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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lorsque ma nièce (2 ans, même pas et demi), me parlera de son "bogan" (comprendre "toboggan"), je pourrai lui glisser que le mot est d'origine algonquine (en espérant qu'elle n'entende pas kikine).

Bon, pas sûre que ça l'intéresse grandement, mais ce n'est pas grave, j'aurais enrichi son petit cerveau à ma manière, comme j'ai enrichi le mien en lisant ce drôle de petit livre.

Imaginez, à l'heure où des candidats à l'élection présidentielle ont fait leur campagne sur le rejet des autres, sur l'exclusion des étrangers, sur le fait qu'il fallait revenir à nos origines gauloises (purée, quel retour en arrière), imaginez que tous les mots d'origine étrangère se mettent en grève et que ces gens ne puissent plus les employer. Les voici muets ! On peut rêver, non ?

Je me suis vraiment amusée à lire ce petit livre, qui a égayé ma journée et rempli un peu plus mon petit cerveau. Je connaissais l'étymologie de certains mots, car c'est un plaisir de découvrir l'origine des mots, mais j'en ai appris bien d'autres.

La fable des auteurs est gentille, ça pique un peu, mais pas trop. Ils auraient pu être plus cyniques, plus caustiques, mais ils sont restés dans le registre du conte amusant et c'était une bonne idée.

Les mots deviennent des personnages et c'est Indigo qui va convoquer les mots purement gaulois en entrée de débat, nous expliquant l'origine de certains mots, nous rappelant que les Celtes n'étaient pas les premiers sur ce territoire qui n'était pas encore la France que l'on connait.

Transformer des mots en personnages étaient une bonne idée et Indigo poursuivra l'Histoire de la langue française, qui a emprunté bien des mots aux autres, les transformant un peu, qui en a donné (aux Anglais, par exemple), qui les a vu revenir transformé, les adoptant ensuite.

Les mots sont voyageurs, ils bougent, ils se transforment dans les bouches de ceux qui s'en accaparent, puis poursuivent leur route. Il est dit, dans le roman, qu'entre la France et l'Angleterre, c'était un véritable ping-pong des mots.

Les langues ne sont pas appelées à être figées, des mots nouveaux doivent venir l'enrichir, d'autres disparaissent, changent de signification, c'est ce qui en fait une langue vivante. Il n'est rien de pire qu'une langue qui se meurt faute d'avoir des gens pour la parler, la comprendre.

Après cette lecture, je me suis couchée moins bête. Tiens, j'ai même appris, dans la partie consacrée aux patois locaux, que les Français ne connaissaient pas le terme "pause carrière", très utilisé chez nous, en Belgique (vous devriez l'adopter !).

Voilà donc un petit roman bien fait, drôle, sympathique, qui rend plus intelligent (ou plus cultivé) et qui, au travers d'une fable avec les mots, aborde un sujet important : la xénophobie, le rejet de l'autre, le racisme.

Un ami m'avait dit un jour que ceux qui voulaient mettre dehors les étrangers oubliaient une chose importante : que ce sont avant tout des consommateurs !

Ben oui, ils travaillent et quand bien même ils toucheraient de l'argent à ne rien faire, cet argent repasse illico presto dans le système, puisque tout est dépensé dans le coin, faisant vivre des commerçants. L'argent doit circuler pour faire de la richesse.

Autre chose, ici, ce sont les mots d'origine étrangère qui se mettent en grève, mais que se passerait-il, demain, si toutes les personnes d'origine étrangère, se mettaient en grève du travail ? Plus de métros circulant à Bruxelles (à Paris, je ne sais pas), plus de poubelles ramassées, plus de taxis (ou si peu), plus de livraisons, plus d'épiceries ouvertes, et j'en passe… Ce serait une catastrophe sans nom.

Il faudrait peut-être que certains y pensent, avant de parler à tort et à travers… La crise de la covid nous a démontré que nous avions besoin de gens qui livrent les marchandises, des caissières, de ceux qui s'occupent des déchets, du personnel de soin (hôpitaux comme dans les homes – EHPAD chez vous)…

Bref, de ceux qui bossent dans des fonctions qui ne sont pas mises en valeur, mal rémunérées. Des types comme les Carlos Ghosn ne nous ont servi à rien, dans cette pandémie. Pensons-y…

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Je pense que ce livre, bien qu'étant considéré comme tout public, trouvera plutôt son coeur de cible chez les ados.

Ce conte pourrait tout à fait remplacer l'histoire des substrats et adstrats donnée au cours de français. de par son côté abstrait et espiègle, il pourrait en douceur donner envie aux jeunes d'en apprendre davantage sur l'histoire des mots de notre belle langue par-delà les époques, tout en n'oubliant le petit détour bienvenu fait autour des apports des langues régionales de France…

Un livre d'utilité publique.
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J'ai aimé cette fable, le début est tonitruant, la suite parfois un peu gentillette dans sa forme. J'y ai appris des tas de détails sur ma langue maternelle.
J'en retire surtout le sentiment d'une grande fraternité, c'est par l'envie de se comprendre mutuellement que la langue peut évoluer. Ce qui fait évoluer l'esprit en parallèle : les auteurs disent quelque part que les nouveaux mots permettaient de désigner ce qui n'avait pas encore de nom (je n'ai pas retrouvé la page de la citation).
Bref, que du bonus à se mélanger !
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« Et si les mots immigrés, c'est-à-dire la quasi-totalité des mots de notre langue, décidaient de se mettre un beau jour en grève ? »

Les deux auteurs nous offrent un conte sur l'histoire de la langue française, des mots gaulois (je savais déjà qu'ils étaient peu nombreux, comme « alouette » et « tonneau »), latins, grecs, italiens, anglais, allemands, régionaux… Ce court livre, qui se dévore en une heure, se révèle très instructif, pour les amoureux de la langue française et notamment de l'étymologie. J'ai par exemple appris que « caramel », « fétiche » et « marmelade » étaient portugais. J'aurais dit français pour les deux premiers et anglais pour le troisième.

Plus surprenant, ce livre est engagé, il se moque de l'extrême droite. Il est certain que les mots ne connaissent pas de frontières, ils les traversent, pour revenir parfois sous une autre forme.

Ce que j'ai apprécié dans leur réflexion est d'évoquer 3 points qui guident mon écriture :

- Un hommage aux ressources de la francophonie. J'ai déjà utilisé dans mes livres le merveilleux « égoportrait » et le truculent « divulgâcher ». J'admire l'inventivité de l'Office québécois de la langue française qui répond souvent très bien à toutes nos recherches en ligne.

- Un hommage aux langues régionales. Je suis de Montpellier et je recours à des mots occitans comme « s'enfader ».

- Une critique du franglais que l'on retrouve dans le monde de l'entreprise :
« Alors pourquoi, mais pourquoi, vous, Français, ne parlez-vous plus français ? Pourquoi renoncer à vos mots ? Vous savez que vous êtes ridicules ? « L'équipe de direction, qui travaille en espace ouvert, a confié la légende de l'entreprise à un laboratoire d'idées. » C'est clair, non ? Tout le monde comprend. Alors pourquoi ce galimatias : le staff du manager, qui coworke en open space, a confié le storytelling à un think tank ? »

J'essaie d'éviter pas mal d'anglicismes quand j'écris, car j'estime que c'est un combat à mener. Certains trouvent que ce choix des mots est ridicule ou artificiel, mais sincèrement, I don't give a shit.

Voici en tout cas un cadeau sympa pour tous les curieux.

Lien : https://benjaminaudoye.com/2..
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Je pense depuis "La grammaire est une chanson douce" qu'Eric Orsenna est un grammairien poète qui partage des connaissances sérieuses sur un ton badin, taquin, voire "rigolard".
L'Association des Mots Immigrés, c'est pour la prof de FLE que je suis un vrai régal, pas sérieux du tout, bien sûr. Et cependant, j'ai eu et j'ai encore tout loisir de vérifier que bon nombre de nos mots ont des origines bien variées, ce que nous énoncent E.Orsenna et son complice, Bernard Cerquglini, recherches et preuves à la clé.
En conclusion, je conseillerais aux linguistes sérieux de ne pas s'agacer avec cet opus, mais aux curieux de notre si belle et tortueuse langue française (?) d'y consacrer une petite heure de lecture.
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Originale et burlesque, cette fable nous enseigne quelques mots immigrés, qu'ils nous viennent les romains, des germains, anglais, américains ou des noire des arabes.
J'ai aimé le ton très décalé et reconnais le talent de vulgarisation extrême des auteurs. Cela pourrait paraître simple, mais vulgariser un sujet est encore bien l'exercice de style le plus complexe.
J'ai beaucoup aimé !
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La langue française est belle et variée. Il existe des mots pour tout et ces mots, pour la plupart, ne sont pas nés sur notre territoire. Ils ont été empruntés, transformés au gré des brassements de population. Et c'est bien ce qui fait la richesse de notre langue. Nous utilisons au quotidien des mots dérivés du langue des francs, gaulois, romains, italiens, arabes...
Je suis toujours fasciné de découvrir un mot que je n'ai jamais lu au détour d'un livre et cela m'interpelle. Alors je prends mon dictionnaire et je cherche sa signification pour parfaire ma culture et ma connaissance du français.
#lesmotsimmigrés d'Erik Orsenna et Bernard Cerquiglini nous renvoient à notre passé multiculturel et pose les bases d'un futur qui ne peut pas être autrement.
Ce livre court et extrêmement intéressant est pour tous les amoureux des mots.
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