Y a des indices dans la vie, lieutenant. Quand dans votre ville il y a une BAC en hélico, c'est qu'il y a un truc pourri au royaume.
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Un rasoir. Un sac-poubelle. Un préservatif et une couverture de survie. C’est la base, énonça Ousmane. Pour le rasoir, il faut bruler la lame, elle lui servira à couper la bâche pour monter dans le camion. Le sac-poubelle, c’est pour se le mettre sur la tête à l’arrivée aux douanes. Ils ont des détecteurs pour le gaz carbonique qu’on expire. Il faut retenir son souffle le plus possible et respirer par petites goulées. La couverture de survie bloque la chaleur et la caméra thermique des hélicoptères ne pourra pas le voir. Tu peux en trouver encore auprès des associations humanitaires.
Et le préservatif ?
Ça c’est pour le stress. La peur te malmène le ventre et te tord les intestins. Ces ont les toilettes portables, si tu préfères.
Si on subit un attentat dans les jours qui viennent et qu’on découvre qu’il a été planifié dans notre ville, on pourra toujours dire qu’on ne savait pas, mais niveau culpabilité, ça va nous faire des nuits agitées.
– J’ai lu sur Internet qu’on avait 208 fois plus de chances de gagner au Loto que de naître en bonne santé, dans un pays démocratique et en paix, avec un toit sur la tête.
– Alors profite, rétorqua son père. C’est injuste, mais profite.
Il pensa à Alep, à seulement trois cent cinquante kilomètres plus au nord. Ses demeures écroulées, laissant apparaître l’intérieur des pièces comme dans les maisons de poupées. Ses immeubles en ruines à perte de vue, aucun ne dépassant plus de deux étages. Ses avenues bordées de voitures brûlées ou explosées et dans ce chaos, parmi la police, les militaires, dans le bruit des véhicules tout-terrain de l’armée et des chars, une population terrifiée et résignée qui continuait de vivre comme on joue à la roulette russe. (p. 20)
Tu dois faire attention aux Afghans. Ils ne sont pas pire que les autres, mais comme ce sont les plus nombreux, ils essaient de faire la loi. C’est naturel. C’est la survie. Nous devenons tous des monstres quand l’Histoire nous le propose.
Avec Manon et Jade. Avec Bastien et Adam. Tous ensemble dans la même maison. Assez d'amour reçu pour remplir plusieurs vies. Assez d'amour reçu pour mourir aujourd'hui.
Manon n'était pas émue. Enfin, pas seulement. Elle était aussi en colère. Une vraie colère profonde qui grossissait à chaque nouvelle découverte. Sous ces doigts, cette partition de cicatrices racontait la vie de l'enfant.
Nous sommes tellement de personnes différentes dans une même vie.
Père, assassin, ami.
Les enfants heureux doivent imaginer leurs monstres, planqués sous le lit. Au cours de sa vie, Kilani en avait affronté de nombreux, et ceux-là ne se cachaient pas .