Piailler d'ennui !
Je n'ai pas été conquis par le cinquième roman de cet auteur au nom volatile dont j'avais humé «
les Magnolias » avec délectation.
Un écrivain indolent au succès de peu d'estime, guère aidé par un « bouche à oreille » qui ne dépasse pas le murmure de son éditeur, est quitté sans préavis par sa compagne, Ana.
Eperdu d'amour et perdu tout court, l'anti-héros veut reconquérir sa belle. Poète, il aurait pu lui décrocher des étoiles, mais comme il n'est même pas astronaute, notre
Thomas Pesquet dans la Lune décide de lui écrire un roman d'amour pour la convaincre de le reprendre sur le marché de l'occasion. Ou remettre le couvert pour les moins romantiques.
Pour noircir ses lignes, le citadin abandonné décide de se retirer dans sa maison familiale dans un village paumé de Dordogne. Sur place, le retour aux origines, l'aération de ses souvenirs et la fréquentation d'autochtones décalés vont doper son inspiration d'amoureux en transit.
Florent Oiseau n'a pas perdu son humour désenchanté, ses punchlines bien de chez nous malgré cet anglicisme paresseux, et ses anti-héros contemplatifs et glandeurs. Ses personnages souffrent toujours un peu du syndrome de
Peter Pan, ils sont adultes mais agissent comme des enfants qui rechignent à grandir, ils préfèrent jouer avec les paquets cadeaux à Noel ou de céder au vertige d'une flaque d'eau. Joindre le futile à l'agréable. Il n'y a pas que le diable qui est dans les détails, les rêves y occupent aussi une place de choix.
Si la distribution et le ton sont donc au rendez-vous, sortez votre carnet de citations, l'auteur a négligé selon moi un léger détail : une bonne histoire à raconter. J'avais déjà regretté cette tendance à privilégier l'aventure intérieure à l'action de corps étrangers dans son dernier roman «
les fruits tombent des arbres ».
Je sais, je suis un peu maniaque, pourquoi romancer son nombril, mais les romans qui racontent l'écriture d'un roman, c'est souvent comme baver devant un livre de recettes sans passer à table dans la foulée ou s'intéresser à la notice technique d'un appareil ménager quand il tombe en panne. Je n'ai peut-être pas la sensibilité suffisante pour me contenter du récit des affres d'une rupture amoureuse, des lèvres gercées d'un manque de baisers, de l'odeur renfermée de vieilles pensées et de la noblesse des combats perdus d'avance.
Pour animer un peu l'intrigue,
Florent Oiseau glisse quand même une affaire d'empoisonnement de quelques chiens du village avec des gendarmes qui ne risquent pas d'intégrer le GIGN. C'est de la garniture, la feuille de salade pour faire joli qui reste dans le coin de l'assiette.
Je continuerai à suivre cet auteur car il n'est pas avare de bons mots mais son humour ne sauve pas ici cette histoire, petite vague sans écume.
Désolé de lui voler ainsi dans les plumes.