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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans chaque communauté, arrivent des intrus, se faufilent des inconnus, disparaissent des connus. En chaque homme ou femme, perdure une partie d'ombre, sournoise, perfide,cupide,honteuse ou violente, prête à surgir de la boite de Pandore à tout instant.
Amos Oz (romancier et journaliste Israélien récompensé par le prix Fémina étranger pour La boite noire, "partisan d'une solution d'un double état au conflit israélo-palestinien") campe le décor de ses nouvelles aigre-douces: Scènes de la vie villageoise dans le village "séculaire" et paisible (vu de l'extérieur) de Tel-Ilan.
Avec un sens exacerbé du détail descriptif (ex: Wolf Maftzir, l'inconnu sans gêne de la première nouvelle a de "rares cheveux filasses", une peau fripée"..comme un "jabot de dindon", de "longs bras de chimpanzé"... ce qui nous le rend antipathique dés le prime abord), Amos Oz, prend quelques figures de proue du village: la doctoresse, une enseignante et son père "ancien membre de la Knesset",un étudiant arabe,le maire,la fille d'un écrivain,un agent immobilier,la bibliothécaire,un adolescent perturbé,un couple dont le fils s'est suicidé,les membres d'une chorale...pour les mettre dans une situation déstabilisante.
C'est à qui rêve de liberté retrouvée en trouvant un moyen commode de se débarrasser d'un parent par trop encombrant,c'est à qui attend en vain, c'est à qui entend des bruits suspects,c'est à qui éjacule précocément par trop d'émotivité,c'est à qui veut s'approprier un bien pour le détruire et faire une affaire juteuse, c'est à qui voit un jeune nu et "bien membré" danser comme un fou sur la colline....c'est à qui voit les conséquences que de simples pensées entrainent et font émerger.
Bizarres, et glauques, ces nouvelles,pouvant être lues comme un roman laissent une impression de malaise sous-jacent. Chacun porte-til en lui "une présence rampant dans les ténèbres" semble interroger l'auteur si justement?
De quel côté se trouve le bien ou le mal? Juif ou arabe? Chacun a sans doute un peu des deux en lui sans distinction de race ni de religion.Celui qui pense à mal n'entend-il pas les bombardements siffler au-dessus de sa tête?
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Je ne suis pas un lecteur de nouvelles et ce genre ne se prête pas au résumé, mais ce recueil a les dimensions du roman. On y trouve la présence brute de la nature, des personnages solides et difficiles à inventer, le souci de la morale et de son usure, et de bonnes places pour l'humour et le mystère.
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«Scènes de vie villageoise» paru en 2009 (en 2010 pour la traduction française) fait vivre en sept nouvelles la communauté des habitants du village imaginaire de Tel-Ilan en Israël.

Malgré la nature accueillante qui l'entoure, avec ses vignes et ses grand cyprès, le village est le reflet de l'inquiétude, de la nostalgie et de l'incertitude qui assaillit les personnages du lieu. Sous l'effet de la spéculation immobilière, le village se transforme, il devient un lieu de villégiature bourgeois et une destination touristique avec ses caves à vin, ses galeries d'art, ses magasins d'artisanat et de produits agricoles haut de gamme. Les fermes désaffectées restant en déshérence sont les marques du temps qui passe et d'un monde finissant.

La chaleur écrasante, les jappements des chacals, les tirs sporadiques lointains, les aboiements nocturnes accroissent l'inquiétude, d'habitants désarmés face à des événements qui les déconcertent ou qui révèlent leurs failles, dont le cours de la vie devient tout à coup incertain, incompris.

Ainsi Gili Steiner, médecin du dispensaire, vieille fille compétente mais froide, attend à l'arrêt de bus son neveu Gideon. Celui-ci n'arrive pas, et son esprit vogue sur les souvenirs tendres ou les accrochages avec ce neveu qu'elle aime plus que tout au monde, tout en développant les angoisses de le savoir perdu.

On est aussi saisi par la duplicité et la sourde inquiétude de Yossi Sasson, agent immobilier du village, qui rêve de faire main basse sur l'immense demeure de la veuve d'un auteur reconnu d'ouvrages sur la Shoah, alors que Yardena, la fille de l'écrivain, l'entraîne, séductrice, à sa suite dans les recoins intimes de la vieille demeure.

Amos Oz mêle les émotions dans des courtes nouvelles comme un tisserand ; le désir, l'angoisse sans objet, l'étonnement douloureux et la mélancolie. La dernière nouvelle du recueil, « Ailleurs, dans un autre temps », nous emmène dans un village beaucoup plus sinistre, un cloaque, dans une atmosphère qui rappelle les Saisons de Maurice Pons, et nous laisse nous aussi dans l'incertitude.
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Kobi, jeune homme timide, cherche à avouer son amour à la bibliothécaire du village. Gili, médecin, attend son neveu qui doit arriver par le car, il n'est pas là mais n'est-ce pas son manteau à l'intérieur. Beni, le maire, ne comprend pas pourquoi sa femme est partie en laissant un mot :" Ne t'inquiète pas pour moi". Pessah, ancien membre de la Knesset, vieillard un peu acariâtre, vit avec sa fille Rachel et héberge à contre-coeur un jeune étudiant arabe. Yossi, agent immobilier, cherche à acquérir une des plus vieilles maisons du village mais la ravissante fille de la propropriétaire la lui fait gentiment visiter.

Tous les protagonistes de ces histoires habitent un village d'Israël et se croisent, se rencontrent, se côtoient tout au long de ces huit nouvelles. L'ensemble ressemble presque à un roman et me réconcilie avec le genre de la nouvelle que, je l'avoue, je n'aime pas trop... (oui je sais il y a d'excellentes nouvelles et parfois même j'en lis...). Depuis Une histoire d'amour et de ténèbres je suis une admiratrice transie d'Amos Oz donc une lectrice pas très objective, mais il faut reconnaître qu'il a un admirable talent de conteur. Quelques lignes suffisent à nous faire entrer dans le quotidien de ce village et nous en ressortons en ayant l'impression de quitter des voisins. La vie israélienne y est particulière car sont encore présentes les blessures du passé, notamment chez Pessah, mais elle est aussi universelle car la solitude, la tendresse, le désir et le douleur sont le quotidien de chacun...
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Attention, livre à réserver aux aventuriers de la lecture en quête d'atmosphère, de dépaysement, de style et de surprises, voire de bousculades.

Sept de ces huit 'Scènes de vie villageoise' sont situées dans un village centenaire, plus vieux que l'Etat d'Israël, dont la vie tranquille est perturbée par l'arrivée de citadins et la spéculation immobilière.

Chacune de ces nouvelles se concentre sur un ou plusieurs protagonistes. Elle commence à les décrire dans un quotidien réaliste, très évocateur, qui évolue rapidement vers du bizarre, voire du fantastique. Les chutes sont surprenantes, troublantes, presque brutales. Elles interpellent notre raison mais sont étrangement 'amorties' par une forme de continuité entre tous les textes : l'unité de lieu et la réapparition des personnages principaux en personnages secondaires des autres récits.

La huitième nouvelle traite toujours d'un village, mais "Ailleurs, dans un autre temps". Elle dépeint une situation décadente, effrayante, apocalyptique.

L'ensemble est une lecture extrêmement stimulante, sensoriellement, littérairement et intellectuellement, qui continue à agir une fois le livre fermé. J'ajouterais un mot pour la traduction, qui me semble excellente. Pour autant, est-ce une lecture plaisir? Je n'en suis pas sûre...
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Le reproche qui est souvent fait aux recueils de nouvelles est leur manque de cohésion, d'homogénéité. Reproche que l'on ne saurait faire à ce titre d'Amos Oz, dont les textes sont liés par un point commun qui les cimente en une habile et solide construction : le village de Tel-Ilan.

Chaque récit, qui s'attarde sur l'un de ses habitants, représente ainsi une facette de cette bourgade séculaire, environnée de champs, de vignes et de vergers, dominée par le Mont Manassé, dont les nuits apparemment paisibles sont parfois traversées du cri d'un chacal, ou du miaulement des chats errants fouillant les poubelles.
Une bourgade qui connait des mutations, devenant peu à peu un lieu de villégiature secondaire. Les étrangers, venus de la ville, y sont de plus en plus nombreux, créant une effervescence jusqu'alors inconnue de ce village où tout le monde se connaissait... le samedi, les voitures envahissent le centre. Quant aux natifs, si certains s'obstinent à vivre de l'agriculture, la plupart ont affermé leurs terres pour se reconvertir dans les chambres d'hôtes, les commerce ou les restaurants, quand ils ne travaillent pas à l'extérieur.

Comme en écho à ces évolutions, Amos Oz s'attarde entre autres, dans ces "Scènes de vie villageoise", sur les rapports qu'entretiennent ses personnages quadragénaires ou quinquagénaires avec des parents dont ils assument la charge, opposant cette responsabilité à la rupture du lien entre ces mêmes personnages et leurs propres enfants, avec lesquels ils n'ont quasiment plus de rapport..

Dans "Les héritiers", Arieh Zelnik, que sa femme a quitté trois ans auparavant, et qui n'a plus de contact avec ses grands enfants, a quitté l'obscurité paniquante de son appartement vide pour retourner vivre dans la maison familiale, auprès de sa mère, une sourde et taciturne nonagénaire. Il apprécie son environnement paisible et bucolique, mais se laisse aller à d'inavouables rêves éveillés, où, contraint de placer sa mère en établissement spécialisé, il pourrait accueillir une nouvelle jeune et belle épouse... Un importun se prétendant de sa famille, dégingandé et mal fagoté mais très sûr de lui et d'un enthousiasme intrusif, fait un jour irruption dans son jardin...

"Les proches" met en scène le médecin de Tel-Ilan, Gili Steiner, vieille fille maigre et sèche, venue attendre à l'arrêt de bus du village son neveu Gideon, fils de la soeur avec laquelle elle est fâchée, et qui arrive de Tel Aviv. Elle aime plus que quiconque au monde ce jeune homme distrait et silencieux, qui fut un enfant indolent et rêveur, avec lequel s'est instauré, au fil de ses "séjours à la campagne", une relation profonde. Mais le bus arrive, et Gideon n'en descend pas...

On passera ensuite un moment avec Pessah Kedem, ex-député, vieillard bossu, aigri et râleur, hostile à la modernité, sa fille Rachel, professeur et jolie veuve de quarante-cinq chez laquelle il est hébergée, et Adel, un jeune étudiant ayant interrompu ses études pour se consacrer à un ouvrage comparant la vie de villages arabe et juif, qui loue une chambre chez les Kedem, et que Pessah traite avec une méprisante hostilité.
Depuis quelque temps, le père de Rachel se plaint d'entendre chaque nuit creuser dans les fondations de leur maison...

Dans "Perdre" puis "Attendre", ce sont respectivement l'agent immobilier puis le maire du village qui sont mis en scène. le premier est ravi de recevoir l'appel de la veuve du célèbre écrivain du village Eldad Rubin, dont il convoitait jusqu'à présent en vain la vieille maison décrépite et tarabiscotée, datant de la création du village, qu'il souhaite détruire pour en revendre le terrain. Mme Rubin a surement changer d'avis... Se rendant sur place pour se le faire confirmer, il est accueilli par la fille du défunt écrivain.
Le second reçoit quant à lui un message moins réjouissant, porté par Adel (le jeune arabe hébergé chez Rachel), qui ayant croisé la femme du maire, s'est vu remettre un billet dans lequel elle invite son époux à ne pas s'inquiéter pour elle...

Après un épisode ("Les étrangers") évoquant la passion sans espoir du frêle et sensible Kobi Ezra, âgé de dix-sept ans, pour la bibliothécaire du village, une trentenaire divorcée, potelée et chaleureuse, "Chanter" regroupe plusieurs des protagonistes rencontrés dans les textes précédents, réunis pour leur répétition mensuelle chez un couple d'amis dont la femme s'occupe de la chorale de Tel-Ilan. Une information entendue à la radio, annonçant la réussite d'une mission militaire israélienne, y est commentée, suscitant des réactions contradictoires.

Je passe sur le dernier texte, d'un glauque oppressant, dont je n'ai surtout pas compris le lien avec le reste du recueil.

J'ai beaucoup apprécié cette balade à Tel-Ilan, l'auteur nous rendant certains de ses lieux familiers, en les évoquant dans plusieurs des nouvelles, tel le Parc du souvenir, square que l'on traverse, dans lequel on fait de curieuses rencontres, sur les bancs duquel on s'assoit... mais ce qui m'a sans doute emballée le plus, c'est l'étrangeté de l'atmosphère dont il colore son recueil, lançant d'inquiétantes énigmes dont il livre rarement la clé, concluant ses textes par des portes laissées ouvertes sur un mystère dont le lecteur n'a plus qu'à imaginer la nature. Certains de ses personnages sont pris de l'inexplicable et pressant sentiments d'être investis d'une mission cruciale dont ils ignorent les modalités et l'objectif, d'autres vivent des événements troublants, inquiétants, et à la limite du surnaturel...

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Scènes de vie pas si ordinaires si l'on y songe, dans un village endormi d'Israël. Des histoires a priori sans queue ni tête mais qui finissent par dessiner un portrait doux-amer de la société israélienne. Cette suite de petits récits entre nouvelles et roman, comme tous livres d'Amoz Oz, est un véritable régal..
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Si le terme de littérarure intimiste a encore un sens, il s'applique parfaitement à ce recueil de nouvelles... Tchekov en Israel
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SCÈNES DE VIE VILLAGEOISES d' AMOS OZ
Cet écrivain israélien décédé en décembre dernier a produit beaucoup de nouvelles qui se passent souvent au même endroit avec des personnages que l'on retrouve et tout ceci finit par faire une sorte de roman. C'est le cas pour ce livre plein de charme.
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Oui ce recueil de nouvelles était épatant..épatant...
ça a valeur de témoignage sur le Proche-Orient, ça permet de comprendre la situation actuelle. Cette haine qui est là, entre juifs et arabes, au quotidien, enfin dans une des nouvelles, c'est un état des lieux qui laisse entrevoir le marasme de la situation. C'est ce qui m'a le plus intéressé, c'est ça, ces "scènes de la vie villageoise". ça intéresse le lecteur, ça lui donne envie de voyager en Israël.
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