Dès le début de notre histoire, nous avions recensé nos différences, préempté nos espaces intimes, nos temps personnels. Nos égoïsmes se respectaient. Le réglage de nos solitudes s'opérait dans une anarchie naturelle, heureuse, en marge des lois communes aux autres couples. Les soupçons, les jalousies ne passaient pas sur nous.
On pouvait aussi s'asseoir dos au mur sur mon lit, dans le carré poussiéreux qui me servait de chambre. C'était encore ce qu'il y avait de plus confortable pour deviser. Au matin, je la trouvais endormie sur moi comme un koala sur sa branche.
En général, il n'y a pas d'amour heureux. L'amour est inquiet, mendiant, il devient vite un droit à tyranniser l'autre.
Dans le style ludion monté sur ressorts, elle était plutôt réussie. ( ... ) Elle crépitait de classe et de bonté.
Le vide laissé par le départ d’Ava est aux dimensions du temps que nous avons passé ensemble. Je la pleure parce que je l’aimais, mais aussi parce qu’elle m’aimait. Ce que je sais d’elle aujourd’hui ne me sert plus à rien et ce qu’elle savait de moi va me manquer. Par son départ, une possibilité de mieux me connaître m’est enlevée. Ce que je sais désormais, c’est qu’Ava était la femme de ma vie. Le constat est effroyable, mais son évidence m’arrache au moins le sourire de la vérité.
La vie est un rêve dont on se réveille mort.
Cette fabuleuse complicité n'était pas seulement l'oeuvre de l'amour. Nous étions unis par autre chose, un accord gémellaire, un principe à la fois complice et concurrent qui nous neutralisaient, nous empêchaient de déployer toute la vie que nous aurions dû vivre à deux.
j'avais déjà rencontré Ava, j'étais dans son orbite. Toute vie est soumise aux lois de l'attraction. Ava aura polarisé la mienne très tôt, à un âge où certains corps sont très sensibles à la lumières.
Dès le debut de notre histoire, nous avions recensé nos différences, préempté nos espaces intimes, nos temps personnels. Nos égoïsmes se respectaient. Le réglage de nos solitudes s'opérait dans une anarchie naturelle, heureuse, en marge des lois communes aux autres couples. Les soupçons, les jalousies ne passaient pas sur nous. Souvent, quand on aime, on a beau étreindre l'autre, lui parler toujours, il vous manque encore. Donner sa peau ou ses mots ne change rien. En général, il n'y a pas d'amour heureux. L'amour est inquiet, mendiant, il devient vite un droit à tyraniser l'autre. Nous, nous étions toujours riches de nous voir, dans un bonheur limpide et confiant. Nous nous aimions sans peur et sans reproche, sans éprouver le besoin de nous le dire. On se foutait la paix avec l'amour.
nos noms débutaient par la même lettre, nous étions réunis par l'alphabet.