Le passé se révèle incommunicable entre ceux qui s'aiment,car l'amour vivant conserve les moments partagés,si lointains soient-ils,dans une autre dimension.
A moins d'être un génie,on n'est jamais seul à penser ce que l'on pense, on n'invente rien,on attrape une idée qui flotte dans l'air.C'est une affaire de télépathie,de souplesse.Pour le style,c'est différent.Le style est donné en propre,en grâce,à celui qui le reçoit.
Le coeur décidait-il de battre, d'envoyer du sang au corps et à la tête ? Nous, c'était pareil, nous avions vécu en battant d'un même coeur, nous n'avions rien choisi, rien décidé, on ne pouvait pas appeler ça donner.
Restent les facilités que nous nous sommes accordées pendant toutes ces années, Ava et moi. De nous être quittés, nous nous sommes toujours retrouvés. J'aimerais n'avoir aucun doute sur la question : nous remarcherons ensemble dans les rues du temps.
Pourquoi appelais je Ava dès qu'un son, une voix m'avait ému?
Ava s'entendait toujours mieux avec les mots qu'avec les vivants.
C'étaient les années quatre-vingt, "les années fric" comme on a décidé de s'en souvenir aujourd'hui. Un racheteur d'entreprise à tête de clébard, un présient qui sentait le renard, une génération qui se prétendait "morale" pour mieux cacher sa vilénie.
Aujourd'hui les dimensions de liberté, d'intimité et de mystère, essentielles au rapport amoureux comme à la vie de tous les jours, ont pratiquement disparu. Beaucoup de gens sont trop abîmés pour aimer qui que ce soit. Ils fantasment l'amour sans le vivre. l'amour reste l'exception quand la loi commune est le néant.
Aujourd'hui les dimensions de liberté, d'intimité et de mystère, essentielles aqu rapport amoureux comme à la vie de tous les jours, ont pratiquement dispariue. Beazcoup de gens sont trop abîmés pour aimer qui que ce soit
Cela dit, la conscience morale naît peut-être de la sensation que les yeux des défunts se posent sur nous. La gêne engendrée par certaines pensées, certains gestes procède peut-être du sentiment que les morts nous surplombent, nous observent. Ils ne sont pas toujours sur notre dos, ils ne nous trouvent pas forcément dignes d'intérêt, mais quand l'envie leur en prend, ils peuvent nous voir nus, dans nos gloires et nos faiblesses.