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Citations sur Le Bal (65)

A la hâte, comme si elle courait à un rendez-vous d'amour, elle jeta son peignoir, commença à s'habiller : elle enfila ses bas, ses souliers, sa robe, avec l'agilité particulière de celles qui, toute leur vie, se sont passées de femmes de chambre.
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Mme Kampf entra dans la salle d'études en fermant si brusquement la porte derrière elle que le lustre de cristal sonna, de toutes ses pendeloques agitées par le courant d'air, avec un bruit pur et léger de grelot.
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Elle rejoignit les amoureux devant le pont Alexandre-III. Ils se parlaient très vite, très bas dans la figure. En apercevant Antoinette, le garçon eut un geste impatienté. Miss Betty se troubla un moment ; puis, saisie d'une brusque inspiration, elle ouvrit son sac, en tira le paquet d'enveloppes.
- Tentez, chérie, voilà les invitations de votre maman que je n'ai pas encore mises à la poste... Courez vite jusqu'à ce petit bureau de tabac, là, dans la petite rue à gauche... vous voyez la lumière ? Vous les jetterez à la boîte. Nous vous attendons ici...
Elle fourra le paquet préparé dans la main d'Antoinette ; puis elle s'éloigna précipitamment. Au milieu du pont, Antoinette la vit s'arrêter de nouveau, attendre le garçon en baissant la tête. Ils s'appuyèrent contre le parapet.
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"Cette petite, elle ne pouvait pas choisir un autre jour pour se tuer..." Comme sa mère avait dit : " Je veux vivre, moi, moi..." Peut-être, au fond, cela faisait plus mal encore que le reste... Jamais Antoinette n'avait vu dans les yeux maternels ce froid regard de femme, d'ennemie...
"Sale égoïstes; c'est moi qui veux vivre, moi, moi, je suis jeune, moi... Ils me volent, ils volent ma part de bonheur sur la terre... Oh ! pénétrer dans ce bal par miracle, et être la plus belle, la plus éblouissante, les hommes à ses pieds ! "
Elle chuchota :
" Vous la connaissez ? C'est Mlle Kampf. Elle n'est pas régulièrement jolie, si vous voulez, mais elle a un charme extraordinaire... et si fine... elle éclipse toutes les autres, n'est-ce pas ?
Quant à sa mère, elle a l'air d'une cuisinière à côté d'elle ..."
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- Est-ce qu'on dansera dans les deux salons ?
- Naturellement, et dans la galerie ... tu sais que notre galerie est très belle... je louerai des corbeilles de fleurs en quantité; tu verras comme ce sera joli, dans la grande galerie, toutes ces femmes en grande toilette avec de beaux bijoux, les hommes en habit... Chez les Lévy de Brunelleschi, c'était un spectacle féérique... Pendant les tangos, on éteignait l'électricité, on laissait allumées seulement deux grandes lampes d'albâtre dans les coins avec une lumière rouge...
- Oh! je n'aime pas beaucoup ça, ça fait dancing.
- Ca se fait partout à présent, il paraît ; les femmes adorent se laisser tripoter en musique... Le souper, naturellement, par petites tables...
- Un bar, peut-être, pour commencer ?...
- C'est une idée... Il faut les dégeler dès qu'ils arrivent. On pourrait installer le bar dans la chambre d'Antoinette. Elle coucherait dans la lingerie ou le petit cabinet de débarras au bout du couloir, pour une nuit...
Antoinette tressaillit violemment. Elle était devenue toute pâle ; elle murmura d'une voix basse, étranglée :
- Est-ce que je ne pourrai pas rester seulement un petit quart d'heure ?
Un bal... Mon Dieu, mon Dieu, ce serait possible qu'il y eût là, à deux pas d'elle, cette chose splendide qu'elle se représentait vaguement comme un mélange confus de folle musique, de parfums enivrants, de toilettes éclatantes... de paroles amoureuses chuchotées dans un boudoir écarté, obscur et frais comme une alcôve... et qu'elle fût couchée ce soir-là, comme tous les soirs, à neuf heures comme un bébé... Peut-être des hommes qui savaient que les Kampf avaient une fille demanderait-ils où elle était ; et sa mère répondrait avec son petit rire détestable : "Oh, mais elle dort depuis longtemps voyons..." Et pourtant qu'est-ce que ça pouvait lui faire qu'Antoinette, elle aussi, eût sa part de bonheur sur cette terre ?... Oh ! mon Dieu, danser une fois, une seule fois, avec une jolie robe, comme une vraie jeune fille, serrée dans des bras d'homme... Elle répéta avec une sort de hardiesse désespérée en fermant les yeux, comme si elle appuyait sur sa poitrine un révolver chargé :
- Seulement un petit quart d'heure, dis, maman ?
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- Allons, allons, la suite ... Voici quelques adresses sur ce bout de papier que tu n'auras qu'à recopier, Antoinette...
Mme Kampf se pencha sur l'épaule de sa fille qui écrivait sans lever le front :
- C'est vrai qu'elle a une très jolie écriture, très formée... Dis donc, Alfred, M. Julien Nassan, ce n'est pas celui qui a été en prison pour cette affaire d'escroquerie ? ...
- Nassan ? Si.
- Ah ! murmura Rosine un peu étonnée.
Kampf dit :
- Mais d'où sors-tu ? Il a été réhabilité, on le reçoit partout, c'est un garçon charmant, et surtout un homme d'affaires de tout premier ordre ...
- M. Julien Nassan, 23 bis, avenue Hoche, relut Antoinette. Après, papa ?
- Il n'y en a que vingt-cinq, gémit Mme Kampf : jamais nous ne trouverons deux cents personnes, Alfred ...
- Mais si, mais si, ne commence pas à t'énerver. Où est ta liste à toi ? Tous les gens que tu as connus à Nice, à Deauville, à Chamonix, l'année dernière ...
Mme Kampf prit un bloc-notes sur la table.
- Le compte Moïssi, M., Mme et Mlle Lévy de Brunelleschi et le marquis d'Itcharra : c'est le gigolo de Mme Lévy, on les invite toujours ensemble...
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Antoinette se tenait debout à présent et se balançait gauchement sur une jambe. C'était une longue et plate fillette de quatorze ans, avec la figure pâle de cet âge, si réduite de chair qu'elle apparaît, aux yeux des grandes personnes, comme une tache ronde et claire, sans traits, des paupières baissées, cernées, une petite bouche close... Quatorze ans, les seins qui poussent sous la robe étroite d'écolière, et qui blessent et gênent le corps faible, enfantin... les grands pieds et ces longues flûtes avec des mains rouges au bout, des doigts tachés d'encre, et qui deviendront un jour les plus beaux bras du monde, qui sait ? ... une nuque fragile, des cheveux courts, sans couleur, secs et légers ...
- Tu comprends, Antoinette, que c'est à désespérer de tes manières à la fin, ma pauvre fille... Assieds-toi. Je vais entrer encore une fois, et du me feras le plaisir de te lever immédiatement tu entends ?
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Oh ! dear, dear, c'est bien laid, une petite fille qui boude ; vous faites de la peine à votre ange gardien...

Antoinette grimaça : « sale Anglaise » et tendit vers le mur ses faibles poings crispés. Sales égoïstes, hypocrites, tous, tous... Ca leur était bien égal qu'elle suffoquât, toute seule, dans le noir à force de pleurer, qu'elle se sentît misérable et seule comme un chien perdu…
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Antoinette tremblait de tous ses membres, mais elle sortit avec lenteur sans une larme.

— Charmant, dit Mme Kampf quand elle fut partie : ça promet... D'ailleurs, j'étais toute pareille à son âge ; mais je ne suis pas comme ma pauvre maman qui n'a jamais su me dire non, à moi... Je la materai, je t'en réponds...

—Mais ça lui passera en dormant ; elle était fatiguée ; il est déjà onze heures ; elle n'a pas l'habitude de se coucher si tard : c'est ça qui l'aura énervée... Continuons la liste, c'est plus intéressant, dit Kampf.
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− [...] Tu as la liste des invités, Alfred ?
− Oui, dit Kampf ; mais attends que j'ôte mon veston, j'ai chaud.
− Surtout, dit sa femme, n'oublie pas de ne pas le laisser traîner ici comme l'autre fois... J'ai bien vu à la figure de Georges et de Lucie qu'ils trouvaient cela étrange qu'on se mette au salon en bras de chemise...
− Je me fous de l'opinion des domestiques, grommela Kampf.
− Tu as bien tort, mon ami, ce sont eux qui font les réputations en allant d'une place à l'autre et en bavardant.
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