Ce petit roman, ou plutôt ce conte, démarre très bien et très fort avec ce personnage de professeur de français amoureuse des mots, amoureuse de la valse des mots. Bon, je n'aurais pas choisi
La Fontaine comme tête de gondole mais chacun ses références. Après ces préliminaires, j'attendais un feu d'artifice composé que de bouquets : voilà ce qu'un académicien peut vous offrir grâce à la grammaire, une sorte d'exercice de style ayant la langue française pour sujet, le spectacle de clôture d'un gala de littérature avec constructions rarissimes et mots ciselés, pour éblouir la pauvre lectrice que je suis qui s'interroge, quand c'est son tour d'écrire, au moindre guet-apens tendu par un accord embusqué. Mais non, pas de démonstration sublime, juste une petite histoire bien sage avec des méchants et des gentils. Une histoire qui ne m'aurait pas convaincue, si je ne l'avais déjà été, que les mots sont aimables. Pire une morale qui nous empêche presque de nous laisser utiliser les mots à notre guise : "la fleur grignote le diplodocus" dessille notre imaginaire, nous entraîne dans une dimension mystérieuse, lors même que "le diplodocus grignote la fleur" ne nous révèle que le bout de notre nez. La langue est belle et il faut l'apprivoiser, d'accord Eric
Orsenna, mais a-t-on le droit de jouer avec jusqu'à l'absurde et au non-sens ? A-t-on le droit de lui tordre le petit doigt quand elle est injuste avec le féminin par exemple ? A-t-on le droit de se fabriquer sa propre langue pour construire sa propre poésie ? L'auteur n'en dit rien mais je réponds trois fois oui !
Je lirai
Les chevaliers du subjonctif en espérant qu'Eric
Orsenna y soit plus audacieux. En attendant, je ne sais pas si
La grammaire est une chanson douce est un conte pour enfants et je ne sais pas si je dois le recommander à des adolescents au collège, par exemple.