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C'est le premier roman (à saveur autobiographique) d'Eric Blair, le véritable nom de George Orwell. L'auteur y décrit sa vie de jeune travailleur pauvre et de vagabond à Paris où, après ses pérégrinations de recherches infructueuses d'emploi, il décrochera un travail de plongeur dans un hôtel, et à Londres où il se mêlera à un groupe de chemineaux parcourant les gîtes et les quelques lieux où ils peuvent trouver une couche et de la nourriture. Tout cela se déroule dans la misère de la fin des années 1920 et du début des années 1930. Orwell porte un regard cru sur la réalité saisissante d'un abîme social. Il s'agit, il me semble, d'une lecture importante pour comprendre cette époque et l'état dans lequel se trouvaient certaines et certains.
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De la pauvreté

Très beau récit au ton et style « journalistique" de la misère banale, commune, que George Orwell a vécu et observé lors de son expérience de grand dénuement à Paris puis à Londres à son retour d'Asie.

Je dis style journalistique, sans ici, arrière pensée péjorative, mais dans le sens où il observe, détaille minutieusement et pertinemment, sans user de trop de superlatifs ou d'envolées lyriques. On peut dire sinon, qu'il ne littéralise pas son récit, si on veut employer un barbarisme langagier, qu'il tente de rester au plus près de l'observation sans trop essayer de romancer.
Le style est d'ailleurs froid, sans identité diront certains, ce qui tranche par rapport à London, pour comparer avec une lecture récente, qui parle aussi de la misère et du labeur extrême de certaines catégories de travailleurs mais pourtant, il est en parfaite adéquation avec le sujet du livre. Point ici de misérabilisme ou de volonté de jouer sur la corde sensible.

Je trouve que finalement, sans m'y connaître, que George Orwell se met (habilement ?) dans l'habit d'un ethnologue (du dimanche ?) venu étudier un milieu inconnu. Une immersion dans un monde différent que l'auteur décrit, et commente régulièrement au fil de son récit, se servant de cas concrets pour partir dans une réflexion plus générale - c'est ainsi que du cas du plongeur il en profite pour réfléchir à l'explication de leur existence, et ne peut relever que le plaisir d'une minorité fait elle le « malheur » d'un plus grand nombre, que d'un plaisir « bourgeois » né une condition populaire.
A un moment donné, Orwell évoque la condition du personnel de restauration et c'est l'occasion pour lui, en simili sociologue de décrire la stratification sociale et symbolique qui caractérise chaque sous groupe de cette catégorie. Entre le patron, le chef de cuisine, le cuisinier, le garçon (serveur), le plongeur, à chaque fonction est ainsi associée un type de comportement voire même une mentalité propre/commune (au sous groupe) et notamment une attitude particulière envers les autres (frappant la mise en lumière du garçon méprisant ceux en dessous de lui et révérant envers les bourgeois qu'il côtoie « à table », comme pris entre deux mondes, chacun inaccessible).
De même, Orwell fait la même chose pour ce qui est de la typologie des mendiants Londoniens où chacun se trouve à une place bien déterminée allant de l'artiste de rue au vendeur d'allumettes.
Au-delà de la simple description de la pauvreté, ce qu'on peut en retirer c'est aussi « l'anarchie » qui peut régner lorsqu'aucune forme de réglementation du marché du travail n'existe. Amusant parallèle avec notre situation actuelle. En effet, quand aucune règle n'est imposée, notamment pour ce qui est d'un salaire minimum et surtout concernant les embauches on voit à cette époque ce que cela pouvait donner. Rien que dans l'hôtellerie on voit ce que la flexibilisation à l'extrême peut donner. de même, comme le dit bien Orwell, la surabondance d'offre de travail par rapport à la demande de force de travail créé une situation d'instabilité et de précarisation du marché de l'emploi sans réglementation : «les grands hôtels ne font preuve d'aucune pitié à l'égard des gens qu'ils emploient. Ils embauchent et débauchent du personnel en fonction des besoins et licencient dix pour-cent au moins de leurs employés quand la pleine saison est terminée. Et ils n'ont aucun mal à trouver un remplaçant si quelqu'un leur fait faux bon, car à Paris ce ne sont pas les candidats à ce genre de place qui manquent » (bon d'accord, un peu d'herméneutisme, je surinterprète un peu ce qu'il dit, je l'avoue).

Il n'est pas ici opportun de faire un inventaire à la Prévert des misères décrites par Orwell, mais on se dit à la lecture que Paris offre plus d'opportunités et une crimininalisation moins frappante de la pauvreté qu'à Londres. C'est finalement ce qu'il réaborde dans ses « écrits politiques » où il détaille l'institutionnalisation de la pauvreté errante.
D'une part, la mendicité est prohibée, d'où les fameux vendeurs d'allumettes devant montrer officiellement pâte blanche - petite parenthèse concernant la mendicité, dans la vision libérale l'assistance aux pauvres ne doit pas provenir de l'Etat mais de l'initiative privée. En gros, l'idée est que spontanément les classes les plus aisées donneraient une part de leur pécule durement gagné aux pauvres sous forme du modèle de la charité, or, ce n'est pas mentionné ici, mais dans ses écrits politiques Orwell nous montre qu'à l'inverse, la subsistance des plus miséreux se fait par la « générosité » des classes inférieures ! En effet, les « mendiants » (officieux ou non) étant repoussés des quartiers bourgeois par les forces de l'ordre ce sont dans les quartiers pauvres et ouvriers que les mendiants touchent quelques pièces par ci par là. Entre les discours et la réalité, encore une fois, c'est tout autre chose.
D'autre part, a été mis en place l'impossibilité pour un miséreux de résider deux soirs de suite dans un même lieu d'accueil. C'est-à-dire que concrètement, une personne sans toit doit chaque soir trouver un autre lieu d'accueil, ce qui pousse donc des milliers d'individus à parcourir Londres et le reste de l'Angleterre à pieds pour trouver un abris et on parle bien de dizaines de milliers d'individus concernés.

Outre ce récit frappant et poignant sur ces pauvres hères, ce qui marque, c'est aussi cette vie, cette réserve d'humanité qui émane de ces gens, de ce milieu ô combien défavorisé-exploité. C'est finalement une formidable leçon de vie de voir ces gens toujours debout malgré les affres de l'existence. Boris, l'émigré russe en est un parfait exemple. Positif, ambitieux, débrouillard, toujours d'attaque malgré les déconvenues en chaîne qu'il subit. le roseau plis mais ne rompt pas.

C'est donc un ouvrage à la fois poignant malgré sa froideur, mais aussi par certains aspects chaleureux grâce à ces hommes qui l'animent et cette volonté de vivre, de faire face aux événements qui ressort constamment. Finalement pour eux, exister, c'est résister.

Une ode à la solidarité, un éveil des consciences face à la stigmatisation de la pauvreté (sur son existence et sa tolérance).

Et comme Orwell conclu magnifiquement son récit : « Jamais plus je ne considérerai tous les chemineaux comme des vauriens et des poivrons, jamais plus je ne m'attendrai à ce qu'un mendiant me témoigne se gratitude lorsque je lui aurai glissé une pièce, jamais plus je ne m'étonnerai que les chômeurs manquent d'énergie. »

PS : Evidemment, l'ouvrage est rempli de passages qu'on a envie de garder quelque part en mémoire :

« Lorsque vous vous trouvez au sein de la misère, vous faites une découverte qui éclipse presque toutes les autres. Vous avez découvert l'ennui, les petites complications mesquines, les affres de la faim, mais vous avez en même temps fait cette découverte capitale : savoir que la misère a la vertu de rejeter le futur dans le néant »
« Il est un autre sentiment qui aide grandement supporter la misère. Tous ceux qui sont passés par là doivent sans doute l'avoir connu. C'est un sentiment de soulagement, presque de volupté, à l'idée qu'on a enfin touché le fond. Vous avez maintes et maintes fois pensé à ce que vous feriez en pareil cas : eh bien ça y est, vous y êtes, en pleine mouscaille - et vous n'en mourez pas. Cette simple constatation vous ôte un grand poids de la poitrine. »
« Faire la vaisselle est un travail parfaitement odieux - pas vraiment pénible, certes, mais assommant et stupide au-delà de toute expression. On frémit à l'idée que des êtres humains puissent passer des dizaines d'années de leur vie à ne rien faire d'autre. La femme que je remplaçais avait bien la soixantaine et elle restait rivée à son bac à vaisselle, treize heures par jour, six jours par semaine, toute l'année durant. (…) Cela faisait une curieuse impression de voir que, malgré son âge et sa condition présente, elle continuait à porter une perruque d'un blond éclatant, à se mettre du noir aux yeux et à se maquiller comme une fille de vingt ans. Il faut croire que soixante-dix-huit heures de travail par semaine ne suffisent pas à étouffer toute envie de vivre chez l'être humain. »
« Pour beaucoup d'hommes du quartier, sans femme et sans nulle perspective d'avenir, la beuverie du samedi soir était la seule chose qui donnait un semblant de sel à la vie. »
« le plongeur est un des esclaves du monde moderne (…). Pour ce qui est de la liberté, il n'en a pas plus qu'un esclave qu'on peut vendre et acheter. le travail qu'il effectue est servile et sans art. On ne le paie que juste ce qu'il faut pour le maintenir en vie. Ses seuls congés, il les connaît lorsqu'on le flanque à la porte. Tout espoir de mariage lui est interdit, à moins d'épouser une femme qui travaille aussi. Excepté un heureux hasard, il n'a aucune chance d'échapper à cette vie, sans pour se retrouver en prison (…). Si les plongeurs pensaient un tant soit peu, il y a belle lurette qu'ils auraient formé un syndicat et se seraient mis en grève pour obtenir un statut plus décent. Mais ils ne pensent pas, parce qu'ils n'ont jamais un moment à eux pour le faire. La vie qu'ils mènent a fait d'eux des esclaves. »
« A force d'absorber cette répugnante imitation de nourriture, il était devenu, corps et âme, une sorte d'homme au rabais. c'était la malnutrition, et non quelque tare congénitale, qui avait détruit en lui l'être humain. »
« Dans la pratique, personne ne s'inquiète de savoir si le travail est utile ou inutile, productif ou parasite. Tout ce qu'on lui demande, c'est de rapporter de l'argent. »
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Je ne peux pas dire que ce livre a été un coup de coeur, c'est trop difficile pour moi de juger ainsi une oeuvre qui décrit de telles choses et qui étale la misère telle qu'elle est, sans y ajouter de poésie.

La descente débute à Paris, où, sans le sou, Orwell réussit difficilement à se faire embaucher en tant que plongeur dans un hôtel de luxe. La différence entre les pièces que les clients connaissent et les sombres cuisines où les employés se bousculent du matin au soir est percutante. Les cuisiniers, garçons, plongeurs évoluent dans des pièces trop petites, étouffantes et sales. C'est une époque où les salariés ne connaissent pas encore les avantages dont nous pouvons bénéficier aujourd'hui dans les pays développés. Ils travaillent ainsi du lever au coucher du soleil, six, parfois sept jours par semaine pour une paie de misère qui subvient à peine à leurs besoins vitaux. le seul bénéfice obtenu est dépensé le samedi soir dans les bars parisiens, ou auprès de prostituées.

Orwell croit enfin à des jours meilleurs lorsqu'un ami londonien lui propose de retourner en Angleterre où il a déjà trouvé un emploi pour lui. Malheureusement, l'employeur est absent pour encore quelques semaines lorsqu'Orwell débarque de l'autre côté de la Manche. Il découvre donc les lodgings houses, et, quand il n'a même plus les moyens de s'offrir ces piètres dortoirs, les asiles où les vagabonds passent la nuit enfermés pour tenter de dormir dans un confort inexistant.

Ce parcours est parsemé de rencontres plus ou moins surprenantes au sein d'un univers à part du reste de la société. Ceux qu'on regarde de travers parce qu'ils n'ont ni les moyens de bien se nourrir, se laver et encore moins celui de s'instruire. Malgré cela, Orwell continue de réfléchir et nous livre des réflexions édifiantes sur ce milieu, il consacre même un chapitre à l'argot londonien de l'époque qui est juste passionnant. J'ai été tentée de citer une bonne partie du livre dans cet article mais je vous laisserai le découvrir vous-même.

On pourrait dire que ce livre a été écrit il y a longtemps, que les choses ont beaucoup évolué depuis, et en un sens, c'est plutôt vrai, du moins dans les deux pays où Orwell a vécu. Pourtant, il reste encore des vagabonds, et il reste aussi des employés qui n'ont pas le temps de réfléchir à autre chose qu'au métro boulot dodo. Ce témoignage trouve donc curieusement le moyen de faire écho à notre propre époque, et c'est loin d'être flatteur. Après en avoir appris davantage sur le parcours cet auteur, je suis encore plus impressionnée et fascinée par son oeuvre.
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Un livre très intéressant, surtout au niveau historique, mais ceci est avant tout un témoignage de l'auteur dans sa période de vache maigre. On le suit dans la première partie, à chercher du travail dans les restaurants qui exploitent leurs employés en ce qu'on pourrait appeler une nouvelle forme d'esclavage. Puis, à Londres parmi les trimardeurs, à vivoter entre différents asiles pour vagabonds suivit de quelques réflexions sur le sujet dans le but d'améliorer les choses.
Cela nous change de tous ses écrivains issus de la bourgeoisie qui ne connaissant rien à la pauvreté et qui se permettent de mépriser cette classe sociale et qui se disent de gauche, c'est un livre qui inspire le respect parce que chargé d'humilité en ce qui concerne George Orwell.
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Que dire sur ce livre (déjà bien résumé par les précédents contributeurs) à part qu'Orwell arrive à vous faire accrocher à une histoire qui n'a rien d'extraordinaire d'un homme qui perd tout et se retrouve à la rue. L'auteur dépeint remarquablement bien les scènes (peut-être parce qu'il les a lui-même vécues) où le personnage ressent la faim, l'intérieur des foyers "accueillant" les sans-abris.
J'ai adoré ce livre grâce au style de l'auteur qui nous fait vivre cette histoire réaliste. Orwell ne tombe jamais cependant dans les "séquences émotions" et autres trucs gnangnan. Remarquable!!
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George Orwell, pseudonyme d'Eric Arthur Blair, né en 1903 au Bengale et mort en 1950 à Londres, est un écrivain, essayiste et journaliste britannique. Politiquement engagé, il prend part à la guerre civile espagnole en 1936 dans les rangs des milices trotskistes mais l'attitude des communistes espagnols finit par ébranler ses convictions politiques d'homme de gauche. Ecrivain, il est célèbre pour ses romans, La Ferme des animaux (1945) et surtout 1984 (1949). Dans la dèche à Paris et à Londres est un récit autobiographique de George Orwell paru en 1933 et publié sous le titre La vache enragée, dans sa première traduction de 1935.
Nous sommes à la fin des années 1920, début des années 30, l'écrivain n'est encore qu'un jeune homme inconnu, glissant quand il le peut un article à de vagues journaux, vivant entre Paris et Londres et comme l'indique le titre de son ouvrage, dans la précarité absolue. Récit autobiographique donc, rédigé à partir des notes qu'il a prises durant cette période, sur un mode très journaliste de terrain, mais involontaire. le bouquin est en deux parties comme on s'en doute.
La première se déroule à Paris, on suit principalement l'écrivain dans sa recherche d'un boulot avec un pote nommé Boris, un Russe qui se fait fort de leur dénicher le pactole dans l'hôtellerie ou la restauration, secteur dans lequel il brilla autrefois. Outre la misère vécue par l'auteur (la faim, la crasse des lieux où il tente de loger…) on voit au plus près les conditions de travail des petites mains de ces secteurs d'activité, des conditions de travail harassantes, des horaires insensés, les castes entre les différents métiers (plongeurs, femmes de chambres, cuisiniers, serveurs…) « une échelle de préséances aussi rigoureusement définie que dans une armée », l'hygiène déplorable derrière les portes réservées au personnel (en cuisine etc.) ; us et coutumes sont dévoilées. On note aussi qu'Orwell, encore jeune il est vrai, ne paraît pas particulièrement futé, accordant un crédit optimiste à un Boris peu fiable aux yeux du lecteur, préférant lâcher la proie pour l'ombre, à savoir un job usant dans un hôtel pour une éventuelle place dans un restaurant en construction…
La seconde partie se passe à Londres où une connaissance lui a proposé un bon travail, place qui ne sera libre que dans un mois. Mois de misère là encore, où il fréquentera les trimardeurs, les asiles de nuit et les soupes populaires en compagnie de figures originales, Paddy l'Irlandais sympathique mais néanmoins « il avait tout à fait la mentalité du trimardeur moyen : bassesse, envie – le caractère d'un chacal » ou de Bozo, l'estropié qui fait des dessins d'humour sur les trottoirs. Ici nous découvrons les coulisses de la misère ambulante, celle des chemineaux qui vont d'asiles en soupes populaires, de villes en villes, d'un quartier de Londres à un autre. Leurs astuces et leurs trucs pour grappiller un vague repas gratuit ou une nuit à l'abri dans un bouge abjecte.
Deux parties car deux lieux géographiques différents, où il semble que la vie des nécessiteux soit plus facile à supporter à Paris qu'à Londres en raison des règlements et lois plus contraignantes outre Manche. S'ajoutent à ces descriptions factuelles et anecdotiques, des réflexions sur ce monde de la grande pauvreté : « la question qui se pose est alors : pourquoi méprise-t-on les mendiants ? » ou encore « posons une question fondamentale : pourquoi d'une manière générale, y-a-t-il des vagabonds ? » A ces questions, George Orwell propose des pistes de solutions mais également des démonstrations parfois brumeuses….
Un récit où il n'est question que de misère et de pauvreté, pourtant, est-ce dû à mon esprit particulier, j'ai souvent trouvé motif à sourire ! J'imagine que le récit ayant été écrit plusieurs années après ces épreuves, George Orwell en avait digéré la dureté, ce qui lui a permis d'adopter le ton relativement léger caractéristique de ce texte ?
Un bouquin très intéressant et qui explique le futur parcours politique et social de l'écrivain.
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A lire pour comprendre l'engagement politique futur d'Orwell.
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Un témoignage d'Orwell sur quelques années de dèche qu'il a vécues à Paris et à Londres : les petits boulots dans les hôtels restos, la faim, la débrouille, la nuit dans les asiles pour indigents...
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George Orwell nous narre sa vie de vagabond à Paris et à Londres.
Dans la première partie, il est surtout question de sa vie de plongeur au sein d'un grand hôtel parisien : on y apprend les conditions de travail atroces (chaleur, saleté, plus de quinze heures par jour...), comment la cuisine est faite dans la crasse (la sueur qui tombe dans les aliments, la nourriture qui se retrouve par terre, rincée rapidement au chiffon sale et remise dans l'assiette).
Il nous raconte cela dans un style très agréable à lire, limpide, qui fait sourire. La misère est partout : elle fait des S au mur, cortège de punaises ; elle est dans les vêtements troués qu'on porte à l'année, au Mont-de-Piété où l'on vous déleste de vos biens contre presque rien.
A Londres, il est surtout question de la vie de trimard dans les asiles pour la nuit : interdiction de dormir deux fois dans le même lieu. Tout est sale, difficile de dormir avec l'haleine et les pieds sous le nez d'autres clochards.
Pourtant, Orwell défend les mendiants. Ses idées politiques sont amorcées dans ce livre. Il montre l'absurdité du système qui force les gens à la mendicité tout en les réprimandant et en ne leur donnant aucune chance de s'en sortir. Il voudrait sonder leur âme de plus près, comme il le dit à la dernière page. A travers les portraits de Bozo, l'artiste de trottoir (il dessine au sol pour récolter un peu d'argent), de Paddy, de Charlie qui clame qu'il a connu l'amour - en s'étant acheté les faveurs d'une prostituée non consentante qu'il a violée et violentée -, Orwell nous fait partager cette vie d'errance et de pauvreté sans jamais éveiller la pitié.

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Un livre d'une grande honnêteté intellectuelle où l'auteur a voulu découvrir pauvreté, exploitation et misère, en les vivant lui-même sans subterfuge à la première personne, ce qui n'enlève pas une certaine candeur à sa démarche... Mais des portraits savoureux et croqués sur le vif, de ces pauvres dignes ou indignes vivant dans la misère avec leurs rêves ou leurs mensonges...
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