Contre-histoire de la philosophie, tome 1 : Les sagesses antiques

L'épicurisme s'épanouit davantage dans une époque en ruine. La construction de soi comme seule et unique réponse à la désintégration d'un monde, voilà qui fait songer à d'autres périodes de l'histoire...

«Un hédoniste digne de ce nom calcule ses plaisirs et n'obéit pas à un désir parce que désirable tel quel. Il y consent et l'engage sur la voie de la satisfaction si, et seulement si, la somme de déplaisir n'excède pas celle des plaisirs. Ce qui réjouit dans l'instant sera récusé s'il suppose un prix à payer en conséquence. Toute jouissance qui met en péril l'ataraxie est déclarée non désirable et à écarter. »

La vérité d'une école ne se réduit pas aux seuls textes, aux documents et aux livres recopiés par des générations de glossateurs à l'esprit critique endormi. Le premier qui recopie la première erreur avancée par un compilateur malintentionné ou mal informé fabrique une vérité révélée que des générations se contentent de reproduire - avec l'aide de l'Université la plupart du temps. La vérité en histoire de la philosophie se réduit bien trop souvent à la somme des lieux communs cristallisés par l'habitude et la paresse intellectuelle.

La lucidité s'acquiert ainsi : ne pas se contenter de l'apparence, bien souvent trompeuse, récuser les évidences transmises de génération en génération pour préférer le travail philosophique, écarter les opinions, opter pour l'investigation. User des sens, certes, savoir que la connaissance passe par eux, évidemment, mais ne pas s'en contenter et ajouter les pouvoirs de la déduction, de la raison, de la réflexion. Partir de ce qu'enseignent la vue, l'ouïe, l'odorat, le toucher, le goût, oui, mais parvenir aux certitudes par le biais d'une opération intellectuelle déductive.

353 - [Le Livre de Poche n°4410, p. 270]

«La pratique philosophique suppose une individualité protégée de ce qui l'entame et la menace. La sagesse s'obtient dans le refus des colifichets sociaux et la concentration de son énergie sur une sculpture de soi utile pour générer la jubilation vraie et le plaisir authentique.»

On n'aime pas les déchireurs de voile qui enlèvent les illusions sur lesquelles la plupart construisent leurs existences minuscules.

«...il est ridicule de penser infléchir le cours des choses par des invocations quand la solution se trouve dans la mobilisation de sa propre énergie.»

Pour bien calomnier, il faut travestir la réalité, la tordre, lui infliger de légères distorsions, partir du vraisemblable, s'arranger pour qu'il semble véritable. Une hypothèse possible, une volonté de nuire, une perversion, il suffit de peu pour lancer un bruit, constuire la réputation, nuire véritablement, profondément. Car quelques-uns de ces reproches porcèdent de faits avérés, certes, mais mal interprétés à desseins.

180 - [Les Sagesse antiques, Le Livre de Poche, p. 189]

«En présence de témoins, réglons notre conduite et notre comportement sur elle; en revanche, seul, contentons-nous d'obéir à nos caprices sans rendre de compte à personne.»

«...le bonheur est affaire de solitude, et il se paie de la mécompréhension des spectateurs non engagés dans ce cheminement rude.»