il n'est pas aussi populaire auprès du public iranien que du public français. Un peu comme Woody Allen en Amérique, si vous voulez.
- Qu'est-ce qui marche bien alors chez les Iraniens ?
- Kollah ghermezi !
- J'adore ! fit sa tante.
Le personnage principal de ce film populaire était une marionnette qui représentait un petit garçon portant un drapeau écarlate : son kollah-eghermezi.
- Le propos idéologique à la fin est un peu lourd, précisa Majidpour, avec ce dinosaure en plastique qui incarne le capitalisme occidental, prêt à nous pervertir. Mais c'est très drôle, plein de tendresse et de poésie..
- Vous l'avez?
- Non, ce serait dommage de le regarder en cassette. Il faut le voir au cinéma, pour l'ambiance : on vient en famille et on chante et on tape dans les mains...
- Les gens dansent dans la salle, dit sa tante, qui rit avant de fredonner la chanson du film.
Shahryar Majidpour se mit carrément à chanter.
- Il faut vraiment que vous voyiez ça, ça passe encore vous savez.
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