Je remercie tout d'abord Babélio et les éditions Chapitre 12 de m'avoir permis de lire « Quand s'éteindront les lucioles », dans l'opération Masse critique du 31 Janvier 2012.
C'est étonnant d'être tombé sur ce livre. En effet, j'ai lu très récemment « Maleficus » qui parlait déjà de l'inquisition, non au XIIIème siècle comme pour « Quand s'éteindront les lucioles », mais au XVIème. J'avais moyennement apprécié « Maleficus » à cause du manichéisme flagrant des protagonistes tout au long du roman. J'avais donc matière pour comparer.
« Dans les années 1260 » indique le quatrième de couverture. Nous sommes donc en plein dans la période de l'inquisition, Montségur et les cathares ont été soumis ou sont en passe de l'être (Belibaste, le dernier « parfait » connu, sera brûlé en 1321).
Je n'irai pas qualifier (étiqueter) le roman de « roman historique ». En effet, est-ce qu'une date qui n'est citée qu'en quatrième de couverture fait d'un ouvrage un roman historique ? La date ou la période n'est nullement reprise dans le roman, aucune référence à un autre évènement historique, quel qu'il soit. Et c'est là que se situe (à mon avis) la double erreur : celle de l'auteur d'avoir rajouter cette date (même vague) en quatrième de couverture et celle du lecteur que je suis, qui s'est raccroché à cette date.
Sans cette date, les références (nombreuses) à la mythologie grecque ne m'auraient pas gêné, ni la soif de liberté et de révolte du jumeau, ni son athéisme, ni la connaissance de l'écriture et de la lecture de la plupart des protagonistes, ni l'absence de l'église non inquisitionnelle, ni même la phrase « Nous, ses fidèles, ne pouvons plus fermer les yeux sur ces avanies qui retranchent la parole divine à des palimpsestes d'une voix oubliée. » de l'inquisiteur aux villageois (quoique, peut-être à l'époque, les palimpsestes étaient des sujets de discussion très courus dans les auberges).
Imprécision de date, et imprécision de lieu également. Mais à, cela ne m'a pas gêné (j'ai toujours préféré l'histoire à la géographie). En fait le roman contient peu de descriptions. du coup, je ne voyais aucun décor aux scènes qui se déroulaient (je pensais régulièrement au film « Dogville » de Lars von Trier, avec Nicole Kidman, où les murs des bâtiments ne sont que des traits sur une scène.). Il n'y a que pour le château que je ressentais la consistance du lieu.
du coup, on est dans cet univers vague, porté par la poésie du texte. Car l'auteure nous fait voyager au travers de très jolies formules, expressions poétiques et douces, typiques d'un premier roman où le langage va être très recherché (un peu trop parfois : « Les cheveux bruns de la fillette se crispèrent »).
Donc, à partir du moment où j'ai su faire abstraction de la date de la « quat-de-couv », le roman m'a bien plu (un très joli conte sur les lucioles et la question « Et toi, Annabelle, quand d'éteindront les lucioles, quel choix auras-tu fait ? »).
Enfin, si ce n'est pour Annabelle, à certains moments, on n'a peu de compassion pour les personnages. Je ne parle pas de l'inquisiteur. On a un peu de mal à suivre Tom, dans ses actes ; Maxence est gentil, mais on ne s'attache pas à lui. Les autres personnages (le père, les voisins, Blanche) sont secondaires exceptée Ondeline sur la fin.
Au final, on a un bon roman sur la quête d'identité (pour Annabelle), sur la révolte contre l'ordre établi (pour Tom). le combat des sorcières (j'aurai préféré « guérisseuses ») auraient mérité d'être un peu plus étoffé.
C'est un premier roman, et il faut le lire comme tel.
PS :
Murielle Nguyen Thuy, jeune auteure moderne, qui occupe un poste de consultante dans un cabinet de conseil, a son site Facebook, sa page sur LinkedIn et nous gratifie d'un QR code pour pouvoir accéder à son interview (ce n'est que, pour ce dernier jour de lecture, que j'ai réussi à trouver quelqu'un pour me donner l'URL se cachant derrière, ne disposant pas moi-même de quoi décoder les petits carrés). Malheureusement l'url http://quandseteindrontleslucioles-leclip.com n'est pas (plus ?) accessible.