Une belle découverte d'un poète jordanien décédé d'un cancer en 2019, et dont le Royaume d'Adam est le dernier poème, rédigé durant sa lutte contre la maladie.
J'ai été frappée par son agonie durant laquelle il visite ce qui se révèle être les enfers, ressasse les morts et les violences dont il a été témoin et assiste au supplice de poètes perforés "de crayons d'or" pour des crimes que l'on peine à comprendre...L'omniprésence de la mort et des linceuls dont elle se pare dans le monde réel semble se poursuivre continûment dans le monde d'outre-tombe, et le poète tente de se faire le messager de cette furie auprès du créateur, qui demeure stoïque.
Un très beau poème, suivi d'une anthologie choisie également prenante ; entre scènes violentes de guerre et répit dans des cafés londoniens, récits de rencontres féminines et obsession de la maladie et de la mort.
Une belle découverte de la collection Sindbad !
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Nous ne saurons jamais combien de temps nous sommes restés là-bas endormis
A l'ombre de nos cils
Et combien de fois la terre nous a fait tourner avec elle
Dans des livres maintes fois partagés
Mais nous sommes revenus plus légers que jamais
Sans retrouver ceux que nous avions laissés sur les tours
A repousser des vents venus de sept directions.
Ne dites pas : c'était leur heure.
Ne dites pas : c'était écrit.
Ne dites pas qu'en cela il y a une sagesse qui nous dépasse, car cette heure n'était pas celle de ces enfants qui s'agrippent, terrorisés, aux robes de leurs mères.
La parole est d'argent
La poésie d'or
Et la femme le tintement des deux métaux
Désormais les poèmes sont notre langue Commençons-les donc sans métaphores ni dramatisation
Et regardons les choses vivantes en nous
Avec beaucoup d'égard
Que le chant soit
Célébration de la satisfaction
Et des joies propres aux bergers
Ceux-là
Partis pour de bon
Et dont les mélodies et les odeurs
Se sont dispersées parmi les récifs et les gravats.