C'est le récit poignant d'une enfance tragique et malheureuse : toute petite,
Bakhita est enlevée aux siens par deux individus qui vont la vendre comme esclave. Commence alors pour
Bakhita une descente aux enfers orchestrée par un destin qui s'acharne. La séparation d'avec sa mère et sa soeur aînée (précédemment enlevée alors qu'elle était enceinte) semble être une douleur supérieure à tous les coups et meurtrissures que
Bakhita reçoit. Elle en oublie son propre prénom (
Bakhita n'est qu'un prénom d'emprunt) et le nom de son village. Elle s'attache à d'autres enfants qui connaissent les mêmes horreurs qu'elle : la faim, la soif, l'emprisonnement, la soumission absolue, la brutalité, les tortures… Malgré tout, elle grandit, échappe plusieurs fois à la mort et est arrachée à cette stupéfiante vie d'esclave par un Italien qui l'emmène du Soudan en Italie avec lui. Là-bas, une vie meilleure et plus douce l'attend mais avec son lot d'humiliations dues à la couleur de sa peau : les villageois italiens se signent sur son passage ( elle est l'incarnation du diable), certaines soeurs du couvent où elle vit refusent de laver ses draps, etc.
Le roman est long, très long… D'ailleurs, est-ce vraiment un roman ? Au début, oui, certainement. C'est d'ailleurs la seule partie qui m'a vraiment intéressée. Les sentiments de la toute petite fille, l'ambiance, la chaleur, les paysages africains happent le lecteur.
Véronique Olmi, et c'est là qu'elle est vraiment douée, est obligée d'inventer, très sûrement, puisque la vraie
Bakhita a tout oublié de ses origines. Ensuite, l'auteure se perd (ou devrais-je dire « m'a perdue » !) quand elle égraine la longue et dramatique liste (hélas) des rebondissements de la jeunesse de
Bakhita. La seconde partie du roman, celle de la servante italienne et non plus de l'esclave italienne, se traîne en longueur et je l'ai lu sans aucun plaisir, presque par devoir : un roman aussi applaudi par la critique, je me devais de le terminer, quand même !
Une question me taraude: comment les Européens et les Américains du 19è siècle ont pu laisser de tels carnages se produire?