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3,6

sur 307 notes
Tels Sept coquillages,
Pour Sept leçons de vie,
Sur Sept cents pages,
Répétera Ontologie....

L'Ontologie, dans son sens le plus général,
s'interroge sur le mot "être", question inaugurale...
Je ne connaissais pas cette définition singulière,
pensais déontologie était son pluriel !
une croyance toute professionnelle,
honte au logis, je reprends un vers.

Cosmos, sur mon île déserte, j'en ferai mon bréviaire,
Religions monothéistes, j'abandonne vos prières.
Ni une , ni dieux, Païens, Plus d'oeufs
Et tout le monde sera heureux...

Oui à cet enseignement PharAstronomique
Puis..... HONTE aux Logiques !!!!


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(Désolée pour les gens qui avaient lu cette critique hier, une fausse manip et hop, pftt, au lieu d'envoyer un commentaire j'ai supprimé la chronique .... y'a que les blondes qui peuvent faire des trucs pareils !!!)


Passionnant, fourmillant, dérangeant, contrariant, suffisant, foisonnant, croustillant ....
ÉTOURDISSANT !
J'arrive au bout de ma lecture avec tous ces adjectifs en tête, tant les sujets abordés sont variés, passés au peigne fin, dépecés, décortiqués, argumentés.
J'y arrive, un tantinet bousculée, avec en bout de course une myriade de pensées, quelques remises en cause, quelques grognements, indignations, parfois quelques silences, un peu plus "érudite" (j'avoue), mais surtout amplement confortée dans ce qui me constitue au plus profond : ce sentiment viscéral de n'être qu'un tout petit élément d'une Nature qui me fascine et dont je suis consciente de procéder.

Vastitude du Cosmos !
Projection immédiate d'étoiles, d'infini, de noirceur lumineuse, d'un immense percé d'amas de poussières, d'atomes, de gaz, grandiose encore secret, gardant jalousement sa part de mystère, objet des fantasmes les plus fous quant à notre origine, divine ou simplement matérielle ?

Vastitude du Cosmos ! Dithyrambie d'Onfray !
Celui-ci, sur plus de 500 pages va s'en donner à coeur joie ...

Ce livre se veut être une philosophie de la Nature, valse du temps perdu ou du temps autrement, apologie de la Vie et de son expansion, Vie, dans ce qu'elle a de plus simple, de brutal et d'inéluctable, Vie, dans ce qu'elle a de sublime et de majestueux.
"Cosmos" est pour moi, avant toutes autres choses, un magistral "retour aux sources", un formidable plaidoyer pour les animaux (dont nous sommes), une critique acerbe de notre monde actuel, de plus en plus virtuel, artificiel et mortifère, monde fantôme déraciné et déconnecté du vivant et de ses origines. J'applaudis !

"Cosmos", tel un univers infini, "grouille" de tout !
De la verve et de la fièvre de son auteur, de l'ardeur déployée à défendre et étayer les thèses qui lui sont chères (paganisme, hédonisme, nihilisme, virgilien, nietzschéen, .... c'est là qu'on prend le dico !), de sa curiosité sans limite, de ses rencontres enrichissantes (le spéléologue Michel Siffre, le botaniste Jean-Marie Pelt ...), de la multiplicité des sujets qu'il évoque (le vin et sa biographie aux champagnes, les tziganes, les plantes, les anguilles, la biodynamie, le végétarisme, les Haïkus, l'art africain pillé, le Land Art...).
Véritable feu d'artifice, Onfray, égal à lui-même, théâtral et cinglant, brûle, enflamme, questionne, soulève, pourfend, hait, aime ... c'est "une quinquette de cuivres rutilante et acide" qui fustige l'"Occident effondré" , les religions monothéistes, la tauromachie, met en exergue notre cruauté envers les animaux, et au passage égratigne les uns (Freud, Michel Lieris, Steiner ...) et encense les autres ( Montaigne, Bachelard, Lucrèce ...).

J'ai été particulièrement soufflée par son chapitre sur "L'animal" qui non seulement nous ramène à notre juste place mais aussi et surtout nous montre à quel point nous pouvons être négligents et inconscients VOLONTAIRES : Quel prix à payer et que de souffrance bien trop souvent gratuite et illégitime pour la simple satisfaction de nos papilles, pour nos amusements douteux (combats de coqs, sacrifices d'arènes, cirques, zoos ...), pour une pharmacopée "magique" illusoire (testicules de, cornes de, aileron de ...). J'en passe et des meilleures ... et vous invite à lire sa description du marché de Pointe-Noire au Congo (p295 et suivantes) qui vaut son pesant d'inconfort et de réflexions.
Pour ce chapitre là, Mr Onfray, moi je vous aime !

"Cosmos" c'est aussi une émotion, celle douce, pudique et très personnelle de l'évocation d'un père et d'une compagne disparus. C'est au début du livre, l'histoire d'une Etoile éteinte dans ses bras, un soir de ciel couvert, disparition paternelle, presque "cosmique" dans le retour aux origines, à la simplicité et à la sagesse qu'elle induira.
Onfray, surprenant, touchant, intime, dans ses "années de mémoire blessée", ses deuils rapprochés, ses "traces de printemps qui n'auront pas lieu et d'hiver sur toute l'année", sa solitude qui vous rapproche des absents et qui finissent, en héritage, par donner un sens digne à la vie qui malgré tout continue ...

On aimera ou on n'aimera pas ce livre.
C'est respectable, mais il faut bien se concentrer sur son contenu et non se faire une opinion uniquement sur un nom !
Je ne partage pas l'ensemble du tableau, il y a sans doute parfois quelques excès et quelques longueurs, mais j'avoue me complaire dans cette philosophie exaltée qui touche, goûte, sent, respire, cherche la quintessence en toutes choses et en tout Être.

Pinceau virevoltant, où la Nature a les couleurs les plus vives,
"Cosmos" reste pour moi un fourmillement de vie,
un "jardin de l'âme",
un fragment de Nature oubliée.

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Onfray Michel – "Cosmos : une ontologie matérialiste" – Flammarion, 2015 (ISBN 978-2-0812-9036-5) – format 24x16cm, 570p.

Que la lecture de cet exécrable ouvrage m'aura exaspéré !
Tout lecteur normalement constitué achetant un ouvrage écrit par quelqu'un qui se prétend philosophe s'attend à bénéficier d'un texte suscitant des interrogations fondamentales sur tels ou tels points, puisque – comme nous l'ont abondamment répété nos "maîtres" de toute obédience (d'accord au moins sur ce point), faire de la philosophie consiste avant toute chose à apprendre à poser des questions, et finalement peu importe les réponses, souvent fragmentaires. Rien de tel ici, si ce n'est que la lecture de cet indigeste brouet amène le lecteur à se poser des questions... sur l'auteur de ladite bouillie.

Première question qui s'impose : peut-on se targuer d'être philosophe en étant à ce point narcissique, nombriliste, content de soi, lorsque l'on use et abuse d'une telle autosatisfaction ? Passons sur le fait que l'auteur se cite lui-même abondamment, après tout, il aurait déjà pondu plus de quatre-vingt livres (!!!), mais comment ne pas être révulsé par ces abondantes digressions sentencieuses sur le bon petit garçon si-tant-plein-intelligent qu'il fut, sur ces si bons amis qui lui organisent des dégustations vineuses (oups : oenologiques, pour ces gens-là) sur mesure (qu'il nous relate avec une complaisance écoeurante) sur ses si-tant-plein sagaces observations d'une pseudo nature archi-naturelle ?
L'auteur atteint un sommet d'ignominie lorsqu'il mobilise pour s'auto-encenser une fois de plus (p. 421), la longue et fatale maladie de sa compagne, dont le long calvaire lui a permis de découvrir les haïkus : quel cuistrerie !
Sans oublier l'historiette (pp. 384-385) du grand intellectuel faisant l'éloge d'un vin prestigieux qu'il n'avait en fait jamais goûté, mais qu'il eut ainsi l'occasion de déguster (s'agirait-il de l'auteur du livre lui-même ? ça se pourrait bien).
Sans oublier non plus sa "sublime" découverte du sublime (pp. 417-423) qui atteint effectivement à de sublimes sommets de l'autosatisfaction la plus crasse. le tout culminant avec l'hypocrite satisfaction de la découverte du tableau miraculeux et de la peinture d'Arcimboldo (pp. 459-474) qui nous vaut ces deux phrases d'un snobisme insondable
"J'ai acheté cette toile, bien que je ne sois pas acheteur d'objets d'art – sauf quelques pièces d'art africain" (p. 460)
culminant avec
"Depuis que j'ai acheté cette peinture, je la regarde moins qu'elle ne me regarde" - ben voyons !

Deuxième question : peut-on vraiment philosopher en babillant, en bavassant, en étant victime d'une véritable logorrhée verbale ? A l'évidence, la lecture de ce piètre ouvrage fournit une réponse définitivement négative. Signalons au passage une caractéristique fort drôle : l'auteur nous dit et redit à plusieurs reprises combien il apprécie les gens... qui se taisent (à commencer par le taiseux que fut son propre père) !
Ce bavardage inflationniste amène Onfray à soutenir ses assertions catégoriques en mélangeant tout et n'importe quoi, n'importe comment : les acacias se voient ainsi attribuer "plus d'intelligence collective et communautaire" que la secte nationale-socialiste d'Adolf Hitler (p. 149).
Pire encore : l'auteur mobilise plus de quinze pages de sa sagace plume (pp. 189-205) pour – apparemment – convaincre son lecteur de la sottise des thèses de Rudolf Steiner : un paragraphe suffit en règle générale, mais il s'agit surtout de nous bassiner une fois de plus avec ses dégustations de crus prestigieux, tout en se donnant l'air d'avoir l'air. Ceci nous vaut une autre démonstration parmi les plus drôles de cet ennuyeux pensum, car l'auteur reproche très exactement à sa victime tous les défauts qu'il pratique lui-même abondamment dans ce livre. Passons.
Un peu plus loin, il remet ça (pp. 277-305) avec les théories fumeuses d'un Peter Singer, promoteur et défenseur des amours zoophiles, puis avec la condamnation des corridas (pp. 306-325) : presque une cinquantaine de pages pour des paragraphes fumeux, là où dix lignes suffisaient amplement.

Troisième question : est-ce que la pensée philosophique peut s'exercer en vitupérant, en éructant, en injuriant les pôvres gens porteurs d'opinions différentes ? Que penser de l'anathème jeté globalement sur l'ethnologie parce que Griaule et Leiris se comportèrent – indéniablement – en salauds lors de leurs expéditions-razzias africaines (ce que tous les intéressés savent depuis vilaine lurette est longuement rappelé pp. 212-225), si ce n'est que ces deux là ne résument pas à eux seuls toute l'ethnologie (me voilà contraint de défendre une discipline dont je ne pense pourtant pas grand chose de bon) ?
Faut-il évoquer les vociférations permanentes que l'auteur se croit obligé d'utiliser dès qu'il évoque (très, très, mais alors vraiment très souvent, à un point que ça en devient louche) ce qu'il appelle "la religion judéo-chrétienne" : il profère à chaque fois de telles âneries que même un non-croyant ne peut que s'insurger contre ce déluge d'inexactitudes, d'amalgames idiots, de sottises sans nombre.
Entre autres choses, Onfray nous refait le coup du curé Jean Meslier (p. 271-276), l'une des stars des années post-soixante-huitardes, et le coup du "Contre Celse" qui n'est qu'un des écrits mineurs d'Origène (fondateur de l'exégèse, ce qu'Onfray se garde bien de mettre en avant). Une fois de plus, l'auteur nous livre de lui-même une image involontairement fort drôle (p. 350) en nous narrant comment il découvrit par hasard (!!!), à l'aide d'une paire de jumelles (que d'audace !), que le sommet du clocher de l'église de "son" village (sic) était orné de quatre sculptures... représentant tout bonnement les symboles des quatre évangélistes : on voit par là (ce que confirment les lacunes de son inénarrable bibliographie figurant en fin de volume) qu'il ignore tout du "Pape des escargots" de Henri Vincenot, livre réellement drôle et bien écrit sur le sujet, et autrement mieux fondé que les sempiternelles et lassantes invectives à la Onfray (qui aurait ainsi pu s'épargner de barbouiller les pages 349 à 371).

Et d'ailleurs, comme l'auteur nous l'affirme dès la p. 79 : "pourquoi apprendre à lire et à écrire puisque la lecture et l'écriture nous éloignent du monde véritable ?" C'était tellement mieux pendant la préhistoire... et avant l'électricité (p. 382-387). Car Onfray nous refait le coup (entre autres innombrables exemples, voir p. 206, 265 pour y revenir pp. 480-482) de l'homme primitif qui vivait tellement mieux puisqu'il était en plein accord avec la belle, grande et doulce Nature (de natura rerum, n'est-ce pas ? pp. 399 et seq).

Deux hypothèses pour tenter de comprendre comment peut s'écrire et se vendre un tel compendium d'âneries, hypothèses qui, loin de s'exclure, peuvent se compléter :
- l'auteur est influencé, pétri, modelé par cette pseudo culture du bavardage cultureux auquel il participe abondamment en se répandant sur les plateaux de télévision à la "Arte", devant les micros à la "France-Culture", en commettant en moyenne deux à trois "ouvrages" par an
- l'auteur est en train de devenir un gourou, lançant des anathèmes à pleines poignées, tout en fournissant (pp. 514-515, en conclusion !) une flopée de slogans dignes de figurer sur des boîtes de confiseries chimiques ou en tête de brochures sectaires servant à recruter des "fidèles"...

Et ce n'est pas fini, l'auteur nous annonce tout plein d'autres volumes du même tonneau : à quand l'inauguration de sa propre statue par lui-même ?
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C'est sans doute une bonne manière de faire connaissance avec l'auteur. Connaissance assez intime cette fois, puisqu'il nous confie des blessures personnelles, des souvenirs nostalgiques mais positifs par leur caractère fondateurs. C'est aussi un hommage émouvant à son père, simple ouvrir agricole, mais transmetteur d'une sagesse admirable.

Cependant Cosmos n'est pas uniquement une autobiographie, c'est aussi l'occasion de revenir sur des thèmes chers à Michel Onfray, qui égratigne voire lacère la corrida (cela dit, n'y aurait-il pas dans ce chapitre un recours au sophisme dans sa plus mauvaise utilisation : cinq personnalités aiment la corrida ils étaient de leur propre aveu impuissants, tous les pervers qui aiment la corrida sont impuissants? Et ce n'est pas pour prendre leur défense : je hais la corrida). Il règle le compte de la fiction d'un messie qui n'a existé que par la volonté de soumettre les peuples en un délire auquel ne croirait aucun enfant de plus de sept ans, il regrette la perte des références à la nature, aux saisons, au ciel (celui des étoiles pas celui du patriarche qui fait le compte de nos péchés). Fustigé également le chantre de la biodynamie, une sorte d'homéopathe de l'agriculture.


L'on y trouve par ailleurs un éloge de la vie des tsiganes (avant qu'eux même perdent leur âme bien aidé par les progrès (?) technologiques.
L'auteur nous livre aussi sa prise de position face au végétarisme, croyant mais non pratiquant, refusant en tout cas les positions extrême et non viables du végétalisme, voire des vegans (qui renoncent même à utiliser tout ce qui a un rapport quelconque avec les animaux, seuls les Jaïns les surpassent, en promenant devant eux un balai pour éviter de marcher sur des êtres vivants tout petits et donc invisibles).

Bien d'autres thèmes sont abordés : l'art, musique ou peinture, le deuil, oenologie, en y apportant le regard de l'hédonisme, dans une cohérence irréprochable si l'on se réfère à la définition de cette philosophie : « il n'y a pas d'hédonisme sans discipline personnelle, sans ascèse, sans connaissance de soi, du monde et des autres. Les fondations directes d'une philosophie hédoniste sont la curiosité et le goût pour l'existence d'une part, et d'autre part l'autonomie de pensée (et non la croyance), le savoir et l'expérience du réel (au lieu de la foi). La pensée hédoniste a été fermement combattue par les principales religions monothéistes ».

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Il n'y a pas de différence de nature entre Michel Onfray et moi, mais une différence de degré. Nous sommes tous les deux des êtres humains. Toutefois, sur l'échelle de l'animal philosophique, il se situe en haut de la chaîne de l'espèce tandis que je gravis lentement à chaque lecture de livres de cette thématique, les degrés de la connaissance des concepts fondamentaux, des penseurs qui ont partagé leur réflexion avec la finitude des mondes qui furent les leurs au moment de la publication d'oeuvres que le recul historique replace dans un contexte matériel et spirituel facilitant la compréhension ou l'analyse critique, ou de digressions sur les questions existentielles qui préoccupent les esprits en quête d'harmonie et de sagesse.
La lecture de Décadence, le deuxième opus de sa trilogie intitulée : « Brève encyclopédie du monde » m'avait donné envie de revenir au commencement : Cosmos , un titre approprié à ma démarche et qui colle parfaitement à son propos. Ce livre ramène à la soupe cosmique faite d'éléments gazeux, de particules et autres atomes que des lois physiques naturelles ont agrégés pour former des univers chiffonnés, des planètes et plus tard, la vie puis l'humain, si l'on admet l'évolutionnisme darwinien plutôt que les fables créationnistes. La nature est le principe essentiel de notre monde. Elle est l'alpha et l'oméga, une vérité immanente que les hommes ont trop souvent transcendée et nommée Dieu.
Athée militant, il n'a de cesse de démonter les mythes des religions du livre, argumentant de la construction patristique d'un récit biblique reprenant les légendes et contes païens ou panthéistes qui précédèrent le christianisme. Et de citer l'épopée de Gilgamesh, les cultes mazdéens, de Mithra et plus généralement lucifuges dont provient la majeure partie des pratiques chrétiennes ou encore les ouvrages d'historiens pointant les incohérences, les erreurs et les collages issus des conciles de Nicée.
Selon Michel Onfray, ces livres ont coupé l'homme du réel, des sapiences ancestrales acquises au contact de la nature, à l'observation de ses cycles, des manifestations de la puissance cosmique et à leurs interprétations ; ils ont conditionné notre rapport au monde, aux animaux et ont bridé la pensée humaine pendant des siècles.
Mais, l'auteur nous parle aussi du temps enfermé dans le cadran horaire des hommes tandis que sa réalité circadienne bouleversée parce que soumise à des expériences de rupture, comme celles du spéléologue isolé au fond d'un gouffre, qui illustrent son propos amène à ressentir et à concevoir le temps autrement : une part du vivant ! Les Tziganes et leur mode de vie participent de sa perspective temporelle.
Les anguilles et leur schéma de perpétuation de l'espèce entrainent le lecteur aux Sargasses, le long d'un périple tendant à montrer que la pulsion de vie exerce son pouvoir contingent au-delà du bien et du mal. Et ce n'est pas le ver nématode et sa marionnette le grillon qui dira le contraire.
Un chapitre est consacré aux animaux, nos "alter ego dissemblables". Michel ONFRAY les aime et voudrait que l'homme cesse de les faire souffrir inutilement. Son bestiaire nous promène de l'impasse théorique du véganisme à notre rapport à eux, du ressenti de leur douleur à la tauromachie et à son absolu et injustifiable sadisme, de l'absurdité anthroposophique de Rudolf Steiner à la justification de la zoophilie par Peter Stinger, du spécisme à l'antispécisme en passant par la pensée de Descartes ou de Bentham.
Celui sur le Cosmos n'est pas en reste de références passionnantes, surprenantes, polémiques.
Par contre, j'ai moins accroché sur le dernier qui aborde l'art et le sublime, même si j'ai découvert l'essence spirituelle rattachée au haïku, cette poésie d'origine japonaise dont j'ignorais cette profondeur.
Il conclura en regrettant la brièveté de l'ouvrage et les nombreuses absences de pensées philosophiques, qui auraient mérité de passer à la moulinette de ses érudites circonvolutions autour de l'épistémé judéo-chrétienne.
Je ne partage pas tout ce qu'il défend et peu m'importe que Jésus ait existé ou pas, je ne suis pas d'accord avec sa conviction que rien d'autre n'anime le cosmos que ses lois matérielles et naturelles. Bien sûr, je ne peux prouver de manière scientifique la réalité d'une force supérieure transcendante, Dieu comme l'appellent les hommes ou quelque chose que je ne comprend pas et ne sais définir. Je n'ai que cette sensation qui m'habite et que certains évènements de ma vie ont confortée. Pour autant, la lecture de Cosmos m'a procuré énormément de plaisir. Le néophyte philosophe que je suis a dû sortir son dictionnaire plus d'une fois. J'ai eu l'impression d'apprendre et de cela, je ne me lasse jamais. Il m'a fait interroger mon rapport à de nombreux sujets et parmi la liste de livres de la biographie qui "ramènent au monde", certains vont rejoindre ma table de chevet. Il m'a donné envie de creuser et je l'en remercie…
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Un ouvrage salvateur, éloge du monisme, qui devrait être un bréviaire de l'homme sage.

En quelques 550 pages Michel Onfray nous parle du Cosmos, notre monde, notre géniteur, notre inspirateur.
Comprendre, aimer le Cosmos c'est faire corps et, au-delà, faire âme avec notre nature minérale basale.
L'oublier c'est oublier notre essence. C'est faire l'éloge de ce que nous croyons être le propre de l'homme.
Alors qu'entre les animaux non-humains et nous il n'y a pas de différence de nature mais des différences de degrés, en plus ou en moins…

Michel Onfray nous montre la sagesse et l'harmonie perdues liées au monisme.
Il met le doigt sur la cause de cette rupture, de cette chute de l'Homme.
Pour lui et je crois qu'il a raison, ce sont les religions du livre, les monothéismes qui ont engendré, voulu cette dualité, cette cassure, causant un véritable ethnocide nous coupant de la nature autrefois vénérée et respectée.
Ce sont elles qui ont fait de nous ces débiles horriblement prétentieux qui cassent tout, se croient maîtres du monde alors que nous ne sommes que des animaux amoindris, mal adaptés à notre milieu.
L'homme prédateur supérieur ne fait qu'obéir à son instinct animal. Comme tous les autres il défend son territoire en faisant la guerre, il dévore d'autres animaux, il s'impose en haïssant et "tuant" plus ou moins virtuellement ses concurrents. Il croit, pauvre fou, être libre de ses actes, se placer en dehors de la nature alors qu'il ne fait que s'y soumettre.
Ah oui nous sommes dotés d'une intelligence ! Une intelligence d'un degré peut-être supérieur, différente en tous cas. Mais pourquoi ne l'utilisons-nous que pour tout « bousiller » ?
Les religions ont persuadé l'Homme qu'il sortait de la nature, qu'il est au dessus d'elle.
Quitter sa nature animale ce serait pour l'Homme de refuser de dominer, tuer, polluer, se placer au dessus de ces instincts. Que cette idée est belle et novatrice – pour moi en tous cas.


Mais Michel Onfray se fait aussi complice de cette prétention en croyant que la science peut tout expliquer. Elle peut en effet expliquer beaucoup de ce qui a mené notre Cosmos à ce qu'il est aujourd'hui. A cette merveille microscopique ou macroscopique incluant l'Homme.
Il souhaite voir disparaître tout mystère, toute magie pour ne retrouver qu'une sage harmonie perdue.
Mais la science, ne lui en déplaise, si elle explique, ne peut pas nous aider à comprendre pourquoi.
Il se laisse surprendre à écrire « comprendre (…) à quoi pourrait ressembler un dieu qui présiderait à l'organisation de toute cette mécanique (de la nature) divinement organisée.


Alors bien sûr tout cela est argumenté – trop - au fil du demi-millier de pages et le résultat final est celui d'un affligement sur la nature humaine et l'envie de secouer tout ça pour que les consciences s'ouvrent et qu'un monde meilleur et harmonieux soit enfin retrouvé, s'il en est encore temps.

Mais comment ?

Qu'un maximum de personnes lisent les ouvrages de Michel Onfray serait certainement une des voies à suivre.

Hélas, un autre propre de l'homme – qui est le sale des animaux – est là, complice des religions : le profit.

Et nous n'en sortirons pas vivants…..



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Y-a-t-il trop de mots, de livres entre le monde et nous ? Nous expérimentons ce qui nous entoure, le cul bien au chaud dans nos salons ou en courant les bibliothèques pour apprendre. Toujours et encore, en apprendre plus. Est-ce qu'il ne faudrait pas au contraire, renverser toutes ces barrières, ces filtres qui nous coupent de ce cosmos qui ouvre cette brève encyclopédie du monde de Michel Onfray ? Ou ne faut-il lire que les "livres qui ramènent au monde" ?

"Le livre n'est grand que lorsqu'il apprend à se passer de lui, à lever la tête, à sortir le nez du volume pour regarder le détail du monde qui n'attend que notre souci."

Ne comptez pas sur moi pour vous dire ce que vous avez à faire. Je pourrais éventuellement lâcher à mi-mots "Lisez Cosmos !" avec ce sourire entendu, un brin crétin parfois, de celle qui se la joue, entre initiée et novice. Je pourrais. Mais je préfère vous confier mes impressions sur cette lecture singulière.

Michel Onfray nous "propose une invitation au sublime résultant de la tension avec le souci et l'attention au spectacle du monde concret et la petitesse de notre conscience aiguisée, sachant qu'elle n'est pas grand-chose, mais qu'elle peut beaucoup".

Il commence par nous faire ressentir cet écart qui existe maintenant entre ce qu'il appelle "le temps virgilien", celui de la nature, des saisons ..., celui de son père. Un temps où l'homme vivait en harmonie avec le monde, au même diapason, sans heurts et précipitations, sans cette idée récurrente que nous avons tous maintenant de gagner ou de perdre du temps, "son" temps...

"Ignorer les cycles de la nature, ne pas connaître les mouvements des saisons et ne vivre que dans le béton et le bitume des villes, l'acier et le verre, n'avoir jamais vu un pré, un champ, un sous-bois, une forêt, un taillis, une vigne, un herbage, une rivière, c'est vivre déjà dans le caveau du ciment qui accueillera un jour un corps qui n'aura rien connu du monde."

Cette force vive, à laquelle nous tentons de nous arracher ou faisons "comme si" nous n'y étions pas reliée, nous détermine et finit toujours par nous soumettre, que ce soit simplement en sonnant la fin de nos existences. Homme ou Animal, nous y sommes tous soumis. "Il n'y a pas de différence de nature entre l'homme et l'animal mais une différence de degré". Ce cosmos, d'où nous sommes issus et dans lequel nous vivons et interagissons, peut être la clef d'une sagesse retrouvée, hors de toutes les interprétations religieuses ; l'occasion d'un discours sur le monde, enfin concret et cohérent avec notre nature profonde...

Ce que j'ai eu énormément plaisir à lire :

- les très belles pages sur son père ;
- cette découverte de la culture tzigane ;
- l'incroyable expérience de Michel Siffre, ce géologue, exilé volontaire sous la terre pendant deux mois ;
- toutes ses réflexions sur l'animal, comme alter ego, sur le véganisme et le végétarisme ;
- son analyse du Land Art...

Sans compter tout ce que j'oublie...

J'ai eu plus de mal avec son analyse des Haïkus. Un brin longuet à mon goût, mais cela reste très subjectif.

En un mot, j'ai vraiment apprécier ce livre, qui nous ouvre à d'autres horizons, tout en nous ramenant constamment à ce que nous sommes. Je compte bien lire Décadence, même s'il me tente un peu moins.
Lien : https://page39web.wordpress...
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150 pages de lutte vaine... j'avais pourtant apprécié Onfray dans les médias, sa démarche d'université populaire et ses prise de position sur tous les sujets... mais quelle déception ! Michel Onfray a en effet des avis sur tout, mais cela manque de profondeur et de rigueur. le titre même de Cosmos place la barre très haut... la chute n'en est que plus douloureuse... Bien sûr on sent parfois que ce professeur de philo, devenu essayiste populaire, s'appuie sur des connaissances réelles des thèse d'Epicure et de Nietzche, mais il ne leur rend pas service en les mettant au service d'une vision de la vie digne du café du commerce. La plupart des idées défendues dans le livre sur des sujets disparates tirés de l'expérience personnelle de l'auteur -artificiellement regroupées sous les thèmes Temps, Vie, Cosmos, Anima et Sublime- restent superficielles. Des idées simples, pourquoi pas, mais, comme le savent bien les ingénieurs informatiques, et Léonard de Vinci avant eux, "la simplicité est la sophistication suprême" : démontrer ou fabriquer des concepts simples suppose une réflexion éthique profonde, retranscrite ensuite simplement pour le commun des mortels. C'est le contraire qui est proposé ici : l'élégance d'écriture et d'expression indéniables font malheureusement et irrésistiblement penser au sophiste antique (extrait de définition wikipedia : " orateur et professeur d'éloquence de la Grèce antique, dont la culture et la maîtrise du discours en font un personnage prestigieux") ; cette définition colle, hélas, comme un gant, à Michel Onfray (en tous cas dans cet ouvrage). Enfin, ses avis sur tout sont non seulement peu étayés, mais aussi presque toujours construits sur la critique d'autrui et la certitude de la valeur a priori de sa propre opinion. La maxime socratique "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien, tandis que les autres croient savoir ce qu'ils ne savent pas" a été bien oubliée. On apprendra des chose essentielles à l'homme du peuple, telles que la façon de déguster des vins inaccessibles, sur la pousse du sipo matador dans la forêt amazonienne, sur laquelle Levi Strauss n'a pas jugé utile de rencarder l'auteur, sur les migrations des anguilles lucifères, sur les vers nématodes et le fumier spirituel...
autant d'ingrédients jetés en vrac, qui eussent pu former un vrai plat, avec un peu d'amour du lecteur et de technique culinaire... mais casimir ne pensait qu'à s'ébaudir, aboutissant à un gloubi-boulga indigeste destiné aux seuls "casimirus". Bien évidemment , je ne lirai pas non plus les deux volumes suivant ces 520 pages de Cosmos... et pour une réflexion éthique très accessible et néanmoins enrichissante, je renverrai pour ma part à Comte-Sponville, Alain, et bien sûr Montaigne, père de l'essai et exemple à suivre d'une réflexion critique universelle, personnelle, et néanmoins modeste...
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Si vous ne savez pas quoi faire pendant les cinq prochaines années, lisez l'oeuvre de Michel Onfray, mais lisez aussi les ouvrages de ses critiques, ils sont presque aussi nombreux que ses admirateurs. Auteur de plus de cent livres, Michel Onfray est un phénomène éditorial et médiatique (il publie en moyenne trois livres chaque année.). Il se définit lui-même : "anarchiste, socialiste, libertaire, souverainiste de gauche, philosophe hédoniste et matérialiste, athée". Il enchaîne les livres, les articles, les conférences, les entretiens télé ou radio, les éditoriaux, les déclarations, les prises de position politique, économique, philosophique, sociale sur tous les médias y compris YouTube. C'est un philosophe très populaire en France et dans le monde entier, mais il est aussi vivement critiqué. Considéré comme un génie, un maître, un sage pour certains et comme un simple professeur de lycée reconverti en philosophe de salon, voire un imposteur intellectuel, un falsificateur dogmatique pour d'autres. La charge de ses détracteurs est terrible et ses prises de position déclenchent parfois des réactions violentes. Il est assez rare qu'un philosophe, de son vivant, face l'objet d'aussi virulentes attaques rassemblées dans des livres entièrement consacrés à dénoncer ses "contre-sens philosophique". C'est l'objet par exemple du livre de Michael Paraire "Michel Onfray, une imposture intellectuelle". Parmi ses détracteurs, Raphaël Enthoven (essayiste, animateur de radio et de télévision) résume le travail de Michel Onfray de manière lapidaire « Il enfonce des portes ouvertes avec le sentiment grisant de prendre d'assaut la Bastille ».

 Malgré toutes ses critiques, formulées bien souvent par des intellectuels n'obtenant pas la même audience, il trouve un public nombreux pour acheter ses ouvrages, dont certains ont obtenu d'immenses succès de librairie (notamment le Traité d'athéologie).

 J'ai commencé à m'intéresser à Michel Onfray par le biais de ses conférences audio enregistrées à l'université populaire de Caen (publiées en 26 coffrets, plus de 300 CD ! aux éditions sonores Frémeaux, sous le titre "Contre-histoire de la philosophie"). J'ai emprunté à la bibliothèque municipale chacun de ces coffrets pour les enregistrer sur mon disque dur, à ce jour, je n'ai pas encore fini de les écouter. Entre-temps, j'ai lu "Décadence" le deuxième volume de son compendium "Brève encyclopédie du monde" dont "Cosmos" est le premier opus et "Sagesse" le dernier.

 Dans sa "contre histoire de la philosophie", comme dans beaucoup de ses ouvrages, Michel onfray remet en cause la réalité de Jésus. J'ai fait quelques recherches pour trouver des informations sur Saint-Jean dont Michel Onfray dit qu'il n'a pas connu Jésus, chose qui m'a surpris car j'ai lu des textes qui démontraient le contraire. Dans les différentes réponses que j'ai pu trouver (textes et vidéos) il s'avère que les arguments de Michel Onfray, pour convaincant qu'ils puissent paraître, ne résistent pas eux non plus à une bonne critique s'appuyant à la fois sur des écrits, une argumentation et sur des éléments archéologiques (découverte récente d'un vestige de la ville de Nazareth datant de l'époque de Jésus alors que Michel Onfray pense que Nazareth n'existait pas à l'époque de Jésus mais qu'elle a été fondée deux siècles plus tard.). Conclusion : on ne peut pas plus prouver l'existence de Jésus que sa non existence, en revanche son message, lui, a bien une réalité.

 Le judéo-christianisme est un thème un peu obsessionnel chez Michel Onfray, chacun de ses ouvrages est pour lui l'occasion de développer ses thèses sous un angle différent. Ainsi, dans "Cosmos", il reproche au christianisme d'avoir «remplacé les vérités païennes, qui exprimaient un lien entre l'homme et la nature, par un récit métaphorique et alambiqué construit comme un conte à dormir debout. Il s'agissait de séduire un peuple inculte en lui racontant des histoires.» (page 365).

Onfray est un philosophe eudémoniste (1), attaché semble-t-il aux philosophes matérialistes antiques pour lesquels il n'y a pas de dualité corps-esprit, mais que le corps et l'âme sont les résultats d'un agencement d'atomes et qu'il n'y a rien au-delà. Dans ses conférences il développe la philosophie de Démocrite qui dit que pour vivre sans tourment il ne faut ni se marier ni avoir d'enfants, ni faire de politique. l II parle d'eudémonisme de l'évitement, il suggère que l'Eudémonisme doit conduire aussi à l'athéisme.

 Je réfute une partie de ses thèses mais je suis assez séduit par quelques idées, par exemple, je souscris (avec néanmoins des réserves) à son point de vue sur une certaine forme de décadence de notre civilisation ; le bien le plus précieux, la vie sous toutes ses formes, n'est pas respectée, nos gouvernements ne savent pas tirer d'enseignements de l'histoire, les exemples d'actes de barbarie commis par les hommes ne manquent pas, etc. Cependant, son pessimisme est peut-être exagéré et je suis heureux d'avoir trouvé dans les propos de Han Suyin 1916-2012 écrivain (interviewée par Michel Polac dans l'émission bibliothèque en poche de la fin du 12 juillet 1967) un positivisme qui s'oppose largement au pessimisme de Michel Onfray. Elle déclare être profondément optimiste pour l'avenir de l'humanité en soulignant même si l'on doit évidemment constater toutes les erreurs commises par l'humanité, qu'il faut donner à l'homme sa chance. Il n'est présent sur terre que depuis environ 1 million d'années et il peut certainement changer. Cette approche est typiquement Chinoise dans la mesure ou elle pense en millions d'années là ou les Occidentaux se pressent de tirer des conclusions définitives après avoir étudié quelques milliers d'années d'histoire. Michel Onfray a raison de dénoncer les travers de l'humanité telle que l'on peut les constater aujourd'hui, mais il doit prendre en compte le fait que l'humanité est en devenir et qu'il est encore possible de modifier le cours des choses. Une décadence ne peut se définir que d'après une période antérieure qui aurait représenté l'apogée de la civilisation humaine, il n'est pas démontrable que l'humanité ait atteint à un moment quelconque un haut degré d'évolution.

 En revanche, je trouve absurdes ses diatribes contre Greta Thunberg en particulier lorsqu'il s'attaque à son physique ou à son autisme : « Cette jeune fille arbore un visage de cyborg qui ignore l'émotion. » Il lui reproche de « dramatiser, inquiéter, amplifier, exagérer, faire peur, c'est-à-dire tout le contraire de penser, examiner, réfléchir, débattre. » Il prétend qu'elle est manipulée par des intérêts politiques et économiques qui la dépasse.

 Cette critique est d'autant plus étonnante que Greta Thunberg est en phase avec les thèses de gauche altermondialistes de Michel Onfray qui se bat contre ceux qui s'enrichissent au détriment de la planète. Elle milite pour que l'homme redonne à la nature toute sa place, n'est-ce pas ce même message que nous délivre l'auteur de "Cosmos". Je suis étonné de constater à quel point la sottise peut parfois cohabiter avec l'intelligence. Comment peut-il se fourvoyer à ce point, n'a t-il pas déjà brillamment disserté sur le proverbe chinois : "Quand le sage désigne la lune, l'idiot regarde le doigt."

 Je le rejoins lorsqu'il défend les opprimés, les exploités, les gens du petit peuple (ouvriers, paysans, artisans), "ceux sur lesquels s'exerce le pouvoir", selon sa propre définition du peuple, mais je m'éloigne de lui lorsqu'il rabaisse, dénigre, fustige, dénature, condamne avec un excès de violence ceux qui ne pensent pas comme lui.

Michel Onfray est donc un homme plein de contradictions qui ne peut pas être pris comme un modèle absolu. Ce que j'aime dans ses livres, et que j'ai retrouvé dans "Cosmos", c'est sa capacité à englober tout l'univers dans chaque concept évoqué ; il convoque les dieux antiques, les forces de la nature, les philosophes de tous horizons, il nous rappelle toute l'histoire des hommes et des idées pour mieux nous faire comprendre sa pensée foisonnante, brillante, enivrante et toujours enrichissante. J'aime quand il cite Virgile "Tout homme peut tirer des leçons sur la marche philosophique du monde en examinant le fonctionnement d'une ruche" (page 64). J'aime quand il critique Sartre qui "haïssait la nature et dit moins vrai et moins juste que Sénèque 2000 ans avant lui" (page 65). J'aime quand il parle des animaux "...Il est évident que les animaux sentent, souffrent, connaissent, échangent, ressentent, qu'ils expérimentent la sensation, l'émotion, l'affection, la perception, qu'ils disposent d'intelligence, de prévoyance...Qu'ils pratiquent l'entraide, qu'ils sont capables de se projeter dans le futur et de conserver une mémoire du passé, puis d'agir en conséquence" (page 231). J'aime son réquisitoire argumenté contre la tauromachie et contre tout ce qui génère la souffrance animale en général. J'aime lorsqu'il nous apprends l'enseignement philosophique que l'on peut tirer de l'observation de la vie des anguilles.

 Dans ce livre l'auteur nous parle aussi de botanique et en particulier de l'intelligence des plantes, d'astronomie, de musique, d'art, de cinéma, de poésie japonaise, de littérature, de vins, de gastronomie, d'agriculture, du peuple Tsigane mais aussi de philosophes et savants d'hier et d'aujourd'hui qui l'ont marqué : Epicure, Nietzsche, Bachelard, Darwin, l'entomologiste Jean-Henri Fabre, Montaigne, le spécialiste de la chronobiologie Michel Siffre, l'astrophysicien Jean-Pierre Luminet. Il nous fait découvrir des auteurs moins connus : l'abbé Meslier auteur d'un mémoire contre la religion, le prête défroqué Prosper Alfaric qui le convertit à l'inexistence historique de Jésus et bien d'autres qu'il est impossible de citer. Il faut se reporter à la bibliographie en fin d'ouvrage qui est plus qu'une bibliographie classique, car il s'agit d'un véritable plaidoyer, un argumentaire pour nous inciter à prendre connaissance d'ouvrages récents ou anciens dont la lecture permettra à chacun de trouver sa place dans la nature, puis dans le Cosmos.

 Cet ouvrage, qui m'a souvent conduit à ouvrir mon dictionnaire et à noter de nombreuses références, est une somme impressionnante de plus de 500 pages sur l'homme et ses liens avec la nature. Michel Onfray ne cesse de m'étonner par son talent d'écrivain, de polémiste, d'essayiste, son érudition, son habileté à dérouler un raisonnement mais aussi de m'agacer, par sa virulence, ses attaques ad hominem, ses contradictions et une assurance qui confine parfois au dogmatisme. On peut donc le critiquer à loisir, ce qui impose au minimum de lire quelques-uns de ses ouvrages et en particulier "Cosmos" dont Onfray écrit, pour en souligner l'importance, qu'il est "son premier livre".

 Une lecture à faire sans relâcher son esprit critique. Michel Onfray est un habile artisan du langage, et il peut parfois, pour la beauté d'un raisonnement ou pire par manque d'objectivité, ne pas vérifier suffisamment ses informations ou ne montrer qu'un aspect des choses, celui favorable à ses convictions. Son talent, qui lui permet d'écrire des volumes épais sur de nombreux sujets en quelques semaines, peut se transformer en talon d'Achille, trop de facilité pourrait l'entraîner à un manque de rigueur. Compte tenu de ces réserves il n'en reste pas moins que Michel Onfray est un auteur passionnant, la lecture de ses livres est très stimulante pour l'esprit et ouvre de très nombreux thèmes de réflexion.

Michel Onfray nous invite à trouver le bonheur ici-bas, car selon lui, il n'y a rien outre-tombe. La seule éternité qu'il nous promet est celle des atomes qui composent notre corps. J'ai du mal à admettre ce matérialisme pur et dur. Je ne crois pas non plus tout à fait au Dieu décrit par la Bible qui n'est peut-être qu'un assemblage de mythes païens, de contes et de légendes. Mais derrière cet emballage façonné maladroitement par l'homme se cache sans doute une vérité qui reste à découvrir. Je pense que la mort est une porte qui s'ouvre sur un autre monde, ce qui n'empêche nullement de rechercher le bonheur ici et maintenant et de nourrir son esprit en prévision de l'éternité.

Bibliograhie :

- "Cosmos", Michel Onfray, flammarion (2015) 562 pages.

- "Contre histoire de la philosophie" , Michel Onfray, 26 coffrets (323 CD audios) Editions Frémeaux et associés. (Existe aussi en version papier en livre de poche en 9 volumes).

Vocabulaire :

Turbide (page 160) : adj. agité, troublé, qui n'est pas limpide (des eaux turbides).

Sotériologie (page 192) : L'étude des différentes doctrines religieuses du salut de l'âme. Les théories du salut occupent une place importante dans de nombreuses religions.

Pécamineux : adj. Qui est de l'ordre du péché; relatif au péché.

Verbigération (page 425) : Trouble du langage, logorrhée caractérisée par une abondance de paroles vides de sens, un flot de mots sans suite et de morceaux de mots ou de phrases mal enchaînés n'ayant plus de sens.

note :

(1) L'eudémonisme est une doctrine philosophique posant comme principe que le bonheur est le but de la vie humaine. L'hédonisme, philosophie qui s'en rapproche, prône la recherche du plaisir.
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Le moins qu'on puisse dire du nouveau livre de Michel Onfray c'est qu'on ne s'y ennuie pas.

On commence par y déguster un bon vin chargé des saveurs du terroir, évoquant les vignobles dont il est issu, l'année qui l'a porté, le travail de la terre, la qualité du sol, la chaleur du soleil, les parfums auxquels il renvoie. le ton est donné : pas d'arrières-mondes, de métaphysique, de considérations abstraites sur l'être et le non-être. Pas de discours indigeste accessible aux seuls initiés. Non une philosophie concrète, épicurienne, hédoniste, destinée à nous aider à comprendre et à vivre notre présence dans le cosmos. Une philosophie qui tire ses leçons de la nature et de l'extraordinaire diversité de cette dernière pour qui sait l'observer. Une réflexion sur le temps basée sur l'expérience extrême de la vie souterraine qui abolit les repères temporels. Et qui est un peu la notre, nourris de lumière artificielle...Michel Onfray interroge notre relation à ceux qui nous sont à la fois si proches et si étrangers : les animaux. S'élevant contre la souffrance que l'homme lui inflige, dans l'élevage en batterie ou dans les corridas, il montre que notre mépris de l'animal est ancré dans une vision du monde monothéiste où l'homme veut dominer le monde plutôt que d'être à son écoute. Mais sans aller jusqu'à justifier la zoophilie ou le véganisme (ne consommer absolument aucun produit issu de l'animal, ne pas le domestiquer ni l'élever) : si on laisse les animaux à l'état sauvage, c'est l'homme qui va disparaître.

Il nous invite à découvrir un ver parasite capable de prendre les commandes d'un autre organisme, la liane tueuse qui étouffe l'arbre autour duquel elle s'enroule pour trouver la lumière. La nature a en effet des ressources infinies pour parvenir à ses fins.

Notre rapport au cosmos doit être réinventé. La religion chrétienne a mis un écran entre l'homme et le monde, nous a rendu sourds aux spiritualités païennes, à la philosophie grecque, aux rites africains ; comme la lumière électrique a brouillé l'opposition entre le jour et la nuit, aboli la connaissance des rythmes cosmiques qui règlent l'existence humaine. Nous devons retrouver la sagesse d'Epicure pour qui le monde était connaissable loin des mythologies et des religions. Ses intuitions scientifiques ont été validées par la science moderne ce qui prouve la validité de sa méthode. Michel Onfray revient plusieurs fois sur le Christianisme qui a puisé dans les croyances et les religions qui existaient avant lui et est resté très marqué par le rite solaire. le paganisme est présent dans toutes les fêtes et célébrations du Christ. le Christ lui même n'a aucune existence historique, c'est une fiction, l'image du soleil invaincu. Il focalise le désir des hommes de rendre hommage au mystère de la vie. Mais en le détournant de sa dimension cosmique.

L'art lui-même est marqué par cette distance qu'a mis l'homme entre le monde et lui. La musique, qui fait chanter les pierres et les corps, a été persécutée par les religions, les Révolutionnaires, les régimes totalitaires (URSS, Nazis). La peinture marquée par les scènes religieuses, le corps souffrant dans l'art corporel, la poésie occidentale s'est coupée du peuple, l'art est devenu abstrait au point de disparaître. Il faut le rechercher là où il exprime les liens de l'homme et du cosmos, dans l'art dépouillé du haïku ancré dans l'expérience du monde, les portraits d'Arcimboldo composés d'animaux, de plantes, de fruits, signifiant son unité. le Land Art, dans l'esprit des mégalithes inscrit le geste esthétique dans la nature. On y découvre les tunnels solaires de Nancy Holt installés dans le désert de l'Utah pour que chacun ressente son appartenance au cosmos. Une oeuvre d'art qui se découvre au terme d'un voyage au bout du monde...

Comme son auteur le dit lui même de sa bibliographie, Cosmos est un véritable cabinet de curiosités. Objets hétéroclites et inédits, étonnants, utiles à l'esprit scientifique, et qui finalement nous démontrent que l'infinie richesse et les mystères de la vie sont sous nos yeux et non pas dans d'improbables mondes célestes.



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