Peter Huchel (1903-1981)
Rien à raconter.
La licorne s’est enfuie
et repose dans la mémoire des bois,
dans les chambres du pavot,
quand l’abbesse donne lune et soleil
aux morts.
L’automne se dépouille,
perd la mémoire
dans la trace sanglante des hêtres.
Il ne reste plus
que ce fil noir dans l’air,
qui unit deux voix.
Dans la blanche abbaye de l’hiver
coup d’aile silencieux.
Au nom de celui –
jusqu’à la fin des jours.
p.36
Peter Huchel (1903-1981)
Sous la houe luisante de la lune
je mourrai,
sans avoir jamais su
l’alphabet des éclairs.
Enfance des mythes
indéchiffrable
Dans le filigrane de la nuit.
Ignorant,
je tombe,
jeté aux os des renards.
p.35