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EAN : 9782370734648
Allary Editions (17/08/2023)
3.76/5   97 notes
Résumé :
Roman de la rupture amoureuse, cahier du pays natal. Tout ce qui manque fait le point sur tout ce qui compte. A la manière d'un John Fante d'Intercités, Florent Oiseau ajoute à sa plume une pointe de mélancolie dont le sarcasme flegmatique émeut autant qu'il réjouit. "Le projet m'apparaissait évident, j'utiliserais le village pour tisser un décor, raconter une histoire en apparence inoffensive mais avec, cette fois, un but bien précis : dire entre les lignes tout ce... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (40) Voir plus Ajouter une critique
3,76

sur 97 notes
Piailler d'ennui !
Je n'ai pas été conquis par le cinquième roman de cet auteur au nom volatile dont j'avais humé « les Magnolias » avec délectation.
Un écrivain indolent au succès de peu d'estime, guère aidé par un « bouche à oreille » qui ne dépasse pas le murmure de son éditeur, est quitté sans préavis par sa compagne, Ana.
Eperdu d'amour et perdu tout court, l'anti-héros veut reconquérir sa belle. Poète, il aurait pu lui décrocher des étoiles, mais comme il n'est même pas astronaute, notre Thomas Pesquet dans la Lune décide de lui écrire un roman d'amour pour la convaincre de le reprendre sur le marché de l'occasion. Ou remettre le couvert pour les moins romantiques.
Pour noircir ses lignes, le citadin abandonné décide de se retirer dans sa maison familiale dans un village paumé de Dordogne. Sur place, le retour aux origines, l'aération de ses souvenirs et la fréquentation d'autochtones décalés vont doper son inspiration d'amoureux en transit.
Florent Oiseau n'a pas perdu son humour désenchanté, ses punchlines bien de chez nous malgré cet anglicisme paresseux, et ses anti-héros contemplatifs et glandeurs. Ses personnages souffrent toujours un peu du syndrome de Peter Pan, ils sont adultes mais agissent comme des enfants qui rechignent à grandir, ils préfèrent jouer avec les paquets cadeaux à Noel ou de céder au vertige d'une flaque d'eau. Joindre le futile à l'agréable. Il n'y a pas que le diable qui est dans les détails, les rêves y occupent aussi une place de choix.
Si la distribution et le ton sont donc au rendez-vous, sortez votre carnet de citations, l'auteur a négligé selon moi un léger détail : une bonne histoire à raconter. J'avais déjà regretté cette tendance à privilégier l'aventure intérieure à l'action de corps étrangers dans son dernier roman « les fruits tombent des arbres ».
Je sais, je suis un peu maniaque, pourquoi romancer son nombril, mais les romans qui racontent l'écriture d'un roman, c'est souvent comme baver devant un livre de recettes sans passer à table dans la foulée ou s'intéresser à la notice technique d'un appareil ménager quand il tombe en panne. Je n'ai peut-être pas la sensibilité suffisante pour me contenter du récit des affres d'une rupture amoureuse, des lèvres gercées d'un manque de baisers, de l'odeur renfermée de vieilles pensées et de la noblesse des combats perdus d'avance.
Pour animer un peu l'intrigue, Florent Oiseau glisse quand même une affaire d'empoisonnement de quelques chiens du village avec des gendarmes qui ne risquent pas d'intégrer le GIGN. C'est de la garniture, la feuille de salade pour faire joli qui reste dans le coin de l'assiette.
Je continuerai à suivre cet auteur car il n'est pas avare de bons mots mais son humour ne sauve pas ici cette histoire, petite vague sans écume.
Désolé de lui voler ainsi dans les plumes.
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A la suite de sa rupture avec Ana, un écrivain sans grand succès, Laurentis, décide d'aller passer quelque temps en Dordogne dans la maison de campagne de ses parents décédés ; il pourra ainsi écrire son nouveau livre, un roman d'amour, qui, espère-t-il, lui donnera l'occasion de se réconcilier avec Ana. ● Pour son cinquième roman, Florent Oiseau ne change ni de style ni de genre. On retrouve sa désinvolture, sa nonchalance, son écriture des petits riens de la vie, mais aussi celle des grands problèmes réduits à de petites bulles d'humour qui éclatent mezzo voce. « Depuis plusieurs mois, notre couple ressemblait à un dimanche. » ● La mise en abyme de l'écriture lui permet de belles réflexions avec beaucoup d'autodérision (même si ce n'est pas l'auteur qui parle mais le narrateur Laurentis) : « Les écrivains rationnels, les mathématiciens du récit, les amoureux du plan, des fiches, ceux animés par des convictions, font toujours d'excellents commerciaux. Pour moi, écrire un livre est un jeu de hasard, de chance, de passages secrets dans lesquels on s'engouffre sans le faire exprès, d'atrophies, de greffes bancales et d'improvisation. » ● On remarque tout de même de nombreuses similitudes entre Laurentis et lui, y compris dans l'écriture : « J'aime le second plan, le détail oublié. C'est ce qui participe au fait que mes romans n'intéressent pas grand monde. […] Il y a des choses que je veux être le seul à dire, à écrire. » ● Comme le dit son éditeur à Laurentis : « de tous les écrivais sans intérêt, vous êtes le meilleur Laurentis » ! ● La séance de dédicaces dans le village donne lieu à des saynètes cocasses ; elle met aussi en scène un écrivain qui révèle que son dernier livre est « un dictionnaire pensé depuis le point de vue d'une vache », ce qui permet d'avoir ces définitions : « Humains : bêtes curieuses de l'autre côté de la clôture. Meuh meuh : discours officiel. Sabots : talons avec lesquels il faut bien apprendre à marcher. Végétariens : camarades de lutte. » ● On retrouve dans ce roman-ci les évocations poétiques et imagées comme : « C'est pour ça que les lendemains m'obsèdent. Pas parce qu'ils annoncent des drames. Ça, c'est le jeu à la rigueur. Mais parce qu'ils se succèdent, stoïques, implacables, ils balaient et normalisent tout. » ou les observations bien senties à propos desquelles on se dit « il a raison ! » : « Vera souriait en tenant sa tasse à deux mains comme le font les femmes tristes (ou frigorifiées) dans les films. » ● On croise des personnages hors du commun, souvent en marge de la société, comme la fermière et son fils alcoolique et « un peu con » mais « pas mauvais », l'ancien criminel « la Gâchette », la sexagénaire Véra amatrice de LSD… et surtout le chien Xavier, très attachant, dans ce village où trois puis quatre chiens ont été empoisonnés. ● Il faut beaucoup de talent pour réussir de telles oeuvres car elles ne prennent pas appui sur une tension narrative ; elles vivent par leur style, leur sens de la formule, leur puissance d'évocation, leurs images… ● Si Tout ce qui manque est digne d'intérêt et plein d'un charme à la fois lumineux et mélancolique, j'ai tout de même préféré Les Magnolias (2020) et Les fruits tombent des arbres (2021) du même auteur.
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Une mise en abyme comme style d'écriture, comme thème essentiel d'un livre, j'avais trouvé l'idée originale mais malheureusement celle-ci ne m'a pas conquise. le narrateur décide en effet d'écrire un livre, un énième pour lui qui est écrivain et a acquis une certaine renommée. Celui-ci sera spécial car il entreprend cette démarche suite à sa rupture amoureuse avec Ana dans le but de la reconquérir, de lui dire tout ce qu'il ne lui a pas dit, tout ce qui a été tu. Pour ce faire, il se rend dans la demeure familiale où là aussi, l'absence se fait entendre puisque ses parents ne sont plus de ce monde. Sur sa route, il croise un chien abandonné qu'il va décider d'abriter chez lui. Deux âmes esseulées qui n'ont pas besoin de se parler pour se comprendre. Renouer avec son passé, faire le deuil de ses parents en décidant d'écrire dans cette maison éloignée de tout, dans un petit village tranquille loin de l'agitation parisienne avec pour seul but : écrire son amour pour celle qui fut sa compagne, sa meilleure amie, sa correctrice et celle qu'il n'a malheureusement pas su retenir. L'écriture est fluide et limpide donc le livre digne d'intérêt mais je n'ai pas su percevoir là où l'auteur voulait conduire son lecteur. Il manque quelque chose, justement ce qui a trop longtemps été tu, ces blancs entre les lignes et que je n'ai pas su percevoir et cela est bien dommage !
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C'est l'histoire d'un auteur qui quitte Paris pour revenir dans la maison de ses parents quelque part en Dordogne.
Cet auteur, il n'est pas très connu. Après plusieurs romans, même son éditeur ne sait pas s'il a misé sur le bon cheval.
Son prochain bouquin sera-t-il le bon ?
Sera-t-il enfin celui qui lui ouvrira la route du succès ?
Ce fameux succès que tous convoitent avant de finir misérables dans l'une des nombreuses foires du livre d'un trou perdu à la campagne ?
Peu lui importe en vrai car autre chose vient de se produire, quelque chose de bien plus terrible qu'une carrière qui s'emballe ou qui se casse la gueule.
Ana est partie.
Et le monde s'est écroulé.

Pour son cinquième roman, Florent Oiseau choisit un personnage qui pourrait être lui. Un auteur qui a, en général, la délicatesse de ne pas gagner les prix pour lesquels il est finaliste.
Tout ce qui manque se pose dans le quotidien le plus banal, prêt à embarquer dans un train qui file de la capitale vers Thiviers, petit village où le plus dur à supporter reste le silence et la tranquillité.
Notre narrateur, lui, a sa propre terreur. La femme qu'il a aimé pendant des années a mis fin à leur histoire. Les lendemains ont gagné et même la complicité de leurs regards ne suffit plus.
Pour exorciser sa peine et tenter de récupérer Ana, voici notre auteur sur les traces de son enfance, avec les fantômes de ses parents quelque part à proximité, et un chien qui le suit comme s'il avait besoin de larges oreilles pour l'écouter. Dans le village de Thiviers, une sombre affaire de meurtres de canidés défraie la chronique. On s'émeut, on s'offusque, on traque.
Ce n'est pas souvent qu'un tel remue-ménage arrive.
Le lecteur embarque dans la douceur et dans la douleur, un subtil mélange des deux que maîtrise Florent Oiseau à la perfection, lui qui imagine l'exercice littéraire comme un catharsis.
On y plonge dans la vie de l'écrivain, dans la médiocrité mais aussi la sincérité de ce petit monde qui étonne ou qui déçoit, c'est selon.
Hilarant souvent, émouvant toujours.

Tout ce qui manque est un roman pour accepter.
Accepter la perte de l'être aimé.
Accepter la beauté de l'insignifiant.
Accepter d'habiter son passé.
C'est par la beauté de l'écriture et du style de Florent Oiseau que le récit prend aux tripes. S'attardant sur le destin de personnages de rien mais qui deviennent tout, ne serait-ce que pour quelques pages.
Le roman, lent et doucereux, envoie des flèches impitoyables qui s'immiscent dans la tête de son lecteur. Touchant des émotions, des souvenirs, des saveurs, des odeurs, des chaleurs.
On s'aperçoit, petit à petit, que tout n'est qu'histoire d'aimer ici ou là.
Un mari pour son ex-femme décédée, une mère pour son gamin un peu bête mais pas bien méchant, un collègue pour son co-équipier qui file un mauvais coton… et bien sûr un auteur qui aimerait renouer.
Mais voilà, le propre du temps est d'accepter, de comprendre que les lendemains ont toujours le dernier mot.
Peut-être faut-il laisser filer les choses.
Peut-être faut-il savoir en faire une histoire neuve pour d'autres lecteurs.
N'est-ce pas ce que Florent Oiseau nous propose au fond ?

Tout ce qui manque est un livre d'amour brisé. C'est aussi le roman d'un écrivain à propos de son art, d'un retour au pays natal entre mélancolie et espoir ressuscité, d'un voyage qui dit combien le monde doit tout au verbe aimer.
C'est beau, c'est immensément beau.
Et complètement indispensable.
Lien : https://justaword.fr/tout-ce..
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Tout ce qui manque à Florent Oiseau, c'est une histoire à raconter.
Il en est d'ailleurs conscient puisqu'il consacre la moitié de son livre à son déficit d'inspiration, ses égarements, son échec ressenti (p13-15) et cette question qui tourmente les écrivains à bout de souffle : mais pourquoi donc écris-je ?
C'est bien dommage parce que l'énergumène a un talent fou. On se bidonne en le lisant. Son récit est bourré de trésors (« J'aime le second plan, le détail oublié ») que personne d'autre n'a remarqués, de formules qui font mouche et de numéros d'éloquence à grands renforts de cynisme et de tendresse.
Et ses personnages ? du grand art ! Mentions spéciales pour Maeva qui croit que les habitants d'Argenton se nomment les Argentins, l'insupportable fils de bourge qui résume la littérature à « la pudeur de dire », Marco le Génois qui réincarne son amour dans une carpe japonaise et Xavier, bien-sûr, le bâtard fan de biathlon.
Merci également pour la critique salvatrice des lieux communs du moment (page 77-78).
Un divertissement à placer entre une autofiction bien foutue de Nicolas Rey, « Mon chien stupide » de John Fante, un sketch réussi de Benjamin Tranié (pages 33 et 89) et une chanson nostalgique de Renaud.
Mais moi, je me demande quand Florent Oiseau retrouvera la grâce et l'à-propos qui lui avaient permis de nous pondre l'excellent « Les magnolias ». Florent (je sais que tu me lis – et me pardonnes), bosse ton prochain sujet, s'il te plaît !
Bilan : 🌹
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critiques presse (1)
LeFigaro
05 septembre 2023
Ce sont le style, le regard, l’art et la manière de Florent Oiseau qui font le prix de son cinquième roman.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Dehors il se met à pleuvoir. Je me souviens alors d’une énigme qui dit «C’est toujours lui qui pleut» et la réponse est : «il».
Il pleut. On peut ranger ce qu’on veut derrière ce pronom, un gros nuage, Dieu, ou simplement « il ». Il pleut et le sol se parfume, la terre respire et le marteau-piqueur ne marteau-pique plus. On la ferme, les terrasses soufflent, le dehors se lave, les esprits s’apaisent, les gouttières rigolent, les rigoles gouttent. Il pleut sur le maquillage des Anglaises qui regardent le Moulin-Rouge en buvant des canettes de Carlsberg et ça creuse des sillons amers sur leurs grosses joues. Il pleut et, derrière les vitres, les chats envisagent ce spectacle dont on dirait qu’ils sont les seuls à le com- prendre vraiment. Devant les phares des voitures, il pleut aussi et tout devient constellations et poussières éternelles, et le clignotant et l’essuie-glace chantent de concert, se tordent, geignent, font des harmonies. Dans l’habitacle, on ne parle plus, parfois la radio le fait pour nous pendant que le ciel pianote sur le capot. Il pleut et je t’attends, Ana. Il pleut alors on en discute, il pleut alors on fume, on laisse le parapluie dans l’entrée, on pose une baguette mouillée sur la table de la cuisine, on ferme la fenêtre, il pleut alors on pense plus fort, plus dur, on écoute le bruit qui se diffuse, qu’on imagine voyager ailleurs, là où on voudrait être quand il pleut, dans une forêt ou dans ton cou.
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On fait le marché, j’achète des cerises, tu veux boire du blanc, tu commences vraiment à me plaire, on va dans un café, on prend une bouteille, les cerises ont fait de tes lèvres d’autres cerises. 
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J’ai relu mon chapitre, j’ai chiqué en regardant la nuit, et je me suis souvenu de ce que j’avais pensé après t’avoir rencontrée. Te regarder, c’est tomber dans un ravin, et l’intérieur du ravin, c’est encore toi, Ana. 
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Je n' en veux a personne.

Je suis le principal responsable de mon anonymat critique et médiatique.

Au delà de la qualité discutable de mon travail j'ai préfère considérer que les histoires sans saveur étaient les plus importantes.
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J’imprime des images identiques superposables, elles naviguent en moi tout le temps. Il pleut, des hommes boivent, des femmes fortes habitent partout dans le monde que je vois, elles portent tout sur leur dos, j’ajoute quelques cigarettes, des aires d’autoroutes, des bancs, une prostituée. Des sentiments importants et des mots dérisoires utilisés pour essayer de les dire. Dans le fond, il est question de solitude ou, plutôt de solitudes, de solitudes qui se conjuguent, se rencontrent , se manquent. Sont-ils là mes monstres? Chercher sans cesse dans l’ombre et les recoins, dans les bars et les tiroirs condamnés, les tanières, les anonymes, les ratés.
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Videos de Florent Oiseau (27) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Florent Oiseau
VLEEL 257 Rencontre littéraire Florent Oiseau, Tout ce qui manque, Éditions Allary
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