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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les faits divers alimentent les feuilles de chou et nombre de romans, souvent voyeuristes et racoleurs. Certains en revanche sont mémorables lorsqu'ils sont signés Truman Capote (De sang froid), James Ellroy (Le Dalhia noir) et John O'Hara avec L'Enfer commence avec elle.

Butterfield 8 est un roman à clé. le lecteur des années trente reconnut aisément sous les traits de l'héroïne Gloria Wandrous feue Starr Faithfull, une flapper américaine morte noyée en 1931 à l'âge de 25 ans. Les journaux firent leur choux gras de cette sordide affaire car Starr Faithfull était une belle mondaine à la vie sulfureuse qui aurait été sexuellement abusée enfant par l'ancien maire de Boston, le riche et puissant Andrew James Peters, un temps soupçonné de l'avoir assassinée. le roman fit grand bruit et fut adapté au cinéma sous le titre La Vénus au vison avec Liz Taylor dans le rôle titre.

L'Enfer commence avec elle ne s'embarrasse pas de la rhétorique habituelle du genre, recoupement des faits, reconstitution minutieuse des évènements…Pourtant le romancier, l'un des rares a avoir eu accès au journal intime de Starr Faithfull (disparu et réapparu au fil des décennies…) ne manquait pas de matière et de sources de « première main ». Il faut attendre une centaine de pages avant que O'Hara n'aborde le drame, ce qu'il advint à la belle, à la follement libre Gloria Wandrous. Il ne s'intéresse pas à l'enquête, change la fin de l'histoire.
Le fait divers sordide permet plutôt à l'auteur de tendre un miroir à la bonne société new-yorkaise de la Grande Dépression, qui perdit quelques plumes dans le krach de 29 mais put continuer ses mondanités et ses virées dans les speakeasies. Il croque ainsi des jeunes femmes émancipées, des hommes d'affaires mariés et infidèles, des épouses toutes sorties des mêmes écoles et construites sur le même modèle, des demi-mondains…On pense à Dorothy Parker.
Le roman dresse surtout le portrait d'une jeune femme qui veut vivre pleinement sa vie pendant la Prohibition et reste farouchement attachée à sa liberté, dans ses amours, ses choix de vie, ses aspirations.
« Certes il existe des hommes et des femmes typiques, jeunes et vieux, mais seuls les éditorialistes sont capables de généraliser au point de repérer telle fille ou tel garçon et de le qualifier de symbole de la jeunesse moderne », écrit O' Hara. Starr Faithfull n'était sans doute pas pour lui une flapper, car née 10 ans trop tard, mais comment, à la lecture de ce roman ne pas associer son image à celle d'une Louise Brooks, ou d'une Zelda Fitzgerald?
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Nous sommes en 1931, à New York. Gloria Wandrous, héroïne de L'enfer commence avec elle de John O'Hara publié aux éditions de l'Olivier, se réveille après une nuit d'ivresse dans l'appartement de son nouvel amant. Un homme pressé qui après avoir profité des bras de la jeune femme part rejoindre à la campagne épouse et enfants, laissant Gloria seule dans l'appartement familial. Pour compenser sa robe déchirée par l'amant bien peu délicat, elle se sert dans l'armoire de madame, choisissant de revêtir son manteau de vison. Une décision qui bouleversera la vie de tous les protagonistes.

John O'hara, nouvelliste du New Yorker, ami de Fitzgerald ou bien encore de Hemingway s'attache à réaliser par touches le portrait d'une jeune femme décidée à profiter de la vie, mettant la même vivacité à passer de speakeasy en speakeasy, que de lit en lit.

Pourtant, si le narrateur la décrit comme "délurée", ce n'en est pas moins une jeune femme qui perd pied, s'enfonçant tout autant que son pays dans une profonde Dépression.

Et c'est en ça que ce récit est excellent : brossant un portrait d'une ville et de personnages gravitant autour de Gloria, tous au bord de l'abîme. le tout avec précision et finesse, sans pour autant adoucir la dure réalité.

«J'imagine que… Ça ressemble tellement au mot woundrous… "merveilleuse"», lui explique un homme rencontré dans un bar, évoquant son nom, Wandrous. «Oui, les gens s'imaginent que c'est un nom trafiqué, mais c'est mon vrai nom ; il s'écrit avec un "a" et se prononce Wan-drous - comme wan, "blême et lasse"… et pas won, "gagné".»

Gloria Wandrous est un beau personnage, au charisme inconscient, tout en complexité qui se devine au fur et à mesure que l'on avance dans le récit. Car si les premières pages peuvent laisser penser que l'on se trouve confronté à une sacrée peste, le romancier sait ménager ses effets et dévoiler peu à peu les épreuves traversées par la jeune fille, l'ayant forgée telle qu'elle est désormais.

D'un apparent vaudeville, nous voilà transportés dans un drame, à l'écriture diablement élégante et efficace. J'ai aussi particulièrement apprécié certaines piques incisives, qui n'ont pas été sans me rappeler l'écriture de Dorothy Parker, que j'affectionne tout particulièrement. Une lecture surprenante que je recommande donc vivement !

J'ai en tout cas découvert la plume d'O'Hara grâce à ce roman et reste surprise de n'avoir jamais croisé son nom auparavant. Car on se trouve face à un romancier de qualité évidente. Désormais, je n'ai qu'une envie : découvrir Rendez-vous à Samarra, publié par la même maison.

A noter que Gloria a été inspirée d'un personnage réel. le roman a par ailleurs été adapté au cinéma dans les années 1960, sous le titre La Vénus au vison, avec Elizabeth Taylor dans le rôle principal, qui lui valut un Oscar.
Traduit de l'anglais par Yves Malartic, traduction révisée par Mathilde Desprez.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Butterfield 8, titre original, était un indicatif téléphonique de ces années là.
La première traduction du roman s'est appelée "Gloria", qui est le principal personnage. L'édition actuelle en a changé le titre pour "l'enfer commence avec elle", ridicule et racoleur. de même que le titre du film "La Vénus en vison". Je n'ai qu'un très vague souvenir de l'adaptation cinématographique, mais dans le roman, le manteau de vison n'est au début qu'un accessoire dont Gloria a besoin pour sortir de l'hôtel, et qu'elle a l'intention de rendre car ce n'est pas une voleuse.
Qui mieux qu'un trentenaire contemporain des années 30 (très agréable à lire) pour nous évoquer une certaine classe d'américains plutôt aisés, dans un climat de dépression.
Gloria est une très belle et très jeune femme, qui couche beaucoup, parce que c'est "ce qu'elle a appris" et l'auteur nous emmène brièvement dans son adolescence. Mais c'est une gentille fille, qui pour la première fois est amoureuse, alors que pour son amant plus âgé elle n'est qu'une obsession.
La fin est malheureusement tragique pour Gloria, alors que l'homme aimé ne pense qu'à récupérer le fameux manteau pour retourner chez femme.
C'est mon interprétation de ce roman que j'ai beaucoup aimé, comme le précédent "Rendez-vous à Samarra", et je ne doute pas d'aimer le prochain.
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« L'enfer commence avec elle » nous replonge avec délice dans l'univers cher à Francis Scott Fitzgerald et Dorothy Parker à travers une comédie de moeurs à la frontière du roman noir. Ainsi la quatrième de couverture annonce le roman de J. O'Hara.

Nous voilà immergés dans le New York de 1931. C'est la prohibition et New York s'encanaille dans les « speakeasy » clubs clandestins. On danse encore le Turkey Trot, le Bunny Hug et le Maxixe mais le Jazz commence à avoir raison.

La jeune et jolie Gloria Wandrous n'a pas froid aux yeux, elle profite de la vie et collectionne les amants de la haute-société new-yorkaise. Sa mère devenue veuve très jeune est restée fidèle à la mémoire de son mari. Gloria l'admire mais quant à elle, elle préfère s'amuser !

Quand Gloria rencontre Weston Liggett, les choses se compliquent. Celui-ci en pleine crise existentielle constate qu'« après 20 ans de vie conjugale les maris se rendent compte qu'ils ne connaissent pas leur épouses ».

Il commence par introduire la jeune « flapper »chez lui tandis que son épouse est absente puis au fil des rencontres lui vient l'idée de tout quitter pour l'épouser…cependant il faut toujours se méfier du destin, et de ses revirements de situations !

L' alcool coule, les langues se délient dans la nuit new-yorkaise, les dialogues sont truculents, ironiques, et quand le vaudeville se transforme en drame, on ne le voit pas venir !

Cette réédition est un régal, les cinéphiles connaissent peut-être la version cinéma avec Elisabeth Taylor « Butterfly 8 » devenue « La venus au vison » en Français.

Un excellent intermède tragicomique à savourer !
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