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A l'âge de Dix neuf ans, le jeune Georges Orwell s'est engagé dans La Police impériale des Indes. Six ans plus tard, il donne sa démission pour devenir écrivain. Et c'est à Paname qu'il part faire ses premiers pas d'auteur et trainer ses godillots . Sans un sou en poche, il s'installe dans les bas quartiers et loge dans des hôtels minables . Au début, il se débrouille comme il peut, vend ses fringues au Mont de Piété, donne quelques cours d'anglais qui ne suffisent pas pour payer son loyer. Il lui faut alors trouver du travail et il fait appel à une connaissance, un garçon d'hôtel russe du nom de Boris qui pourrait peut-être le faire embaucher mais ce dernier est aussi dans la mouise jusqu'au cou . du coup, ils vont devenir pôtes de galère et tenter de travailler dans la restauration. Après de longues journées d'errance sans fin, c'est à la plonge d'un grand hôtel restaurant que Georges va finalement suer, récurer, lessiver, trimer pour un salaire de misère qui lui permet tout juste de manger à sa faim. Ce job lui ouvrira les yeux sur les conditions du sous-prolétariat et sur la saleté et la crasse des hôtels de luxe parisiens... Nostalgique, La sauce à la menthe manque à l'English et le voilà parti pour Londres où il retrouve la même misère avec d'autres potes d'infortune comme Bozo l'artiste ou Paddy le mendiant...
Ce livre décrit l'expérience vécue par George Orwell à Paris et à Londres. Il a connu la dèche, la galère, la faim, les hôtels et asiles borgnes et surtout fait des rencontres inoubliables et lié d'amitié avec des personnages pittoresques, des vagabonds, des trimardeurs et autres traine-savates rencontrés dans les rues de Paris ou dans les asiles de Londres. Son journal de voyage qu'il qualifie de banal dans ses dernières pages rend hommage à tous ceux qui vivent en marge. Il conclut par ceci : "Jamais plus je ne considérai tous les chemineaux comme des vauriens ou des poivrots, jamais plus je ne m'attendrai à ce qu'un mendiant me témoigne de sa gratitude lorsque je lui aurai glissé une pièce, jamais plus je ne m'étonnerai que les chômeurs manquent d'énergie. Jamais plus je ne verserai la moindre obole à l'Armée du Salut, ni ne mettrai mes habits en gage, ni ne refuserai un prospectus qu'on me tend, ni ne m'attablerai en salivant par avance dans un grand restaurant."
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Un reportage saisissant sur la misère à Paris et à Londres vers la fin des années trente, alors même que la terrible Grande Dépression commence tout juste à s'installer. Une époque où le moindre faux pas, ou la simple malchance, vous entraîne irrémédiablement dans un état de dénuement absolu, au sein d'une société sans le moindre filet. Loin, très loin, de nos conditions de vie actuelles...
Le style est remarquable, oscillant entre compte-rendu journalistique et témoignage d'expériences vécues au plus profond de la chaire, ce qui me fait dire qu'il y a presque du Hunter S. Thompson avant l'heure chez Orwell ! C'est d'ailleurs l'un des trais caractéristiques de cet écrivain, à savoir le fait d'être parvenu à offrir des livres si différents, mais tous aussi marquants les uns que les autres.
L'autre élément notable est que ce livre s'inscrit à mes yeux dans le parcours de vie, mais aussi philosophique, d'Eric Blair, jeune journaliste un peu en mal de confiance. Car cet essai marque l'une de ses premières rencontres avec l'injustice sociale qui caractérise l'Europe industrielle, prise de conscience qui ne cessera de grandir chez l'écrivain officiellement devenu George Orwell, pour quelques années plus tard le conduire à épouser intégralement la cause socialiste et à prendre les armes en faveurs des républicains espagnols, avant de finalement se heurter à la froide réalité des idéologies totalitaires et du danger qu'elles représentent pour l'humanité.
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En 1929, George Orwell, à court d'argent après avoir renoncé à l'uniforme de la police impériale qu'il portait en Birmanie, se retrouve à faire la plonge dans un hôtel parisien, avant de gagner Londres dans l'attente d'un travail plus rémunérateur.
Les deux parties du livre sont très différentes. À Paris, la misère contre laquelle il se débat nous vaut un récit rageur qui conjugue la faim et la débrouille. Orwell doit subsister avec 6 francs par jour et découvre qu'il est effectivement possible de vivre ainsi, mais à condition de ne penser qu'à ça, avec une volonté à la fois tendue et rabougrie de ne pouvoir se porter sur une quelconque ambition qui ne soit survivre: "un homme qui a passé ne serait-ce qu'une semaine au régime du pain et de la margarine n'est plus un homme mais uniquement un ventre, avec autour quelques organes annexes."
La grande corporation des pauvres ne songe donc qu'à trouver un lit et de la nourriture et déploie pour ce faire une inventivité sidérante: les uns vendent des vues de la tour Eiffel dans une enveloppe close pour les écouler au prix d'images pornographiques; d'autres se font passer pour une organisation communiste clandestine prête à rétribuer des articles subversifs si tant est que le futur journaliste verse d'abord sa cotisation.
Avoir un travail permet de se sortir de la mouise, mais au prix d'une vie de forçat, de 60 à 100 heures de labeur par semaine. "La femme que je remplaçais avait bien la soixantaine et elle restait rivée à son bac à vaisselle, treize heures par jour, six jours par semaine, toute l'année durant. [...] Cela faisait une curieuse impression de voir que, malgré son âge et sa condition présente, elle continuait à porter une perruque d'un blond éclatant, à se mettre du noir aux yeux et à se maquiller comme une fille de vingt ans. Il faut croire que soixante-dix-huit heures de travail par semaine ne suffisent pas à étouffer toute envie de vivre chez l'être humain."
La description du travail effectué pour faire tourner un restaurant est absolument épique. Dans cette Iliade des cuisines, des héros s'échinent à finir une besogne toujours à recommencer: "Entre minuit et minuit et demi, je faisais de mon mieux pour tâcher de finir la vaisselle. le temps manquant pour faire un travail convenable, je me contentais d'essuyer la graisse qui restait au fond des assiettes avec des serviettes de table. Quant au sol, je le laissais dans l'état où il était ou prenais un balai pour expédier le plus gros de la saleté sous les fourneaux. [...] En général, j'étais au lit à une heure et demie du matin. Il arrivait que je manque la dernière rame, et je devais alors dormir par terre dans le restaurant. Mais je n'en étais pas à ça près : à pareille heure, j'aurais dormi sur les pavés."
À Londres, en revanche, Orwell, qui sait que la vache enragée va bientôt se terminer pour lui, se contente d'aller d'un asile de pauvres à un autre en attendant le retour de son futur employeur. le texte devient un reportage, embedded, certes, mais un reportage tout de même, qui étudie l'argot spécifique à la classe ouvrière ou propose un plan propre à améliorer le système des asiles de nuit. C'est loin d'être inintéressant mais le ton plus distancié n'a pas la même force.
Cette expérimentation de la dèche a bien sûr une importance Kapitale dans la gestation des idées socialistes d'Orwell; sa réflexion sur le sens du travail, notamment, vaut le détour.
Il est d'autant plus effrayant de lire sous la plume de cette figure de la gauche anti-stalinienne autant de références antisémites. Avec le plus grand naturel, Orwell signale que les Juifs (qui n'ont jamais d'autre identité) volent plus malheureux qu'eux et vendent leurs propres filles: "Fie-toi à un serpent plutôt qu'à un Juif".
La répétition tranquille de ces horreurs (35 occurrences, quand même !) donne à cette révolte contre la misère prolétaire un goût plus qu'amère que les désordres de notre temps ne risquent pas d'adoucir.
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« Dèche », « Débine », « Mouscaille »... Autant de synonymes pour désigner un seul et même mal : « La misère ». Un état qu'a bien connu George Orwell, alors encore Eric Blair, à la fin des années 1920.

À contrario de beaucoup d'ouvrages sur la misère, Orwell ne se contente pas uniquement de la décrire. Mais de la vivre sous toutes ses formes. Manque de sommeil, d'argent, de nourriture... L'auteur expérimentera les trois !
En France, d'abord, où après de longues journées sans trouver un emploi, il décrochera celui, harassant, de plongeur dans les restaurants parisiens. Travail précaire qu'il décrit dans toute son absurdité, son aliénation, et le tout dans l'absence de règles d'hygiène élémentaires.
« En résumé, plus on paie cher et plus on ingurgite de sueur et de salive en même temps que le plat commandé »
Il décrit également le fonctionnement de ce microcosme, les statuts et privilèges en fonction des postes occupés. Une hiérarchisation en système de castes, qui, à n'en pas douter, aura un rôle à jouer dans ses convictions socialistes à venir. Il dénonce ce luxe de façade, alors qu'en coulisse règnent chaos et marques d'irrespect qui font honte au genre humain.

En passant la Manche pour rejoindre Londres, il pense retrouver un semblant de dignité, mais il se retrouve plongé dans l'Enfer des asiles et du vagabondage. Une loi britannique ayant rendue interdite, la mendicité, des milliers de citoyens britanniques sont condamnés à errer sur les routes, ayant pour seule subsistance, le droit d'aller d'un asile à un autre pour passer une unique nuit dans des conditions d'hygiène déplorables. Une expérience qui fait écho à celle de Jack London, vingt ans plus tôt, retranscrite à merveille dans « le peuple d'en bas » (ou le peuple de l'abîme). Preuve accablante que malgré le compte-rendu alarmant de l'auteur américain, rien n'a été fait pour améliorer les conditions de vie de milliers de Britanniques.

« Dans la dèche à Paris et à Londres » est le premier des grands livres de George Orwell, un témoignage de jeunesse, une plongée anthropologique dans une réalité sociale, qui scelle dans la fatigue, la faim et dans la sueur ses futurs engagements politiques. Des luttes antifascistes jusqu'à la prémonition d'un monde qui fait de la négation de la dignité humaine son horizon indépassable.
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George Orwell nous plonge sans tabou ni fausse pudeur mais également sans pathos dans le monde des miséreux de Paris puis de Londres dans les années 20.
A la différence de bien des auteurs, il s'agit d'un témoignage vécu de l'intérieur, pendant de longs mois, non par choix mais du fait des allées de la vie.
L'auteur ne nous épargne aucun détail sordide mais nous fait découvrir un monde dont les membres semblent assumer leur sort dans (trop) essayer d'en sortir, s'étant comme résignés à se contenter de peu.
Le monde des sans-abris a sans nul doute beaucoup changé mais on peut se demander si une forme de résignation ne persiste pas, en dépit de tous les efforts de nos sociétés pour combattre ce type de misère.
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Down and Out in Paris and London was a great surprise for me because I thought I wouldn't like it when I decided to read it, it was for a school project so I was forced to take two book that are very different and I've never read a book like this before. But after reading both book this one ended up being my favourite of the two, it's a really interesting book that made you learn a lot on the author, every fan of George Orwell should read it.
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Cela fait de nombreuses années que je m'interroge sur la pertinence de me lancer dans la lecture de la ferme des animaux ou 1984. Pourquoi ? Parce qu'il est classique pour moi d'être déçu par les romans qu'un grand nombre de lecteurs adule. Alors, quand cet exemplaire de Dans la dèche à Paris et à Londres m'est tombé sous les yeux chez un bouquiniste, je me suis dit que c'était l'occasion de découvrir l'auteur sur un autre terrain que celui sur lequel tout le mon (ou presque) l'attend. Et bien m'en a pris.

Est-ce la meilleure oeuvre de l'auteur comme la quatrième de couverture prétend que Henry Miller l'aurait affirmé ? Je n'y apporterait pas crédit ; cet écrivain illustre n'étant réputé pour ses oeuvres de Science-Fiction. Je dirais simplement que c'est une autobiographie très intéressante de George Orwell démuni pendant la fin des années 20 et le début des années 30, à Paris puis à Londres. Moi qui ne suis pas fan des récits biographiques, je me suis plongé dans sa lecture et j'ai découvert une société de l'entre-deux-guerres qui est rarement celles décrite dans les films ou les romans. Pas de belles voitures, de grands hôtels. — Ah, si ! Mais la cuisine et la cave. — d'hippodromes et autres soirées dansantes.

En lisant cette biographie qui ne couvre que trois ou quatre ans de la vie de l'écrivain vous allez plonger dans le plus sordide des deux grandes métropoles.

En bref : À lire. Sans hésiter. Mais sans perdre de vue que c'est une autobiographie et non une fiction. La trame n'a rien d'épique, les personnes ne sont pas des héros. Alors, toi qui cherche l'aventure... passes ton chemin.

Est-ce que ce récit me donne envie de découvrir l'oeuvre de l'auteur ? Peut-être... si j'en trouve une édition sympa.
Lien : http://livres.gloubik.info/s..
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J'ai adoré cet essai, fait de collages de vies de prolétaires, de gens dans la dèche, à Paris et à Londres. J'ai failli lâcher lors du premier récit (scène de viol du point de vue de l'agresseur, horrible à lire). Mais cette forme documentaire donne la voix au peuple d'en bas, celui qui bosse pour les riches, les pleins de fric. Et le texte est beau.
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J'ai lu cet ouvrage après avoir dévoré tout le travail de l'auteur, et j'ai été émue par la misère décrite et vécue. Cette autobiographie se lit comme un reportage. La plume précise de George Orwell nous donne à voir et à sentir les métropoles de la fin des années 20 et leurs habitants les moins fortunés. Je ferme ce livre chamboulée et avec l'impression d'avoir voyagé dans le temps.
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