.... le processus d'hominisation a fait de nous des animaux doués pour voir, mais handicapés pour sentir et goûter. La civilisation a donc dénaturé l'animal que nous sommes toujours pour nous transformer en regardeurs du monde au prix d'une déplorable incapacité à le sentir et à le goûter. Dès lors, nous nous détachons de plus en plus du réel pour nous contenter de jouir des images que nous nous faisons de lui.
Paradoxalement, le végétarien prouve qu'il est un animal humain qui réalise ce qu'aucun animal non humain n'accomplit : il dit non au déterminisme prédateur. Ce en quoi le végétarien incarne à mes yeux une forme éthique suprême. De même l'opposant à la chasse, à la pêche, à la corrida, aux combats de coqs.
Les hommes asservissent leurs semblables mais, écrit Montaigne, et qui pourrait lui donner tort ?, aucun animal n'en asservit un autre ! L'homme et un animal qui fait des esclaves - autrement dit moralement, les animaux surpassent les humains.