Citations sur Le portrait d'un homme heureux. André Le Nôtre, 1613-1700 (30)
Dans l'apparent silence des jardins, celui qui sait voir se délecte de ces grand duos muets.
Le roi Louis XIII n'a que douze ans. Sa mère, Marie de Médicis, assure comme elle peut la régence, payant les grands pour qu'ils se tiennent tranquilles :: le cinquième du budget s'évanouit ainsi à graisser des pattes déjà richement baguées.
Notre Grand Siècle porte en lui une énigme: comment la discipline de fer que faisaient régner sur les Arts Louis XIV, Colbert et leurs sbires de la petite Académie, comment cette hagiographie permanente et minutieusement programmée ont-elles pu engendrer tant de chefs-d'oeuvre? D'ordinaire, la contrainte, et moins encore la propagande politique, s'allient mal avec la création.
Le secret de cet âge d'or, il faut peut être le chercher dans l'amitié. Ces gens-là s'aimaient, depuis la jeunesse. Ce sentiment était leur refuge et leur exigence.
Les Puissants, qui ont tout dans cette vie, n'attendent plus qu'une chose: l'immortalité. Faisons-leur confiance pour mettre autant d'habileté et d'acharnement à la construire qu'ils en ont déployé pour atteindre au pouvoir. (p.137).
Les politiques français n'ont jamais connu la modestie. (p.62).
Et comme toujours, les jardins refléteront la métaphysique de leur époque. (p.28).
Le prétexte des combats change, tantôt religieux, tantôt féodal, mais le vrai motif demeure: la lutte pour le pouvoir. (p.23).
L'allée centrale vous paraît rectiligne ? Première erreur: elle s'élargit peu à peu pour corriger l'effet de fuite et sa tendance à rabougrir l'horizon. p. 46
L’amour et un cheminement d’apparence en apparence, jusqu’à la peau nue dont le grain n’est pas celui qu’on attendait. Malheur à celui ou celle, jardin ou femme, qui ne surprend pas son visiteur.
Si Le Nôtre a moins de mots que Racine, sa passion n'est pas moindre. Et sa chance est plus grande : il ne quitte pas le Roi. Car Louis tient beaucoup à son parc qu'au monuments de louange bâti par l'ancien théâtreux. Et Versailles est un chantier perpétuel. Trente cinq ans durant, le monarque et son jardinier se penchent ensemble sur des plans, arpentent côte à côte des allées, discutent interminablement arbres et parterres, s'arrêtent, le soir venu, au bord d'une des terrasses et considèrent, silencieux, les perspectives qu'ils ont tous deux ouvertes.
(P132/133)