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Citations sur La Piscine - Les Abeilles - La Grossesse (31)

De toute façon, j’ai du mal à comprendre ce qu’est un couple. Cela m’apparaît un peu comme une étrange entité gazeuse. Un corps éphémère, sans contours ni forme, qu’on a du mal à distinguer dans la transparence de son flacon triangulaire, au laboratoire.
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Ses sanglots si violents qu’ils faisaient craindre une quelconque rupture à l’intérieur de son corps, assouvirent mon « sentiment de cruauté ». J’espérai intensément la voir pleurer encore plus. J’étais d’autant plus heureuse que je pouvais, comme ce jour-là, goûter pleinement ces sanglots pour moi toute seule, et que personne n'était présent pour la prendre dans ses bras afin de la consoler et de faire cesser ces sanglots, et enfin parce qu’il s’agissait d’un bébé à qui on ne pouvait rien expliquer.
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La tempête n'en finissait pas. De mon lit, je gardais les yeux fixés sur les ténèbres si profondes que j'avais l'illusion de me trouver au fond de la mer. En retenant ma respiration, je les sentais vibrer légèrement. Les particules d'obscurité, comme effrayées, s'entrechoquaient dans l'espace. J'étais seule, mais je n'avais pas peur. J'étais même tranquille au milieu de la tempête. J'étais calme comme quelqu'un qui est emporté au loin. J'avais l'impression d'être entraînée vers un monde lointain que je n'aurais jamais pu atteindre par mes propres moyens. Je ne savais pas très bien quel était ce monde. La seule chose que je pouvais comprendre, c'était qu'il était calme, immobile et serein. J'essayais de l'apercevoir au loin, les yeux vrillant les ténèbres, tout en percevant le bruit des éléments déchaînés.
Les abeilles, p.82
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Quand nous eûmes terminé notre évocation du passé, nous ne trouvâmes plus rien à nous dire. Le bruit des heures qui dégringolaient entre nous s'était substitué au bruit de l'eau qui continua de s'écouler en un mince filet jusqu'à l'aube.
La piscine, p.45
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La piscine
(…)
Le figuier qui avait été planté à l’emplacement du vieux puits ne donnait plus de figues depuis longtemps et il avait été détruit. A la place, il ne restait plus qu’un petit monticule de terre.
Rie jouait avec une petite pelle pour enfants au sommet de ce monticule. Je la surveillais de loin, assise sur une caisse de bouteilles de jus de fruits.
Ses jambes qui dépassaient sous sa robe de chambre étaient blanches et lisses comme une motte de beurre. Les cuisses des bébés, si différentes soient-elles, foncées et parsemées de taches, irritées par une éruption quelconque, ou couvertes de stries tellement elles sont potelées, attirent toujours mon regard. Les cuisses des bébés deviennent érotiques à force d’être sans défense, et semblent d’une fraîcheur étrange, comme si elles appartenaient à un autre être vivant.
(…)
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La pureté de cette confiture qui brillait en transparence à la lumière du néon me faisait penser à une froide bouteille de produit chimique .Dans cette bouteille de verre incolore tremblait le produit capable de détruire les chromosomes du fœtus.
-C’est prêt.
Je me suis retournée en tenant fermement les poignées du chaudron. -Tiens , mange.
Je lui ai proposé la confiture . Elle l’a regardée un moment avant de se mettre à manger en silence.
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J'avais envie d'écraser entre mes doigts ses lèvres qui se tortillaient sans arrêt comme deux chenilles.
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En entendant sa respiration saccadée, je me demandais avec cruauté s'il ne lui arrivait pas parfois, à force de bavarder, de se détester elle-même.
Quand elle se mettait à parler, les autres étaient obligés de se taire.
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Le printemps disparut en un clin d’œil, et soudain il y eut la pluie tous les jours. Une pluie faible comme le bruit d'ailes d'un insecte, qui trempait la végétation du jardin de l'institut. [...] Depuis le commencement des pluies, toutes sortes de moisissures envahissaient le réfectoire au sous-sol de l'institut. Le petit pain du goûter que quelqu'un avait laissé se retrouva le lendemain parsemé de bleu, tandis que la tarte aux pommes faite par la cuisinière fut couverte de blanc au bout de trois jours. Ces nourritures d'aspect grotesque jetées dans les poubelles en plastique réveillèrent ma tendance à la cruauté. Si j'enfermais Rie dans la poubelle, hurlerait-elle encore de frayeur comme la dernière fois? Allait-elle pleurer et pleurer encore jusqu'à être trempée de larmes, de transpiration et de morve et qu'au bout d'un moment ses cuisses veloutées se couvrent de moisi comme un duvet teint avec une poudre colorée? Chaque fois que j'apercevais la poubelle au sous-sol, j'imaginais des moisissures se développant sur ses cuisses.
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En faisant le tri dans mes souvenirs, je m’aperçois que ce sont les premiers qui restent gravés le plus profondément dans ma mémoire.
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