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EAN : 9782918406167
342 pages
Kyklos (08/03/2011)
3.81/5   8 notes
Résumé :

Au crépuscule de sa vie, Ndali, une métisse dont les origines mystérieuses ont longtemps alimenté les chroniques de sa contrée, doit transmettre son héritage spirituel à sa descendance. En leur livrant l'histoire de sa vie teintée de rejet et de doutes, la doyenne leur dévoile son rôle de combattante dans une dimension occulte afin de maintenir les équilibres qui régissent l'Univers. Un voyage... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Ce livre, dans lequel se mélangent fantastique et triviale réalité est écrit par une autrice africaine (qui nous l'a dédicacé).
La françafrique est égratignée (mais pas assez, j'ai appris récemment que ce pays est la proie d'une dictature féroce que soutient notre gouvernement).
C'est un hymne à la force des femmes du Cameroun. C'est l'histoire de toute une lignée de femmes un peu sorcières qui apprennent à communiquer avec les esprits et à s'accommoder de leur sort et aiment leur village et leurs racines.
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Voilà plus d'un mois que j'ai lu ce roman et je n'arrive toujours pas à apposer sur mon ressenti de mots assez justes, assez forts, pour décrire ce que j'ai ressenti à sa lecture. C'est un livre magnifique, qui m'a fait découvrir la culture africaine telle que je ne l'avais vue, faite de coutumes et de superstitions. C'est un roman intime, déroulé sous nos yeux comme un conte à la manière de la tradition orale africaine. Un récit qui nous emporte dans un autre monde. Bienvenue par ici et préparez vous à partir pour un voyage en terre inconnue ...

Moi qui ne connaît que peu le continent africain, j'ai été fascinée, et troublée aussi, de partager ainsi la vie d'une femme camourenaise, Ndali. Cette dernière, figure centrale du roman, nous raconte toute l'histoire de sa vie à travers ces pages. Et c'est un récit captivant, empreint de tristesse, d'amour, de peines et de douleurs. Rien n'est facile dans ce roman, rien ne nous est offert sans contrepartie. C'est dur, violent, c'est un combat. Malgré tout, une force irrésistible pousse le lecteur a tenté d'aller plus loin que ses préjugés, de comprendre pourquoi les choses se déroulent ainsi là-bas, pourquoi ces croyances et ces coutumes qui ne sont pas les nôtres se perpétuent et ne devraient pas forcément nous choquer. Il n'est pas simple pour une occidentale comme moi, incroyante et féministe sur les bords, d'accepter la condition de Ndali sans réagir. Mais elle, elle le fait, avec force, courage et dévotion, alors j'ai tenté de suivre son exemple. J'ai serré les dents et j'ai laissé tomber quelques barrières pour tenter de mieux la comprendre ...

Il faut dire que la condition de Ndali en tant que femme peut sembler on ne peut plus archaïque. Dans son village, les hommes règnent en maîtres, les femmes font plutôt office d'objet, d'esclave, que d'être humain. C'est une condition qui me répugne, par exemple, le fait qu'elle soit la 30ème épouse de son mari actuel, ou qu'elle doive subir les affronts d'un homme ivre et violent sans mot dire, me rend la femme africaine tellement vulnérable, j'ai eu envie à plusieurs reprises de me révolter face à ces comportements qui me semblent barbares. Pourtant, ce sont des traditions ancestrales qui ont mené ces villages à s'organiser ainsi, sur un fonctionnement que je dirais similaires à celui des castes. Cette hiérarchie masculine mise en place, ce règles, ces contraintes, m'ont vite paru suffocantes. Il est dur de s'y plier pour quelqu'un épris de liberté. Son corps enchaîné, Ndali a cependant pu garder son esprit libre, je pense que c'est ce qui l'a sauvée ...

La vie de Ndali est riche d'enseignements. Elle commence bien avant sa naissance et se termine sur son lit de mort. Suivre ce destin tragique, celui d'une métisse, née d'un amour furtif mais puissant entre une mère noire et un père colon, allemand, qui sera persécutée sa vie durant pour cette différence, c'est s'embarquer dans un voyage inoubliable. de sa venue au monde, Ndali garde la trace de la Malédiction que les hommes de son village lui appose sur le front. Elle fait peur, car elle est différente. Ce point du récit n'a pas été sans me rappeler des périodes de l'histoire pas si lointaines où les couples mixtes et leurs enfants n'étaient pas vraiment accueillis à bras ouverts dans les communautés occidentales. Évoqué ainsi, le thème de la différence, de ce qu'on ne comprend pas, fut un très bon choix de la part de l'auteur. Elle donne une belle leçon de tolérance à son lecteur sans pour autant faire basculer son récit dans le moralisme. Impressionnant, surtout quand on voit comment les villageois réagissent à la fin du livre ... Ca m'a soufflée !

C'est donc une vie triste, faite de souffrances que connaît Ndali. Sa descendance féminine porte la marque de la malédiction, ses enfants meurent, son premier époux aussi, sa petite-fille s'enfuit du village après le meurtre de sa jumelle, ... bref, c'est sordide, plus qu'une femme ne devrait avoir à supporter. On a vraiment le sentiment que tout le poids du monde repose sur les épaules de cette femme. Je me suis demander tout du long comment elle gardait encore l'espoir, la force et la volonté pour avancer dans cette vie-là qui me paraît plus être une non-vie ou survie qu'autre chose. Il y a peu d'éclaircies, peu de bonheur dans la vie de Ndali, à part son éducation dans la forêt auprès de la Déesse Noire, magique, ou sa première "rencontre" avec son tout premier amour. Ces émotions fortes, violentes, qui prennent possession du lecteur tout au long de la lecture, nous rendent cette vie admirable en bien des sens. Même si souvent, je suis restée dans l'incompréhension face au comportement de Ndali. Après tout, vu comment les autres la traitent, pourquoi rester ainsi auprès d'eux ? Quel intérêt ?

Et c'est là que nous entrons dans la partie "mystique" du livre. Car si Ndali demeure dans ce village, c'est pour en protéger les habitants. En effet, elle est loin d'être une simple femme, elle est l'élue. Celle qui commande aux âmes damnées de la Voûte et empêche le monde de sombrer dans le mal. J'avoue que toute cette partie, c'est celle qui m'a le moins plu. Je n'ai pas adhéré au concept de la Voûte, aux hommes qui forment la confrérie qui la garde, etc. J'accepte totalement les pouvoirs de Ndali, là n'est pas le problème, mais disons que la façon dont ils sont représentés dans cet autre monde ne m'a pas captivée. On a à faire ici à des superstitions, des croyances, qui ne sont pas les miennes, c'est peut-être ça qui a posé problème, je ne sais pas, mais je n'ai pas réussi à accrocher à cet autre univers. Dommage. Surtout que de savoir que Ndali était une sorte de sorcière aux pouvoirs puissants et qu'elle détenait cet ascendant sur les gens de son village sans qu'il le sache était quand même une bonne surprise. Ca a donné encore plus de force à son personnage, s'il en était vraiment besoin. le fait qu'elle combine ces deux existences pour être un tout est vraiment fascinant.

Il y a bien évidemment d'autres personnages qui viennent se greffer autour de Ndali, mais je n'en parlerais pas ici, il est préférable de s'en faire une idée en lisant le livre. Les premières impressions sont parfois trompeuses et chacun doit se faire sa propre idée de l'Homme. J'avoue que tous ont su, d'une manière ou d'une autre, me toucher par leur histoire, par leurs peurs, leurs souffrances, leurs remords, leurs désirs. Quelque part, c'est une livre qui permet de rêver. Il nous ramène dans un temps que l'on pourrait croire obscur et qui pourtant est actuel, vers des croyances que l'on pourrait croire oubliées mais qui survivent. C'est un voyage au-delà de nous-mêmes. Il faut, comme Ndali, savoir quitter son corps et ses idées préconçues pour ne laisser que son âme découvrir cet ouvrage. C'est le seul moyen de le découvrir pleinement, dans toute sa splendeur et sa sincérité.

J'ai beaucoup aimé lire ce livre malgré les petits défauts que j'y ai perçu. Ce fut une découverte sur laquelle j'ai eu du mal à mettre des mots tant elle m'a bouleversée. La vie de Ndali ne laisse personne indifférent, elle vous touche, que vous le vouliez ou non, elle vous rend plus fort, plus souple aussi quelque part. Elle m'a donné envie d'être, à son image, une femme forte qui garde la tête haute quoiqu'il arrive. C'est un très beau voyage et une belle leçon de vie que nous offre ici Marie Gisèle Nkom et je ne peux que vous recommander la lecture de ce livre.
Lien : http://coeurdelibraire.over-..
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Pour commencer deux petits bémols sur ce livre. Il y a d'abord un passage sur la France, ses dérives et les problèmes de l'immigration et de l'intégration des immigrés, non pas que ce passage soit inintéressant, les points de vue des personnages sont défendables, mais plutôt que ce passage n'apporte, à mon sens, rien au reste de l'histoire et semble un peu être là « par hasard ». Ensuite, j'ai été un peu perturbée par le choix chronologique de l'auteur, même si la construction est finalement très habile puisqu'elle suscite le suspens et donne envie au lecteur de tourner la page !

Une fois ces deux petites critiques (mais vraiment toutes petites !) émises, j'avoue avoir été véritablement enchantée par ce roman, surtout par son originalité. Je ne suis pas une grande connaisseuse des croyances et des coutumes africaines et j'ai vraiment beaucoup aimé cette histoire qui mêle à la fois le fantastique et le réel, à la fois l'histoire de Ndali et son combat contre les « forces du mal » et le quotidien des femmes Camerounaises autrefois et de nos jours.

Ce roman aborde de multiples thèmes, mais plus particulièrement la place de la femme dans la société camerounaise (et la société en général), les rapports complexes entre mères et filles, la peur des différences, la transmission familiale,... On ne peut que se sentir concerné par ces thèmes...

L'auteur a une très belle écriture, fluide, très agréable à lire. L'histoire de ces femmes sacrifiées par leur destin et par les hommes est triste et émouvante, les personnages sont très attachants.
Un très bon moment de lecture !
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Un nouvel OVNI littéraire pour cette maison d'édition, qui décidément, les enchaîne pour mon plus grand plaisir.


Ce récit mi réel - mi fantastique nous entraîne de plein pied dans les récits des conteurs africains, ces griots ayant toujours des histoires fortement symboliques et métaphoriques, frottés à la réalité occidentale et particulièrement à celle de notre société française.

Ensemble de visions sans fard sur le racisme, la peur de l'autre qu'il soit noir ou blanc, dans les turpitudes de l'histoire de l'Afrique et plus particulièrement du Cameroun où les européens colonialistes (allemand et français) vont être souvent à l'origine de la malédiction de cette génération de femmes au destin tragique (Ndali, l'héroïne majeur, la clé de voûte de toutes ces femmes qui la suivront, Tamara, Ngono).

Ces femmes, victimes de blancs qui les engrossent pour les abandonner, victimes des peurs ancestrales africaines où les métissages sont signe de sorcellerie, qui ne trouvent pas non plus auprès de leur maris noirs de compréhension ni d'amour (polygamie, mépris, jugées inférieures) et suscitent haines et rancoeurs au sein de leur villages. Elles doivent engager un combat contre toutes les aliénations et le rejet des leurs, ne connaissant que de trop rares moments de répit ou de bonheur alors que paradoxalement , notamment Ndali , dans son combat du mal dans les sphères extra humaines par ses sacrifices , va assurer la sérénité et le maintien de l'équilibre humain terrestre.

Critique directe politique et sociétale des pays africains, reprenant à leur compte les mauvaises habitudes des ceux qui l'ont colonisé (despotisme, clientélisme, affairisme, égoïsme) et toujours à cheval entre traditions ancestrales et volonté de modernisme. Passionnante lecture si l'on abandonne notre traditionnel rationalisme cartésien et que l'on se laisse porter par la puissance des contes des griots africains et la poésie de l'écriture de Marie Gisèle Nkom.
Lien : http://passiondelecteur.over..
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Je ne garderai pas un souvenir mémorable de cette histoire.
Non pas parce qu'elle est mal écrite, bien au contraire ; l'écriture est alerte, rythmée, facile à ingérer. Ce livre se lit presque comme un rien.
Non pas que le livre soit mal construit : bien que la narration se fasse à plusieurs étages, sur plusieurs génération, sue plusieurs lieux, avec plusieurs personnages, je m'y suis assez vite bien retrouvée dans ce désordre finalement assez ordonné.
Non pas que l'histoire en elle-même me repousse : j'aime beaucoup ses histoires de famille, ces histoires sur plusieurs générations, ces lignées que l'on suit dans le temps et l'espace.

Ce que je n'ai pas aimé c'est justement cette culture qui m'est si étrangère, si inaccessible, à moi qui suis si cartésienne et qui ait tant besoin de rationalité, et de clarté. Les esprits, les marabouts, les croyances plus incroyables les unes que les autres me laissent définitivement sur le bas-côté de la route, et il m'est impossible de prendre le transport en marche… impossible. C'est un roman « africain », sans aucun doute…trop africain pour moi. J'ai moyennement apprécié la satire à peine voilée de « l'homme blanc » Est-ce une manière de pour l'auteur de régler un compte avec ce dernier ? L'Histoire est ce qu'elle est, on y peut rien, il faut faire avec, d'un coté comme de l'autre.
J'ai très peu apprécié, les passages situés en banlieue parisienne, au cours desquels l'auteur met en lumière la disposa africaine avec ses dérives présentées comme une fatalité. Tout cela m'échappe un peu. Je dirais que ces passages là n'ont pas un intérêt capital…

Je me permets de relever 2 coquilles sur le plan imprimerie : la présence double des pages105 et 106, et, une faute grammaticale importante page 303 « Enfin Mballa vint le chercher pour l'emmener à l'établissement pénitentiaire ou Kaira se trouvait en détention préventive. » il fallait, je suppose lire « où » A deux reprises, j'ai repéré ce genre de coquilles dans les parutions Kyklos (Le fleuve et le sablier, et vingt ans l'an quarante), mais je n'ai pas relevé…Cette fois, je le fais pour les prochaines éditions…



Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les passerelles célestes est un roman très prenant que j'ai lu avec beaucoup de plaisir.
La plume est fluide et agréable. L'histoire est dépaysante et instructive.
Nous apprenons beaucoup sur la culture et l'histoire camerounaises. Merci d'ailleurs pour le petit aperçu sur les changements politiques au fil des ans dans ce pays.

Dans le contexte actuel, il est à mon avis difficile d'écrire un livre qui met le point sur certains sujets de société plutôt complexes et sujets à stigmatisation et amalgames. Bravo donc à l'auteur qui en plus de nous avoir brossé un tableau agréable à découvrir de la vie dans une communauté africaine a abordé (quoique superficiellement mais efficacement) la question de l'Homme blanc, colon en Afrique et celle de divers styles de vie de personnes d'origine africaine en France, sans oublier la condition féminine.
Certains messages parfois subliminaux sont d'une grande perspicacité.

Le passage qui relate tout ce qui est en lien avec le monde des esprits est assez rude à suivre et assez déstabilisant pour des personnes dont la culture est profondément ancrée dans le matériel mais cela reste très intéressant à découvrir.
Je pense cependant en souriant au fait que l'héroïne ait réussi à combattre les forces du mal tout en restant soumise à la loi des hommes.

Merci Madame Nkom pour cette fenêtre ouverte sur la richesse de la culture africaine et merci à Kyklos de nous livrer à chaque fois des lectures sortant des sentiers battus.
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Les blancs ont toujours été de passage dans le villages.
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